Fausses pelles, Benoît Decock
Fausses pelles, éditions Salto, 2016, 142 pages, 16 €
Ecrivain(s): Benoît Decock
Fausses pelles : l’aviron échappe au rameur, le rythme est totalement perturbé sinon rompu, la cadence sera dure à reprendre ; et si cette infortune advient le plus souvent aux débutants, elle peut freiner net des équipages confirmés.
Rassurons d’emblée le lecteur potentiel, cette bourde calamiteuse n’est ici qu’un titre trompeur. Car Benoît Decock, au fil de la rivière, ou du plan d’eau et de cette trentaine de courtes variations, a su avec finesse, en usant des termes spécifiques appropriés, revenir au ponton d’embarquement.
Les entraînements dans la nuit qui tombe, les progrès, le temps des compétitions, le hangar à bateaux, les exigences et les moments si heureux, les équipiers, la figure tutélaire de l’entraîneur, l’année où l’on décide bon gré mal gré d’arrêter le jeu : tout cela est délicatement exprimé.
Ainsi de cette « Finale E », celle des plus faibles, où « à l’appel, notre bateau fut… le seul » à s’aligner dans sa ligne d’eau, les cinq autres équipages n’ayant pas daigné se présenter ; ce qui n’empêcha pas ces deux kilomètres, tout du long vigoureusement stimulés par la voix d’un suiveur inespéré, de s’avérer la plus véridique et enrichissante des initiations ; « Bravo les gars, vous avez été des guerriers, [c’était] une course de champions ! Travaillez bien et à l’année prochaine ! ».
Jean Durry
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