Mère (7), par Didier Ayres
63 ? N’est-ce pas ?
Oui, en octobre.
Il paraît que les grands peintres sont tous nés entre le quinze et le trente et un.
Tu es encore là ?
Oui.
Cette angoisse.
Ce que l’on ressent quand on quitte l’objet de son obsession, et que l’on retrouve soudain l’impression de liquidité des sentiments, la fluidité des émotions. C’est très fort.
La musique ?
Juste des sons.
Des bribes.
Une minute ici ou là.
Des clusters.
Ce n’était pas à Marly-le-Roi ?
Oui, la chambre rouge. Exactement.
Une photographie de l’été 83.
Pour moi, c’est une période très violente, la maladie, l’inconscience d’une « créature » comme tu dis, c’est ce qui m’a poussée la première fois à écrire de la musique.
Elle est là ?
Non.
J’ai quitté paris en 91. J’avais une belle maison sur le littoral. Des pins. La côte. Et puis, il a fallu repartir. En 92 nous étions à Royan, et deux ans plus tard en baie de Somme. J’ai quitté Paris, et je suis presque un étranger ici. L’hiver. L’hiver 2004. L’année blanche. Pas de souvenir. Juste le deuil. L’enterrement et le deuil. La solitude à Abbeville puis à Amiens. Mon ami pianiste qui entendait des voix. Et la musique. Toujours la musique.
Une maison ?
En Picardie ?
Oui.
Alors ?
Mourir ?
Non.
Non ?
C’est une seconde nature, je suis optimiste.
Didier Ayres
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