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La Une CED

Chez Laurent Ruquier, mais dans ma tête - Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 16 Décembre 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Au matin Radio France, Paris. Question sur Camus, l'Algérie, le chroniqueur puis le temps de parole à un architecte belge, Vincent Callebaut, fascinant : utopiste de villes-flottantes et de villes verticales écolos. A Ecouter. Car dans la tête de l'algérien, la machine à comparer ne s'arrête jamais. Lui pense : Paris à « dé-musifier » (du mot musée), ville écologique auto-suffisante, verticalité anti-banlieues, portager-avenueetc, implanter la campagne au cœur de la ville. Concept du vivre-ensemble. « Et vous ? ». C'est plus complexe : le régime encourage, soutien et dépense pour le « vivre-chez-soi », pas pour le vivre ensemble. Le but est de reloger chacun dans un trou pas de creuser un pays dans le creux de la géographie ; le vivre-ensemble n'est pas un but national algérien. Cela a été dit dix mille fois. La ville est chez nous ennemie, elle est le signe de la blessure coloniale, le lieu de perdition et de négation, l'espace de la vengeance enfouie et secrète. Où ce situe le centre-ville quand l'histoire est refusée ? C'est le centre coloniale rebaptisée ou le centre effacé des cités dortoirs ? La stèle ou le forum ? Le logement tourne le dos au logement chez nous. Ou le contraire. A poursuivre. Cela faisait rêver, au matin gris de Paris, dans la froidure, sur cette ville future que permettait l'utopie de l'architecte.

Un jour nous serons humains de David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 15 Décembre 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques

Un jour nous serons humains de David Léon a été présenté au dernier festival d’Avignon dans une mise en scène de Hélène Soulié et chorégraphie d’Emmanuel Eggermont

Dans le cadre d’une carte blanche, au Théâtre Ouvert, Stanislas Nordey a lu le texte de David Léon le 20 novembre 2014. Il sera repris également au printemps prochain, à Paris

 

« Les voix de David Léon »

Il faut d’abord attendre, attendre l’heure, dit l’organisateur. Il faut attendre, se préparer à l’écoute des voix. David Léon est juste devant nous, , presqu’à la même hauteur que nous, dans la petite salle de l’auditorium de la médiathèque de Vaise ; seule une barrière nous sépare. Debout sans pupitre, avec son livre. Il est comme immergé dans le monologue. Il baigne dans le halo bleuté, venu du ciel des projecteurs qui colorie le plancher. Il tient son livre, son texte dans la main gauche que la lumière irradie d’une blancheur presque surnaturelle. Le corps du lecteur se perd dans l’ombre : il y la voix, il y a la main droite qui, en quelque sorte, est le corps vivant des mouvements. Et le micro noir se dresse au centre de l’espace scénique.

Journées de Lyon des auteurs de théâtre 2014 - Rencontre avec David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 15 Décembre 2014. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

Les journées de Lyon des auteurs de théâtre constituent désormais un moment phare de la vie et de l’édition du théâtre contemporain. En effet, elles organisent le plus important concours d’écriture dramatique d’expression francophone. Cette année, le jury a retenu six textes dont celui de David Léon, Un jour nous serons humains, publié aux éditions Espaces 34. Le 28 novembre, la médiathèque de Vaise à Lyon accueille David Léon pour une mise en espace de son texte Un jour nous serons humains. A cette occasion, je m’entretiens avec lui de son parcours et de son travail d’auteur dramatique.

 

Marie du Crest : Tout d’abord, quel sens donnez-vous à votre participation aux journées de Lyon ?

 

David Léon : C’est la première fois que je participe aux Journées de Lyon. Par le passé, je leur ai envoyé plusieurs de mes textes. L’année dernière, Sauver la peau a été repéré. C’est en tout cas une manifestation importante de la vie théâtrale d’aujourd’hui qui met en lumière mon texte. Cet éclairage permet à la fois une reconnaissance auprès des professionnels mais aussi d’un public élargi. Et cette reconnaissance est relayée au niveau national.

Le Jardin de derrière (5) - Où la voisine tombe de l’échelle

Ecrit par Ivanne Rialland , le Samedi, 13 Décembre 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Le mardi, Georges fut brusquement tiré de son sommeil par un grand bruit, suivi d’un cri étouffé. Il se passa la main sur le visage, jeta un coup d’œil au réveil et ouvrit les volets. Ce mardi, à 6h32 du matin, une femme gisait les quatre fers en l’air, dans la plate-bande du jardin de derrière. Ses jambes nues s’agitaient faiblement tandis qu’elle tâchait de se dépêtrer de l’arbuste qu’elle avait écrasé sous son poids. Georges, arrêté un bref instant par la vision, sortit précipitamment en caleçon et tee-shirt, les cheveux tout hérissés, s’écorchant les pieds nus sur le béton râpeux.

La femme était déjà débout, se frottant énergiquement l’arrière-train, l’air furieux.

– Vous pourriez au moins vous vêtir décemment, non ?

Georges, stoppé net dans son élan, hésita, manqua d’aller chercher un peignoir, se retourna, et puis non, quand même, c’était trop fort, il se remit en marche avant. La femme avait déjà appuyé l’échelle contre le mur et commençait à grimper, sa robe se gonflant dans le vent du matin.

Tu voyages

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 11 Décembre 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

De Grandeur Nature il n’est pas plus pure optique que ce dédale de terre et d’herbes dressées pour le reposoir des ailes du regard qui te portent / t’emportent / au-delà des mètres limités / au-delà de l’huis clos

De Grandeur Nature il n’est pas de plus pur chemin / de la porte d’entrée que l’on cogne des mains de la rencontre et des retrouvailles / à sa baie vitrée / aux bords pourtant ébréchés du temps / où t’arrive / en bouffées / comme sur la table / des ailes fracassées

 

Vol à l’aveugle / embrassé / stoppé net

Dans sa ligne frontale /

Mort-né de sa ligne trop droite /

Miroir aux alouettes /

Un écran de verre trompe leur envol /

leurs plus belles courses