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La Une CED

Mère (5), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 14 Octobre 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

Elle aimait son cousin.

Cette affection à la mère, à tout ce qui touche de près ou de loin la famille, ça le rend à moitié fou.

Mais, notre mère ? Qu’aurait-elle dit ? Elle aurait aimé ce fauteuil vert ?

Cette argenterie, par exemple.

C’est l’opus 28, car c’est avec lui que j’ai passé mes deux ans à la Villa Médicis comme correspondant. Un mode de vie. L’opus 28 !

Le cinéma des années 60. Toute cette période qui jouxtait la Guerre d’Algérie.

Et elle ?

Une addiction médicamenteuse. C’est pour ça, le suicide.

63 ?

Oui, octobre 63.

L’absente (2) - Brisure, par Sandrine Ferron-Veillard

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 13 Octobre 2016. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles, Ecrits suivis

 

Des étendues et des jours qui commençaient à 6.15 am, à marée basse. Mon épouse prenait un bain devant « chez nous » entre maîtres et chiens, jeux de bâtons et aboiements autorisés avant dix heures du matin. Des odeurs de vase. Depuis notre terrasse, je guettais ses brasses, un point noir en surface, je guettais son retour. J’étais inquiet.

Zéro goutte en provenance des nuages.

On nous avait bien renseignés. 8000 résidents, 30.000 en période de vacances, une communauté d’artistes, de hippies, de gens fortunés, des retraités, des mines refaites, des mines affaissées. Des maoris chauffeurs de bus, des maoris avachis sur des chantiers, défaits, des femmes obèses, des femmes en pause, des femmes âgées caissières au supermarché. Puis des vacanciers chinois et français, des serveurs ou des jeunes « waffeurs » venus d’Europe ou d’Amérique pour parfaire divers apprentissages. Une destination dite phare, « encore vierge d’un tourisme de masse ». Oneroa nous attirait, Oneroa m’impressionnait.

Emmanuel Kant au pied d’un feu rouge algérien, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 11 Octobre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Il fait nuit. Vous êtes au volant de votre voiture dans un quartier à peine achevé, dans la périphérie de votre ville. Là où le baril fait pousser le LSP par exemple, et où le ciment arrache les derniers amandiers connus. La route est neuve et il n’y a personne qui vous regarde, sauf un feu rouge. Car le feu est rouge et vous êtes au croisement, et il n’y a personne qui vous surveille. Que feriez-vous ? A Copenhague, vous n’oseriez pas le « griller ». On ne sait jamais : les Occidentaux ont des caméras et la peur du colon est encore vive. Mais là, vous êtes en Algérie. La situation résume la base basique de tout ce qui va décider de ce que nous sommes. Le socle de la morale citoyenne qui n’a pas besoin de policier derrière chaque Algérien ou de la menace de l’enfer derrière chaque acte. Généralement, dans ce cas-là, on a deux nationalités : celle du conducteur qui s’arrête, aussi absurde que cela l’est, qui respecte l’interdit par respect pour la loi, même s’il n’y a aucun policier en vue. La seconde nationalité est celle de l’autre conducteur derrière vous qui se met à klaxonner, qui vous pousse à « griller » le feu parce qu’il fait nuit et qu’il n’y a personne et qui, à la fin, vous dépasse en vous jetant un regard haineux au spectacle de votre imbécillité qui se prend pour la bonne éducation.

Adieu Nabil Farès : il était une fois l’Algérie, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Jeudi, 06 Octobre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Il était une fois, l’Algérie, ceci est le titre du dernier roman de feu Nabil Farès qui vient de nous quitter en ce 30 août 2016.

Yahia, pas de chance, ceci est le titre d’un de ses premiers romans. Et Nabil Farès n’a pas eu de chance. Il est l’un des oubliés de la littérature algérienne d’expression française.

Nabil Farès est le fils de Abderrahmane Farès, président de l’exécutif provisoire algérien. L’un des aînés, avec toute la charge symbolique de ce mot : Aîné. Sagesse. Exploration. Courage. Patriotisme. Engagement. Les oubliés de la carte culturelle, les éraflés des espaces culturels algériens ou algérois. Ils sont entre autres Nabil Farès, Messaour Boulanouar, Mourad Bourboune, Kaddour M’hamsadji, personne ou presque, de cette nouvelle génération, lecteurs et écrivains confondus, ne se souvient de ces noms qui jadis étaient les bons faiseurs de romans et de poésies.

Carnets d’un fou - XLIII Août 2016, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 05 Octobre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

« S’il n’y avait pas les pauvres, quel plaisir auraient les riches à être riches ?

S’il n’y avait pas les riches, quel plaisir auraient les pauvres à se plaindre d’être pauvres ? »

Nombre de philosophes anciens et modernes,

Le sens commun, et

Maxime du Touret de Loisne, dit Le Béthunois

#. Une idée pratique. Maxime Le Béthunois propose que l’on accorde à chaque petit Français, au jour de sa naissance, le diplôme du baccalauréat qui lui servira d’acte de baptême républicain. Il n’aura plus ce souci en tête et cela ne changera rien à l’état des choses actuelles : il pourra faire l’école buissonnière en toute tranquillité d’esprit, regarder la télévision, piéger des Pokémon et jouer à tuer des inconnus, des ennemis virtuels sur sa console, manger des sucreries et gagner son obésité, il ne saura ni lire, ni écrire, ni compter, il s’inscrira à Pôle Emploi. Le ministère de l’Éducation avant de disparaître, avec celui des finances, verront ainsi diminuer la dette de la nation : plus de professeurs à rémunérer, d’examens à organiser. Plus d’inégalité enfin, du moins en ce domaine de l’ignorance partagée. La nouvelle devise de la Nation sera ce qu’elle est déjà : « Liberté, Égalité, Nullité ».