Le mythe de la vache sacrée, La condition animale en Inde, Florence Burgat
Le mythe de la vache sacrée, La condition animale en Inde, mai 2017, 296 pages, 8,90 €
Ecrivain(s): Florence Burgat Edition: Rivages poche
Florence Burgat, en mission en Inde, visite différents lieux en rapport avec la « protection » des animaux : hospices, hôpitaux, abattoirs… Elle tient un journal dans lequel elle recollecte à la fois ses impressions personnelles sur l’Inde en général et mène une réflexion sur la condition animale en Inde.
« La vie est là, pêle-mêle et jetée, celle des gens et celle des chiens, dans le vacarme d’une activité incessante. La dévastation des paysages alentours, les constructions abandonnées, la saleté et le délabrement des bâtiments, l’absence de trottoirs, les déchets à ciel ouvert, donnent l’impression d’une ville qui, après avoir été longtemps inoccupée, aurait de nouveau été investie sans plan ».
Ainsi décrit-elle New Delhi en 1998. Elle explique dans ce livre comment notre rapport à l’animal est éminemment culturel et religieux. Ainsi les musulmans refusent d’endormir les animaux avant de les abattre, ils doivent être pleinement conscients. Le travail d’abattage se fait en Inde par les basses castes. Tout au long du livre, elle dénonce
« la distance qui sépare une doctrine de la non-violence étendue au monde animal de la réalité des pratiques et des comportements (…) Gandhi n’a cessé de dénoncer la responsabilité des hindous dans la souffrance animale et, pour tout dire, leur hypocrisie qui consiste à brandir l’idéal de pureté et de croyances dans le caractère sacré des vaches tout en les vendant aux bouchers musulmans ». Ce livre demande de se décentrer, il interroge chacun dans ses pratiques et ses croyances. « Comment imaginer, notamment en France où les animaux sont d’abord des délices gastronomiques, mais pas seulement, un dîner d’affaires végétarien ? ». Le livre souligne certains paradoxes politiques à propos de la posture à tenir pour la condition animale. « Le gouvernement n’ose prendre aucune mesure : améliorer les moyens de mise à mort pourrait froisser la sensibilité des tueurs, mais aussi encourager, pensent certains hindous végétariens, les abattages, accroître les rendements et finalement servir les intérêts du lobby de la viande en Inde… ». La fin du livre revient sur certains écrits de Gandhi et sur des textes de lois en relation avec la condition animale en Inde. « Notre vie est imbriquée dans celle de nos animaux. La plupart des paysans vivent avec les animaux, souvent sous le même toit. Ils vivent ensemble et ils meurent de faim ensemble ». Pour Gandhi, il faut que l’abattage devienne économiquement absurde. « Si l’abandon de l’alimentation carnée est un préalable éthique, il doit devenir une nécessité économique : il doit être rentable d’entretenir les animaux jusqu’au bout (…) ».
C’est donc un livre qui apporte un éclairage sur l’épineuse question de la condition animale et du droit des animaux…
Zoé Tisset
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