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Récits

Paris par cœur, Ludovic Janvier

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 10 Septembre 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard

Paris par cœur, mars 2016, 352 pages, 19 € . Ecrivain(s): Ludovic Janvier Edition: Fayard

 

Dix-neuf livres publiés de 1964 à 2016 : le parcours du romancier, essayiste et poète Ludovic Janvier l’aura conduit à écrire sur Beckett (deux essais), à nourrir nombre de poèmes pour des livres parus chez Seghers, Gallimard, à évoquer aussi son amour d’autres auteurs comme il le fit pour présenter Pavese et son Bel été (comment oublier ses phrases en 4e de couverture du volume de la collection L’Imaginaire : « L’art de Pavese est de travailler une matière tout en éclats, les éclats douloureux de l’unité mythique à jamais perdue » ?).

Son ultime livre est un hommage à Paris, tout en éclats aussi. Oui, dernier livre de son auteur, puisqu’il nous a quittés, en ce 18 janvier 2016. Paris par cœur ou 273 manières de l’aborder, selon l’abécédaire classique. Mais rien de moins classique, ici, dans les évocations, ni dans les quelques enluminures qui s’insèrent dans la trame de l’ouvrage : citations de poèmes et/ou de chansons chéris par l’auteur (Piaf, Souchon, Fargue, Apollinaire, Carco etc.)

Les forêts de Ravel, Michel Bernard

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 07 Septembre 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, La Table Ronde

Les forêts de Ravel, janvier 2015, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Michel Bernard Edition: La Table Ronde

 

Ravel, petit homme élégant et racé, a désespéré longtemps de ne pouvoir servir la France sur le front de ses guerres quand, finalement au printemps 1916, il parvient à se faire engager volontaire dans les artilleurs où il sera conducteur d’ambulance de l’armée française. Il a quarante-et-un ans.

C’est dans une prose élégante et fine que Michel Bernard retrace ce parcours des deux années de la vie du « grand » homme et musicien que l’on connaît.

« Il partit un matin d’avril 1916, au volant de sa camionnette, le casque sur la tête et le masque à gaz à portée de main, sur la route nationale de Bar-le-Duc et Verdun ».

On suit les routes et les chemins, les lieux traversés, les hommes croisés avec un Ravel non pas fasciné mais curieux de cette guerre, de ses trajectoires, courageux sans nul doute, généreux au-delà de tout avec ceux qui vont au combat, humaniste et, patient « comme un militaire », ne s’économisant jamais. Se sentir utile, il en avait besoin, en conduisant ces hommes broyés par la canonnade, lui pourtant déjà musicien célèbre.

Ils étaient un seul homme, Daniel James Brown

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 25 Août 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Histoire

Ils étaient un seul homme, traduit de l’américain par Grégory Martin La Librairie Vuibert, 463 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Daniel James Brown

 

La vie et le destin d’un homme. L’essence et le sens du sport. La trame de l’histoire. Un grand livre. C’est pourquoi le « Bulletin Critique du Livre » en français n’ayant lié en quelque sorte sa pérennité à La Cause Littéraire qu’en ce début de 2016, j’ai néanmoins tenu à ce qu’y prenne toute sa place le roman de D. J. Brown, The Boys in the Boat, paru chez Viking à New-York en 2013, et heureusement publié en français en avril 2014.

« Il faisait gris à Seattle (tout « en haut » de la côte Ouest des Etats-Unis, à proximité immédiate du Canada) ce lundi 9 octobre 1933 ». Mais on pourrait aussi partir du mois de mars 1914, naissance de Joe Rantz, partir de son enfance et de son adolescence si proches de la nature, durement marquées par la mort prématurée (1918) de sa mère et les conséquences du remariage de son père, Harry. Ce jour, devant le hangar à bateaux, il n’est que l’un des 175 « freshmen » – étudiants de première année – novices venus s’inscrire pour tenter leur chance d’accéder au « huit » de leur promotion. En cette Amérique plongée depuis le jeudi noir de 1929 dans une terrible crise économique, Joe pauvrement vêtu – et pour cause – sait bien qu’être retenu dans l’équipe, un barreur, huit rameurs, lui permettrait de surnager et d’aider à couvrir les frais de son année de scolarité.

La solitude du Quetzal Echappée au Guatemala, Jacky Essirard

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 09 Juillet 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Voyages

La solitude du Quetzal Echappée au Guatemala, éd. Yovana, juin 2016, 132 pages, 15 € . Ecrivain(s): Jacky Essirard

 

Fuir là-bas, fuir écrivait Mallarmé dans sa célèbre Brise marine. C’est en effet souvent le désir de fuir qui provoque nos départs pour d’autres coins du monde, d’autres cieux et d’autres odeurs. C’est cette fuite de soi et de son histoire qui poussa l’auteur à faire le voyage pour ce pays de volcans et de vestiges mayas qu’est le Guatemala. Même lorsque l’on peut prétendre ne pas aimer les voyages et les explorateurs (1), il y a souvent un espoir imaginaire, ou un espoir d’imaginaire qui nous pousse en avant, toujours plus loin, toujours ailleurs.

Ici c’est une rupture amoureuse qui sera le déclencheur du grand voyage, de l’espoir du grand voyage au-delà des mers. Il y aura aussi un guide, grand voyageur de mots et découvreur de mondes, intérieurs autant que réels, en la personne du poète Henri Michaux et de son Ecuador (1929). Nous voilà bien loin du « routard » qui, fort du guide du même nom (ou de son Lonely Planet s’il est anglophone), entreprend de « se faire le Guatemala », de dérober quelques images à épingler sur un quelconque mur, virtuel ou réel. Sans emballements ou enthousiasme convenus, voire avec une certaine désillusion, Jacky Essirard contemple ce monde d’ailleurs qui vit sa vie, ordinaire, sans mises-en-scènes photogéniques, sans faire le spectacle, sans misérabilisme déplacé. Plutôt indifférent à ce voyageur semblable à beaucoup d’autres.

Et tout s’effondre Journal du camp de Vught, Klaartje de Zwarte-Walvisch

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Samedi, 09 Juillet 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Et tout s’effondre Journal du camp de Vught, Klaartje de Zwarte-Walvisch, traduit du néerlandais par Mireille Cohendy, Editions Notes de nuit, juin 2016, 182 pages, 18 € . Ecrivain(s): Klaartje de Zwarte-Walvisch

 

Klaartje de Zwarte-Walvisch est une sorte d’Anne Franck. Comme elle, elle vécut à Amsterdam et fut condamnée à mort par la barbarie nazie. D’elle, il ne reste rien ou presque. Juste quelques photographies et surtout son journal. La couturière néerlandaise qui ne s’était pas fait enregistrer en tant que juive comme la loi l’exigeait, et qui commit l’erreur de ne pas entrer en clandestinité, fut arrêtée avec son mari en mars 1943 : elle mourut à Sobibor en Pologne.

Son journal part du jour de son arrestation jusqu’à celui où elle quitte la Hollande pour la Pologne. L’auteur y décrit la vie au camp de Vught où seront détenus 12000 juifs. Ce sont d’abord les enfants du camp qui partent à Sobibor. Klaartje de Zwarte-Walvisch décrit – entre autres – cet événement qui fait trembler d’effroi tout le camp : « Nous ne pouvions le concevoir. S’est-il jamais passé une chose pareille dans le monde ? Qu’est-ce que cela signifiait ? ». L’auteur n’a pas d’illusion sur la réponse.