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Récits

Fausses pelles, Benoît Decock

Ecrit par Jean Durry , le Lundi, 25 Septembre 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Fausses pelles, éditions Salto, 2016, 142 pages, 16 € . Ecrivain(s): Benoît Decock

 

Fausses pelles : l’aviron échappe au rameur, le rythme est totalement perturbé sinon rompu, la cadence sera dure à reprendre ; et si cette infortune advient le plus souvent aux débutants, elle peut freiner net des équipages confirmés.

Rassurons d’emblée le lecteur potentiel, cette bourde calamiteuse n’est ici qu’un titre trompeur. Car Benoît Decock, au fil de la rivière, ou du plan d’eau et de cette trentaine de courtes variations, a su avec finesse, en usant des termes spécifiques appropriés, revenir au ponton d’embarquement.

Les entraînements dans la nuit qui tombe, les progrès, le temps des compétitions, le hangar à bateaux, les exigences et les moments si heureux, les équipiers, la figure tutélaire de l’entraîneur, l’année où l’on décide bon gré mal gré d’arrêter le jeu : tout cela est délicatement exprimé.

Le mythe de la vache sacrée, La condition animale en Inde, Florence Burgat

Ecrit par Zoe Tisset , le Mercredi, 20 Septembre 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Rivages poche, Voyages

Le mythe de la vache sacrée, La condition animale en Inde, mai 2017, 296 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Florence Burgat Edition: Rivages poche

 

Florence Burgat, en mission en Inde, visite différents lieux en rapport avec la « protection » des animaux : hospices, hôpitaux, abattoirs… Elle tient un journal dans lequel elle recollecte à la fois ses impressions personnelles sur l’Inde en général et mène une réflexion sur la condition animale en Inde.

« La vie est là, pêle-mêle et jetée, celle des gens et celle des chiens, dans le vacarme d’une activité incessante. La dévastation des paysages alentours, les constructions abandonnées, la saleté et le délabrement des bâtiments, l’absence de trottoirs, les déchets à ciel ouvert, donnent l’impression d’une ville qui, après avoir été longtemps inoccupée, aurait de nouveau été investie sans plan ».

Ainsi décrit-elle New Delhi en 1998. Elle explique dans ce livre comment notre rapport à l’animal est éminemment culturel et religieux. Ainsi les musulmans refusent d’endormir les animaux avant de les abattre, ils doivent être pleinement conscients. Le travail d’abattage se fait en Inde par les basses castes. Tout au long du livre, elle dénonce

Italies Fabulae, Angèle Paoli

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 15 Septembre 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Voyages, Al Manar

Italies Fabulae, juin 2017, 94 pages, 18 € . Ecrivain(s): Angèle Paoli Edition: Al Manar

 

Qu’il est plaisant de se remémorer les nombreuses Italies que l’on a pu vivre, aimer, tissées d’amours de voyages, d’amitiés croisées !

Angèle Paoli rameute le souvenir d’Alfea : « elle portait un prénom étrange qui la rendait inaccessible ». A Syracuse, « a surgi le visage d’Alfea », c’était beaucoup plus tard, dans un autre souvenir, précieusement revisité, précautionneusement conservé.

Les récits, mêlés de mythologies personnelles et inaltérables, traversés de voix (Mona), guident le lecteur dans l’histoire toute « embroussaillée » de mémoires, de pas, ceux des périples, ceux-là même du temps qui grouille sous le front de la voyageuse qu’est Angèle, Canarienne du Cap Corse, que l’environnement de mer, de roches, de villages perchés, nourrit, au-delà des incursions italiennes.

La France en automobile, Edith Wharton

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 13 Septembre 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard), Voyages

La France en automobile, préface Julian Barnes, trad. américain Jean Pavans, 224 pages, 7,20 € . Ecrivain(s): Edith Wharton Edition: Folio (Gallimard)

 

On connaissait Edith Wharton romancière, auteure des intrigues des riches New-Yorkais du tournant du XXe siècle. On connaissait moins l’Edith Wharton touriste littéraire, amoureuse de la France et sillonnant les routes des provinces françaises avec son mari Teddy, parfois accompagnée du fidèle ami et écrivain Henry James. En effet, publié aux Etats-Unis en 1908 avec succès, La France en automobile n’avait jamais été traduit en français. C’est maintenant chose faite, et l’on se régale de ce voyage en terre de France, au volant d’une Panhard et Levassor 15hp achetée d’occasion à Londres et conduite allègrement par un chauffeur.

Wharton se promène d’abord de Boulogne à Amiens, Beauvais et Rouen, de Rouen à Fontainebleau, le long de la Loire et de l’Indre, de Nohant à Clermont, en Auvergne, de Royat jusqu’à Bourges, puis dans une deuxième partie, de Paris à Poitiers, de Poitiers aux Pyrénées, des Pyrénées vers la Provence, du Rhône à la Seine et enfin, dans une troisième partie, fait une excursion dans le Nord-Est de la France. Chacun, en fonction de ses attaches régionales, y trouvera son plaisir.

Encore vivant, Pierre Souchon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 01 Septembre 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, La Brune (Le Rouergue)

Encore vivant, août 2017, 248 pages, 19, 80 € . Ecrivain(s): Pierre Souchon Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

Sempervirens, encore vivant, dit le latin, pour ce plus que curieux arbuste – un chêne vert – poussant comme épiphyte sur le tronc du séquoia, au milieu de la garrigue. Bizarre, comme tout l’est dans ce livre-récit, car Pierre, celui qui parle, l’est. Tenace, pour autant comme l’arbrisseau, comme Pierre.

Il est reconnu – étiqueté – « Bipolaire type 1 ; diagnostic tardif après cinq ans d’alternance de phases dépressives, libres, hypomaniaques ». Ses crises maniaques s’entrecroisent – on n’oserait dire, s’enrichissent de délires paranoïaques :

« Je suis en enfer, et les autres peuvent revenir… j’ai besoin de protection ; pas loin, il y a la statue de Jean Jaurès… je mange mon buis, perché sur ma statue… on est le 7 Janvier à Montpellier… avec Jaurès on se bidonne ; on les a bien eus. Ils repartent ».

Des hospitalisations en HP, comme d’autres iraient au marché, pile régulières, à chaque négligence du traitement de cheval – un rituel parmi d’autres. Il est jeune, celui qui nous parle ; avenir prometteur dans le journalisme ; vient d’épouser, lui, le péri communiste, une fille de la haute du faubourg Saint Germain, « au digestif, mon beau-père s’est déclaré déçu par Sarkozy ».