Identification

La Une CED

Après la fin du monde, nuages Requiem, Colette Klein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Après la fin du monde, nuages Requiem, Colette Klein, Éditions Henry, Coll. Les Écrits du Nord, 2023, 80 pages, 12 €

Visionnaires s’incarnaient les paysages de Michaux, sous mescaline ou non, puisque, ainsi (et en l’occurrence à l’acmé du souffle, le Poète qui acte (poïen en grec) la parole), l’œil à l’écoute du créateur VOIT le réel dévoilé/révélé. L’exergue de Après la fin du monde, nuages Requiem de la poète et peintre Colette Klein (https://www.coletteklein.fr/) nous plonge in media res dans l’ambiance du Voyage auquel ce nouveau recueil nous invite. En effet Charles Baudelaire, évoquant des études d’Eugène Boudin (peintre éminent des nuages…), nous parle dans ce passage du Salon de 1859 (VIII Le paysage) du phénomène de Pareidolia, cette illusion optique créée par notre regard porté sur le mouvement aléatoire des nuages, et souligne la « profondeur » et « les splendeurs » déployées par cette ivresse contemplée des hauteurs semblable à « une boisson capiteuse ou (…) l’éloquence de l’opium » qui montent telles ténèbres chaotiques à nos cerveaux. La palette expressive du poète des Fleurs du Mal, aussi précise et ciblée que le ravissement de la lumière commis par Delacroix ou Turner dans la tourmente de la tempête, annonce que nous entrons, ici, dans le cadre de l’Infini d’un univers écrit à l’encre forte.

Une position pour dormir, François Heusbourg (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Une position pour dormir, François Heusbourg, Gallimard, octobre 2024, 106 pages, 16 €

 

Flottement

Le maître mot de ce recueil de François Heusbourg : le flottement. Je dis flottement non pas pour souligner une indécision ou une incertitude mais pour caractériser une écriture issue d’une hésitation presque involontaire, qui se cherche, tremble sur la réalité qu’elle est censée désigner. Donc, un dédoublement mieux qu’une indétermination.

 

à force de vouloir être au monde

on s’en éloigne

notre monde s’éloigne du monde

on cherche des solitudes

Terminus, et autres poèmes intimes, Edith Wharton (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 15 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, USA

Terminus, et autres poèmes intimes, Edith Wharton, Arfuyen, octobre 2024, trad. anglais, Jean Pavans, édition bilingue, 120 pages, 15 €

 

Une grande intelligence, polyglotte, d’une étonnante précocité (certains poèmes, présents dans le recueil, sont d’une auteure de… 13-16 ans, et sont déjà d’une âme adulte), peu heureuse en amour (un très riche, aristocrate et vieux mari, partageant sa cosmopolite bougeotte, mais dépressif ; un amant – adultérin, pour quelques mois, étalon adroit et splendide, mais libertin et bisexuel –, qui ne s’attardera guère sur leur commune jubilation), romancière célèbre mais admirée aussi de ses pairs (Henry James, Paul Bourget, Gide, Cocteau…), femme du monde nord-américaine capable, pendant la Première Guerre, établie en France, d’incessantes et très conséquentes initiatives humanitaires, financières, journalistiques pour soutenir (et relayer dans le reste du monde) l’effort des nations démocratiques, Edith Wharton (1862-1937, mourant la même année qu’Elie Faure et esprit aussi vif, curieux, fin et noble que le sien) était, dans l’intimité, et plus discrètement, poète. Une poésie dont cette parfaite francophone, et loyale francophile, aurait estimé et salué la première traduction que, grâce à Jean Pavans, voici.

Azucre, Une épopée, Bibiana Candia (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Jeudi, 14 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Editions du Typhon

Azucre, Une épopée, Bibiana Candia, éd. Les éditions du Typhon, avril 2024, trad. espagnol, Claude Bleton, Emilie Fernandez, 156 pages, 20 €

 

Sombre humanité

Primo : il y a toujours un petit risque à se lancer dans la lecture d’un livre tombé du ciel car offert par un ami. Sauf si c’en est un ! Comment la lecture, cet acte suprême de liberté, peut-il ainsi révéler la correspondance intime, bizarre, mystérieuse entre deux ?

Deuxio : il s’agit ici d’engager une proposition critique sur cette question de l’intersubjectivité.

Tertio : tel est notre lancement pour une lecture recommandable entre toutes.

Le livre : Azucre

L’éditeur : Les éditions du Typhon

L’auteure : Bibiana Candia

Paul Éluard et la pratique du recueil poétique (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Jeudi, 14 Novembre 2024. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

L’œuvre d’Éluard se compose d’un grand nombre de recueils poétiques. De fait, Éluard a accordé une place importante à la pratique du recueil dans son œuvre poétique. Mais une analyse détaillée des tables des matières des différents recueils montre que l’on retrouve très souvent les mêmes poèmes d’un ouvrage à l’autre. De fait, Éluard n’a cessé de monter et de démonter des recueils, de publier et de republier des textes dans des recueils différents. Or, ce « réemploi » ne constitue pas une simple commodité. Le poète paraît très attentif au contexte dans lequel il publie un poème, à l’influence réciproque que différents textes peuvent avoir les uns sur les autres, ainsi qu’à la polysémie qu’un texte peut acquérir en étant republié dans un autre cadre. Ainsi, la pratique du recueil relève véritablement chez Éluard du travail poétique, et il s’agit d’un versant important de sa démarche de création.