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Poésie

Doigts tachés d’ombre, Philippe Leuckx (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mercredi, 26 Août 2020. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions du Cygne

Doigts tachés d’ombre, mai 2020, 57 pages, 10 € . Ecrivain(s): Philippe Leuckx Edition: Editions du Cygne

 

C’est toujours un pari de chroniquer un livre. Mais quand il s’agit de poèmes, on est tenu à l’impossible.

C’est un homme aux mains nues qui vient à nous au fil des pages. Un homme seul. Mais d’une solitude altière. Il n’a pour seules armes que de courts poèmes. Aériens. Suspendus comme des mobiles. Le vide, autour, les fait remuer. Caresse les mots et fait frémir le blanc qui complète la page.

Poignées de vers après poignées de vers, les images tissent un cocon dans lequel elles déplient leurs ailes. On aimerait lire en fermant les yeux. Prolonger ainsi le vertige des mots et les laisser courir à l’envers des paupières. Pleurer des larmes aquarellées, des larmes bleues, qui disperseraient l’ombre.

Il y a dans ces vers des parfums, des jeux de lumière, une chorégraphie de syllabes. Il y a des attentes, des désirs de rencontre, des pluies qui purifient et la possible surprise au bout.

Ébauche d’un Tristan, Jean-Claude Pecker (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 20 Août 2020. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Ébauche d’un Tristan, Jean-Claude Pecker, Z4 Éditions, mars 2020, 262 pages, 18 €


Ce nouveau livre de l’astrophysicien-poète Jean-Claude Pecker donne l’occasion de nous replonger dans « l’un des plus fascinants mythes de la littérature médiévale » au dire de l’auteur : le mythe de Tristan, ce preux chevalier breton au service du roi Mark de Cornouailles, tombé sous le charme d’Yseult la blonde. J.-C. Pecker souligne d’entrée « l’étrange parenté entre l’histoire de Tristan et la (s)ienne » et prévient : « Si les vers qui suivent semblent parfois n’avoir aucun rapport avec l’histoire de Tristan, que l’on sache bien que c’est à mon histoire qu’ils se réfèrent. À mes histoires plutôt… ». Autobiographies donc, déroulées dans le Poème d’une mythologie personnelle – ainsi se présente ce nouvel opus de Jean-Claude Pecker publié par les éditions Z4 de Daniel ZIV.

Tu la baises, Anne Perrin (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 08 Juillet 2020. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Z4 éditions

Tu la baises, 2019, 148 pages, 14 € . Ecrivain(s): Anne Perrin Edition: Z4 éditions

 

Anne Perrin et le vertige de l’amour

Se retrouve ici la problématique chère à Beckett : le livre aux frontières de toute constitution digne de ce nom. Du cadavre de la vie de L’Innommable, quelque chose bouge encore en un lieu à la fois d’avant et d’après-monde. A ce titre, si toute œuvre est une machine à remonter le temps, dans ce livre elle ne peut fonctionner qu’en détraquant ce qui existait avant elle.

Existe ainsi un vertige littéraire. La fiction laisse apparaître une expérience décisive de la perte poussée à bout en une sempiternelle pénombre, là où Anne Perrin tente de fuir la narration classique à travers des fragments d’histoires et d’images sourdes, afin que surgisse un corpus « sonore » au besoin en manque d’hygiène bien-pensante. Là où prise de court, la narratrice croit attraper l’amour bien qu’elle sache confusément que c’est là une farce suprême.

Les Rêveries du promeneur solitaire, Cartes à jouer, Jean-Jacques Rousseau (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 07 Juillet 2020. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Classiques Garnier

Les Rêveries du promeneur solitaire, Cartes à jouer, édition d’Alain Grosrichard et François Jacob, 1156 pages, 32 € . Ecrivain(s): Jean-Jacques Rousseau Edition: Classiques Garnier

 

Même si les Rêveries ne font point partie de ces œuvres qu’on estime devoir relire tous les ans, ceux – encore nombreux, on l’espère – qui les ont lues conservent le souvenir d’un petit volume. Aussi n’est-ce pas sans surprise qu’on se retrouve en possession d’un livre dépassant le millier de pages, épais de cinq centimètres. Ce n’est certes pas une édition grâce à laquelle on prendra contact pour la première fois avec le texte de Rousseau. Bien que cet ouvrage ait été imprimé au format des éditions dites « de poche », nous sommes en présence d’un monument d’érudition haut de gamme. Qualifier une édition savante de « définitive » a un arrière-goût prétentieux de publicité mal faite ; mais peut-être est-ce ici le cas. Une telle entreprise exige évidemment une introduction : celle-ci, longue de 90 pages, a été ficelée de façon bizarre, en forme de dialogue imaginaire. On doit y regretter la présence d’anglicismes à la mode (ne sait-on plus écrire sans eux ?).

Poèmes, Edith Södergran (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 06 Juillet 2020. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Poèmes, Edith Södergran, éditions Rafael de Surtis, trad. suédois (Finlande) Régis Boyer, 200 pages, 22 €

 

« Nous devons aimer les longues heures de maladie de la vie

et les années contraintes du désir

comme les brefs instants où fleurit le désert »,

Edith Södergran

 

Voici une publication de première importance. D’abord parce que l’auteur, la poète finlandaise d’expression suédoise, Edith Södergran, qui tient une place centrale dans la poésie moderne des pays scandinaves, reste méconnue en France. Ensuite parce que, grâce au travail des éditions Rafael de Surtis, le volume reprend l’ensemble de son œuvre, cinq recueils et deux suites d’aphorismes. Enfin parce que la poésie qui s’y exprime frappe par son originalité, sa puissance d’évocation et, pourrait-on dire, sa grandeur tragique.