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Récits

Encore un tour autour de la vie, Chroniques napolitaines III, Jean-Noël Schifano

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 19 Avril 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Encore un tour autour de la vie, Chroniques napolitaines III, avril 2016, 192 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Noël Schifano Edition: Gallimard

 

L’auteur français (né en 1947, d’un père sicilien et d’une mère lyonnaise), devenu citoyen de la ville de Naples, dont il est l’un des meilleurs connaisseurs, où il a vécu, écrit, traduit, senti toute cette matière de ville, en restitue, une fois de plus, ici, dans ce quatorzième livre depuis 1981, la magie, le bouillonnement, le baroque, la violence comme la sensualité la plus gourmande. Du premier essai sur Naples (Seuil) en passant par des romans, des recueils de lectures et d’entretiens (Désir d’Italie, Folio essais n°61, 1996) et un volumineux et fécond Dictionnaire amoureux de Naples (Plon, 2007, Schifano ne peut décemment sortir de cette inspirante ville. L’obsédante compagne nourrit encore et encore.

Comme dans le premier Chroniques napolitaines (Gallimard, 1984), l’italianiste réputé part d’archives pour conter, à sa manière, riche, bouillonnante, haute en images fortes, colorées, une Naples qui ne soit pas seulement celle que l’histoire, la Grande, les rumeurs, les clichés moulent dans une topographie imaginaire assez réductrice, mais une ville qui bout de vie, d’érotisme, d’imagination, de délire, très loin des images toutes faites.

6 minutes 23 séparent l’enfer du paradis, François Suchel

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 06 Avril 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Voyages

6 minutes 23 séparent l’enfer du paradis, éd. Paulsen, janvier 2016, 224 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): François Suchel

 

 

« Dans une époque en quête d’exotisme, l’avion est une lance jetée vers les palmiers ». Prendre l’avion est aujourd’hui un acte banal pour la plupart d’entre nous. Et nous savons tous que c’est le moyen de transport le plus fiable, même si de temps en temps quelques accidents dramatiques viennent doucher notre confiance. François Suchel, commandant de bord à Air France, dit que c’est pour « dédramatiser » qu’il a écrit ce livre, pour donner à comprendre le quotidien d’un pilote, y compris quand un grain de sable transforme un vol en aventure. Pas sûr que cette lecture apporte une guérison à ceux qui en auraient besoin. D’ailleurs ça n’est pas le propos principal. Il ne s’agit pas seulement de récits techniques, même si parfois le lecteur ne comprendra peut-être plus si l’avion a la tête en bas ou non ; l’auteur n’est pas seulement pilote, mais aussi photographe et écrivain. Et dans son cockpit, poète.

Journaux de bord (1947-1954), Jack Kerouac

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 18 Mars 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Gallimard, Voyages

Journaux de bord (1947-1954), édition de Douglas Brinkley, trad. anglais (USA) Pierre Guglielmina, novembre 2015, 592 pages, 29,50 € . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: Gallimard

 

« À vouloir croire la conscience de la vie et de l’éternité n’est pas une erreur, ou le fruit d’un isolement… – mais d’un amour ardent et précieux de notre pauvre condition qui, par la grâce de Dieu de Mystère, sera résolu et éclairé pour nous tous à la fin seulement, peut-être…

Sans quoi je ne peux plus vivre ».

 

Les Journaux de bord de Jack Kerouac, écrits sur une série de cahiers, sont les négatifs d’un voyage qui permet à son auteur de rester en contact avec toutes les choses, les êtres qu’il croise pendant son chemin. D’approfondir les mondes du possible dans l’obstination d’un travail quotidien, avec pour seule tentation la maîtrise de sa propre vanité.

Marie Curie prend un amant, Irène Frain

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 11 Février 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Seuil

Marie Curie prend un amant, octobre 2015, 368 pages, 21 € . Ecrivain(s): Irène Frain Edition: Seuil

 

A mi-chemin entre l’enquête historique et sociologique et le récit empathique, qui établit des passerelles entre les trous de l’histoire, l’ouvrage d’Irène Frain s’attache aux années de la vie de Marie Curie où, après la mort accidentelle de son époux Pierre et après l’obtention de son premier prix Nobel, de physique, pour leurs travaux communs, celle qu’on appelait « la veuve illustre » vit une passion amoureuse avec le phycisien Paul Langevin. Cette liaison secrète, qui vira au scandale parce que Paul était marié, s’étendit probablement de 1910 à 1912, année où la société et la morale les forcèrent à interrompre leur histoire d’amour. Au début du XXe siècle, l’adultère était un délit et, en raison de la célébrité des amants, l’affaire de cœur menaça de tourner à l’affaire d’Etat.

Les opposants dans la vie privée (Jeanne Desfosses, femme de Paul, la mère de Jeanne et sa sœur Euphrasie Bourgeois) se doublent en effet d’opposants publics, en les personnes du beau-frère de Paul, le rédacteur et patron de presse Henri Bourgeois, et de Gustave Téry, journaliste à l’Oeuvre, organe d’extrême-droite antidreyfusard, puis en atteignant les membres de l’Université et jusqu’à ceux de l’Académie des sciences, où Marie se présente à l’automne 1910. Lorsque la presse s’en mêle, les héros sont malmenés.

Les Rouilles encagées, Benjamin Péret

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 29 Janvier 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les Rouilles encagées, éd. Prairial (Paris, Brumaire 224), novembre 2015, édition réalisée avec le concours de la DRAC de l’Île-de-France, 70 pages, 8 € . Ecrivain(s): Benjamin Péret

 

On connaît peu ou prou les œuvres de Benjamin Péret, poète écrivain surréaliste engagé. Leur diffusion et leur succès font de l’auteur un des plus importants de la littérature du XXe siècle.

L’ouvrage dont il est question ici fait exception dans la bibliographie abondante de Péret.

Censuré avant même sa parution en 1928, alors qu’il n’en est qu’en phase de fabrication à l’imprimerie sur commande de l’éditeur clandestin René Bonnel, il ne sera finalement publié, par Eric Losfeld, qu’en 1970, sous pseudonyme d’auteur de Satyremont, et derechef interdit à la vente l’année suivante.

Définitivement autorisé en 1975, seize ans après la mort de Benjamin Péret, il vient d’être réédité par les éditions Prairial, au mois de Brumaire 224 (soit en novembre 2015 dans le calendrier grégorien).

Cet opus de 70 pages consiste en un récit délirant dans lequel s’intercalent de courts textes de forme poétique attribués à l’un des personnages.