« La scène, le décor mon propre corps flasque et sans vie, c’était une vision saisissante de vérité. Une vision irréelle mais vraie. Il me semblait leur avoir parlé aussi mais je l’ai peut-être rêvé. Enfin, je veux dire, pas tout, pas les tirs et le sang. Mais la fin, peut-être, après être tombé sur le sol… Non, la mort, je l’ai bien ressentie, elle. Physiquement. Intimement ».
Guillaume, le narrateur du nouveau roman de Frédéric Bécourt, est frappé de Thanatose lors d’une fusillade. Il s’effondre, comme mort, il ne simule pas la mort, c’est la vie qui semble le mettre à l’abri, en le faisant passer pour mort, comme certains animaux se retirent d’une vie visible face au danger. C’est ainsi que débute ce roman, porté par un narrateur âpre, au caractère volcanique, ses pensées, ses réactions et ses mots, sont par instant des pierres incandescentes ; il se montre loin de tout, des sensations et des sentiments, en tout cas le croit-on durant une grande part du roman. Si Guillaume échappe à la mort réelle, pour un état de vie suspendu, son amie Alice n’a pas cette chance.