Comme détachée de la marée à « son corps défendant », l’auteure, un peu druidique, semble donner du sens à la primauté originelle : « il me faudrait alors à l’aube remonter/ dans sa robe d’airain et son écrin cuivré/ cette lumière liquide des soleils du matin/… ».
Se révèle progressivement quelque chose de la Genèse à vouloir se sentir autre ; « alors je crie entre les lignes/ priant qu’on ne m’entende pas/ je n’ai que le silence à offrir/ et l’odeur des orages ».
Le thème marin, depuis certains poètes antiques jusqu’à Saint-John Perse, est universel, le poète niant rarement cette force originelle.
Chez Laetitia, il s’agit cependant d’autre chose, une expression sans doute plus maternelle dans le sens même de se sentir presque liquide amniotique. On peut même dire, je crois, qu’il y a une sorte de privation, d’arrachement avec davantage de force que de regret et aussi une grande certitude :
« J’excelle dans cet exil/ à n’être que d’écume ».