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Roman

Le temps de la haine, Rosa Montero (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 31 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Espagne, Métailié

Le temps de la haine, septembre 2019, trad. espagnol Myriam Chirousse, 368 pages, 22 € . Ecrivain(s): Rosa Montero Edition: Métailié

 

Troisième tome de la trilogie qui met en scène la réplicante (ou cyborg) Bruna Husky, après Des larmes sous la pluie et Le poids du cœur, ce roman de science-fiction semble appartenir à la lignée du film de Ridley Scott, Blade Runner (1982), inspiré du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1966) de Philip K. Dick.

Quelques problèmes sociétaux de notre XXIe siècle sont transposés sur la planète Terre de 2110, elle-même entourée d’autres planètes où la vie est possible, comme Cosmos ou Cérès : les inégalités sociales, la concurrence humains-réplicants, ces derniers parfois accusés de voler « leur travail aux humains », la pollution galopante, la lutte contre la privatisation de la production-consommation d’air sain et d’eau potable, la violence des mouvements terroristes…

Des larmes sous la pluie, Rosa Montero (par Marc Ossorguine)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 29 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Métailié

Des larmes sous la pluie (Lágrimas en la lluvia, 2011) trad. espagnol Myriam Chirousse, 416 pages, 21 € . Ecrivain(s): Rosa Montero Edition: Métailié

 

Il existe une catégorisation des livres, ce qu’on appelle les genres littéraires, qui est bien pratique pour les bibliothèques, les libraires et les éditeurs, mais qui cloisonnent parfois nos lectures, nous organisent les lecteurs en « communautés » ou en « groupes cibles » pas forcément judicieux ni très intéressants. J’ai pu le constater : dès que l’ombre de la Science Fiction apparaît lorsque l’on essaye de présenter ce récent opus de Rosa Montero que sont Des larmes sous la pluie, certains lecteurs peuvent choisir de passer leur chemin, d’autres livres les attendant dans d’autres mondes. Un coup d’œil sur la quatrième de couverture, une moue dubitative, sceptique, et le livre est mis à l’écart, reposé sur sa table ou son présentoir. Le goût de chacun est bien sûr tout à fait légitime, mais il devient plus préjudiciable lorsqu’il risque de nous priver, a priori, de belles lectures et de réelles découvertes. Heureusement, il se trouve aussi des auteurs qui défient la classification des genres, qui la débordent au risque de dérouter leur éditeur et ses commerciaux, de perturber les revues et leurs critiques littéraires, voire de décevoir leur lectorat habituel. Rosa Montero est un de ces auteurs qui d’un roman à l’autre, d’un livre à l’autre, joue avec les genres et les conventions : SF, polar, roman historique, chroniques…

Virginia, Emmanuelle Favier (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 29 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

Virginia, Emmanuelle Favier, août 2019, 296 pages, 19,90 € Edition: Albin Michel

 

Emmanuelle Favier, autrice d’un premier roman, Le courage qu’il faut aux rivières, signe là un livre singulier, d’une lecture exigeante certes, mais qui aura une place dans nos bibliothèques. Ce roman, mais est-ce vraiment un roman, est une subjectivité, crédible en raison d’une écriture à laquelle on ne peut rester indifférent, et propose donc de suivre Virginia Woolf depuis sa naissance, et antérieurement, jusqu’en 1904.

Virginia Woolf est née en 1882 dans une famille qu’on dirait aujourd’hui recomposée, non pas en raison de divorces mais de veuvage. Une famille bourgeoise, de l’ère victorienne, dans ce Londres de fin de siècle, près de Hyde Park, qui vit dans un manoir sombre, dont on imagine sans peine les boiseries et une esthétique plutôt austère, c’est en tout cas ce que révèlent les descriptions d’Emmanuelle Favier. Cette austérité sera compensée par les séjours estivaux en Cornouailles, dont elle conservera des souvenirs qui accentueront le contraste des deux univers.

C’est en 1891 que Ginia, l’un de ses surnoms, devient Miss Jan, son nom d’autrice. Une première tentative d’écriture avec ce journal intitulé Hyde Park Gate News, aidée en cela par sa sœur Vanessa.

L’imitation de Bartleby, Julien Battesti (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

L’imitation de Bartleby, Julien Battesti, octobre 2019, 128 pages, 12 € Edition: Gallimard

 

« Comment ne pas voir que chaque ouvrage théologique était un exemplaire de ce grand “livre sur rien” que les écrivains les plus ambitieux convoitaient ? Je n’ai jamais jugé utile de dire à mes professeurs que j’envisageais la théologie comme un genre littéraire car de la littérature, encore aujourd’hui, je n’attends pas moins que la résurrection et la vie éternelle ».

L’Imitation de Bartleby possède le pouvoir romanesque de faire se lever les morts du néant où on les a abandonnés. De faire entendre des voix, celle de Bartleby, le scribe de Melville, I would prefer not to, qui irrigue toujours les admirateurs de l’éblouissant aventurier de Manhattan et des îles du Pacifique. I would prefer not to, qui peut vouloir dire Je préférerais ne pas, Jean-Yves Lacroix, ou encore Je préférerais n’en rien faire, mais aussi J’aimerais mieux pas, sous le regard cette fois de Michèle Causse, l’autre voix que fait entendre Julien Battesti, l’écrivain inspiré. Une voix et un visage accompagnent ce roman, gracieusement composé. L’imitation de Bartleby est un roman visité, habité par Melville et Michèle Causse.

Plateau, Franck Bouysse (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 24 Octobre 2019. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Manufacture de livres

Plateau, 304 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Franck Bouysse Edition: La Manufacture de livres

 

Bouysse, que plusieurs romans ont mis à l’honneur ces dernières années, n’est pas seulement un fabuleux raconteur d’histoires (dans le droit fil de certains Américains doués comme Vann), mais aussi et surtout un écrivain styliste qui maîtrise ses instruments et qui rejoindrait, si ce n’est pas minimiser l’importance de l’un et de l’autre, Serge Joncour, par cette manière sensible de coudre le réel à force de mots forts et d’un ton à nul autre pareil.

Plateau réussit à emporter la mise par la description insigne d’un univers sensible, cette ruralité à fleur de peau qui semble sourdre de la moindre phrase, faite de tâches triviales, d’attente, de bêtes que l’on soigne et de personnages remisés dans leur passé et qui mettent tout leur saoul à en découdre avec les aléas, les mystères, la vie.

Prenez Virgile, paysan au long cours, qui n’a pas eu un lien facile avec le métier. Prenez Georges, dont les parents sont morts tôt, et qui a été recueilli par son oncle Virgile et sa tante Judith, peu à peu perdue dans son monde à cause de l’âge.