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Critiques

Dictionnaire amoureux de l’esprit français, Metin Arditi (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 08 Novembre 2021. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Plon

Dictionnaire amoureux de l’esprit français, août 2021, 688 pages, 13 € . Ecrivain(s): Metin Arditi Edition: Plon

Une logique se dégage de la présente chronique, relative à un Dictionnaire amoureux de l’esprit français : l’ouvrage est signé d’un écrivain suisse francophone d’origine turque séfarade, Metin Arditi, et la chronique est signée d’un Belge – c’est dire le pouvoir de fascination qu’exerce l’esprit français, fascination à certains égards plus puissante en dehors de l’Hexagone qu’à l’intérieur de ses frontières. Pour les Français, baignés de cet esprit, de cette recherche d’élégance, de ce désir de plaire, quoi de plus naturel, quoi de moins remarquable ? Dans quel autre pays un futur président de la République a-t-il publié une Anthologie de la poésie française toujours rééditée soixante ans plus tard ? (Remarquons au passage que Pompidou est absent de ce Dictionnaire amoureux, comme nombre d’hommes d’état – dommage, certains y avaient leur place aux côtés de Charles De Gaulle.) Certes, l’élégance, le désir de plaire semblent en voie de disparition – ou du moins n’ont-ils plus la même définition, le même sens, dans une société elle-même de moins en moins élégante ou plaisante, mais il suffit de gratter la surface moderne pour retrouver l’éclat de l’esprit français, ne fût-ce que dans des programmes scolaires qui font la part belle aux classiques, ou dans certaines élégances artistiques.

La Divine Comédie, Dante, en La Pléiade (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 28 Octobre 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, En Vitrine, Italie, La Pléiade Gallimard

La Divine Comédie, Dante, Gallimard, La Pléiade, octobre 2021, Edition bilingue, trad. italien, Jacqueline Risset, 1488 pages, 62 € . Ecrivain(s): Dante Alighieri Edition: La Pléiade Gallimard

« Dante nous veut pélerins, avec lui, dans l’itinéraire du salut, et nous place d’emblée au centre de son histoire, avec un “notre” qui nous concerne tous :

Au milieu du chemin de notre vie

je me retrouvai par une forêt obscure,

car la voie droite était perdue » (Préface Carlo Ossola)

« Ô lumière et bonheur de tous les poètes,

que m’aident la longue étude et le grand amour

qui m’ont fait chercher ton ouvrage.

Tu es mon maître et mon auteur,

tu es le seul où j’ai puisé

le beau style qui m’a fait honneur » (L’Enfer, Chant I)

Le Livre des nombres, Florina Ilis (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 26 Octobre 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman, Editions des Syrtes

Le Livre des nombres, Florina Ilis, éditions des Syrtes, mars 2021, trad. roumain, Marily Le Nir, 523 pages, 25 € Edition: Editions des Syrtes

 

Ce livre foisonnant, dont on suit pourtant facilement les méandres grâce à la traduction au plus près de Marily Le Nir, commence par la description d’un paysage calme et simple comme un tableau champêtre : des familles laborieuses dans un cadre paradisiaque, des enfants heureux. Mais dès les premières pages se dessine une menace, la menace figurée par les pétales de pommier tombant sur les champs en culture, comme une neige précoce. Que se passe-t-il ici ? Les enfants, un garçon, une fille, ont douze et dix ans, leurs pères sont des chiaburi, ces paysans qui refusent encore – en cédant de plus en plus – de donner leurs terres à la collectivité.

L’invitation à les céder se fait de plus en plus pressante. Des affiches de propagande les représentent tels les ennemis du peuple, buvant son sang, refusant de partager.

Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la Terre, Boualem Sansal (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 25 Octobre 2021. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Maghreb, Gallimard

Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la Terre, octobre 2021, 102 pages, 12 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard

 

En 2006, Boualem Sansal avait fait paraître : Poste restante : Alger, sous-titré Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes. À quinze ans de distance, avec cette Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde… (chaque mot compte), son propos se fait plus ambitieux. Le constat de départ est simple : forte de sa maîtrise de la Nature (même si elle ne peut encore empêcher les catastrophes naturelles de se produire, elle sait relativement les prévoir) et des expériences désagréables, voire effrayantes, accumulées au cours des siècles et des civilisations, l’humanité, si elle le voulait, serait capable de transformer ce bas monde en paradis. Qui oserait affirmer qu’elle s’est engagée sur cette voie ? Des esprits grincheux ou lucides remarqueront que, depuis des millions d’années, les mouches se prennent dans les toiles d’araignées et qu’elles n’ont pas développé le début d’une stratégie collective leur permettant d’éviter cette mort qu’on suppose désagréable. Mais les mouches n’ont, semble-t-il, ni mémoire, ni langage leur permettant de transmettre l’expérience acquise, ni bibliothèques, ni penseurs.

Blizzard, Marie Vingtras (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 22 Octobre 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Blizzard, Marie Vingtras, Éditions de l’Olivier, août 2021, 181 pages, 17 € Edition: L'Olivier (Seuil)

 

 

Tout lire, lire la moindre lettre, y associer une autre et n’en gâcher aucune. Le premier mot d’un livre. Son titre. Les numéros de pages n’apparaissent pas encore, je m’installe, il est 8 heures du matin, à l’intérieur d’une brasserie, la terrasse comme ligne d’horizon. Il fait beau, il fait froid.

L’Alaska. Le blizzard.

Une brasserie, un boulevard, une capitale. Je veux commencer tôt la lecture, être éprise, surprise et me jeter d’emblée dans ce blizzard, à cette heure où les êtres ont le dos voûté, faisant face à la ville. À l’intérieur, deux tables occupées, et au comptoir, des cafés avalés en deux coups de tête, le comptoir pour support, à la rigueur Le Parisien et ses titres. L’émotion et trois lignes de clients qui se succèdent.