Ciel froid, boursouflé, chargé de pluies à venir. Gris comme une mauvaise humeur. Derrière la vitre, le monde, ses miniatures, ses routes, une voiture qui rampe le long de l’avant-bras de l’horizon. Les arbres sont tenaces et vieillis, leur verdure ressemble à un bagage oublié en cette saison.
Des habits d’autres temps, juchés sur les portemanteaux des branches mortes. Les oiseaux ne sont plus que des points noirs qui errent. Il n’y a presque plus de noms pour beaucoup de choses. Juste des traces, de la nudité gelée. La terre est un trait. Par-dessus le ciel, en trait ferme. Le Yi-king version météo. La création est un hexagramme géant.
La question est suspendue sur ma tête comme un lustre dans une mosquée vide : faut-il encore continuer à écrire ? La technique du petit garçon aux allumettes est peut-être une illusion quand le monde est une coupure d’électricité volontaire. Le monde va mal. Dévissé. Branlant comme une porte rouillée entre un Dieu silencieux et un homme qui prie dans la mauvaise direction. Entre deux époques.