Coupure d’électricité 1600 × 896, Patrick Tosani, Vendredi, Tapisserie, Gobelins
Coupure d’électricité
un fusible a sauté
dans la nuit de ma tête /
de ma tête-à-poèmes
2 heures après minuit ce n’est rien
le train-tram-rail des rêves
qui roule / Le Directeur du Réseau Central
déféré / dans ma tête qui roule
Sous les verrous / à des éclisses mal
resserrées / des
kilomètres
des kilomètres de voies se serrent
des parallèles se joignent
à la barre la voix des ouvriers
sans voie déraille / Sang /
Convois de sang
La Grande Société se serre
les fers / Le Directeur
la ceinture / qui prend
ses sbires à témoin
mais il y a maldonne
Tu prends ton bonheur
en première classe / billet à l’œil
tandis
que dure l’Affaire / N’ont pas le temps
de contrôler
n’auront pas le temps
de tout contrôler / trop dur à faire
La faute à personne
La faute à personne
Voie extérieure
Extérieur-Nuit
l’herbe mange le rail
le ram-tram-rail
de la lumière tandis
que tu marches / tu marches
jusqu’à l’emblème une trace d’un peu d’humanité
Dans le ciel l’angle obtus d’un fuselage sonne
l’angélus / sept heures
dix-neuf-heures / sur le cadran l’ombre
change d’heure / autrement / la même
toujours la même
La quête des prières gagne mains sonnantes
la paume des nuages
une ville un clocher la voix des gallinacés à partager
l’heure / pas de corde à balancer
plus le temps / pas de balancier
temps électronique programmé /
la ville affairée
tandis
que tu marches / tu marches
podomètre thermo-luminescent
collé à tes pas luisants / ascension / performance
Vers / Chute
assurée
mais c’est la faute à personne
mais c’est la faute à personne
Fitness du vers en pleine & belle forme
mais coupure d’électricité
un fusible a sauté
dans le boîtier miné
de ta tête-à-poèmes
un poème et/ un poème/ et un poème
On inspecte la pyramide
la pyramide des responsabilités
Le Directeur avec / Le Directeur dirigeant
leurs chemins vers la mer avant
la Centrale thermo-lactique
de nos rêves
mais c’est la faute à personne
mais c’est la faute à personne
ou à celui d’en-d’ssous
juste en-dessous
tout en dessous
à descendre
en douceurs
toi tu marches / tu marches jusqu’à
la Galerie Nationale
la galerie nationale près de la cathédrale
des anges presque debout font l’ange et regardent
se compter l’heure / sempiternelle / sempiternelle
Le conférencier enfile la flûte
la flûte des visites
dans la trame tendue
retendue des regards
parfois des reflets brillent
Rentrer dans la galerie d’art
Intemporelle / intemporelle
en-dedans / tout-en-dedans
des choses à convoiter / en douleurs
des convois d’or
Des tissus t’enveloppent
t’imprègnent / t’impriment
jusqu’au sang
des recoins de lune
interlope
jettent l’extase obscure
sur la toile
Sur la toile
une étincelle parfois / une attention s’allume
denrée rare
3 mètres sur 3 mètres 8 ans de travail
3 de recommencés / les lissiers tissent la patience
dans l’espoir-Pénélope
tu pédales
tu pédales de bonheur
retrouvé c’est le métier qui rentre
au-dedans
sur le fil
fil de laine dans cette trame de soie / des draps de satin
la lumière vibre / sculpte la toile
étoiles de l’art dans les regards
loin loin loin / âme-tram-rails / des trains qui passent
parce qu’ils passent
eux / au loin / broutés
par le regard
euh… / bovin
On prend du plaisir
Le Directeur de la Grande
Centrifugeuse des Rêves – destination
mangues / ananas / palétuviers
s’est pendu mais
on se serrait la ceinture
c’est la faute à personne
surtout la faute à personne
Le Directeur s’est pendu / attention
Patrimoine à vendre / Art à vendre / Artistes
soldés
en solde de tout cœur
Send u$ your heart ! A vot’ bon cœur, m’ssieurs dames !
Bien National / 350 euros/picture
pour la peine de ton rêve
ton rêve précaire
– pas cher, pas cher –
Pour une tapisserie, faudra bien voir
temporiser
art contemporanisé
– On préparera
Sciences Po’
Tout se perd & tout
est à vendre
Maman est morte & je ne sais
pour quoi
Il faut éliminer l’armoire / l’armoire-à
-glace qui déforme
sa pauvre image / sa pauvre image
C’est lui le responsable C’est lui le responsable
Maman est morte & je ne sais
plus quand
mais faut récupérer
récupérer le mobilier
surtout le mobilier
Noter
Récup’ Mobil-mother
Fouiller emporter / vite emporter
Pendant la coupure / la coupure d’électricité
Sous couvert de ta tête
coupure d’électricité
tournesols à l’envers
Break Heart Ange perdu dans ton sommeil
se ronge les ongles – ce sont les nerfs
ce sont les nerfs / tendus sous la peau
C’est la faute à la coupure
la coupure d’électricité
du réseau / des nerfs
C’est la faute à la mort de Maman
Faudrait dormir
Pas dans le poème de la nuit
les caténaires sont tombés
/ foudroyés
les lignes ont les basses tensions
et les éclisses assassinent
Il est six heures ici / midi à New York
Minuit dans le lit des Sex-appeal
Orphée frustré déraisonne
rêve Narcisse plutôt qu’Eurydice
Scoop-de-mytho’ au cœur de l’Info’/ qui sonne
l’angélus éteint pourtant qui résonne
deux fois par jour / pas humain
mais
c’est la faute à personne
c’est la faute à Personne
Orphée frustré cogne
aux portes éventrées
des Ego-systèmes / nos EGOs
– Système
de Beaux Gosses pas beaux
mais il n’y a personne
mais IL N’Y A PERSONNE
Murielle Compère-Demarcy
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