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Critiques

Ce prochain amour, Nora Benalia (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 28 Janvier 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Ce prochain amour, Nora Benalia, éditions Hors D’atteinte, Coll. Littératures, janvier 2022, 208 pages, 17 €

À la lumière de

Ce prochain amour est le premier roman de Nora Benalia (née en 1968 d’une mère belge et d’un père algérien), doté d’une jolie cité orientale en couverture, d’Hanieh Ghashghaei, et de deux photographies d’intérieur de Sohan Candat.

Nora Benalia aborde dans son récit l’organicité, la génitalité, l’appareil de reproduction étant connoté différemment selon le Genre. Le langage est cru, direct, martelé. Et pourtant, pudique devant la grande douleur. Qu’est-ce qu’un sexe féminin et à quoi sert-il ? C’est par les bijoux indiscrets que l’auteure décrit ses expériences, son rapport à la sexualité, aux séances gynécologiques, à la parturition, où « on est tâtées, auscultées, piquées en permanence ». Le discours virulent, à contre-courant des supposées joies de l’enfantement et de la maternité – « le culte des affections naturelles, en montrant qu’il y a toujours, et dans tous les cas, quelque chose de sacré, de divin et de vertueux dans les deux grands sentiments sur lesquels le monde repose depuis Adam et Ève, la paternité, la maternité », [Hugo], du « mère courage » brechtien, est salutaire et peu entendu.

La Nuit comme le jour est lumière, François Huguenin (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 27 Janvier 2022. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Biographie

La Nuit comme le jour est lumière, François Huguenin, Les éditons du Cerf, janvier 2022, 176 pages, 18 €

 

« Green m’a révélé la violence des sentiments qui campaient en moi et auxquels je ne comprenais rien. Il m’a parlé du silence de Dieu en mettant en lumière un désir inassouvi et que je ne savais nommer.

Green m’a sauvé ».

Il faut toujours prendre au sérieux les noms que donnent les écrivains à leurs livres, La Nuit comme le jour est lumière en est l’exemple parfait. Il donne la note à laquelle va s’accorder le livre, comme le fait un chef de chœur. Les romans et les Journaux de Julien Green sont des pièces musicales (1) qui se répondent, sombres ou lumineuses, souvent tremblantes, certaines brillent plus que d’autres par leur force littéraire, mais toutes révèlent les tourments et les inspirations de l’écrivain qui s’attache toujours à la langue française, sa langue, celle de ses confessions et de sa consécration à l’Académie française.

La Poésie de la terre ne meurt jamais, John Keats (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 26 Janvier 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Poésie

La Poésie de la terre ne meurt jamais, John Keats, Poesis Editions, novembre 2021, trad. anglais, Cécile A. Holdban, Thierry Gillyboeuf, 128 pages, 16 €

Ce recueil offre, d’abord, d’admirables traductions (par Cécile Holdban) des plus forts poèmes de Keats, dont voici – la lecture ici suffit à tout – deux extraits (l’un tiré de : À l’automne ; l’autre de : Bright star) :

« Saison des brumes et des fruits veloutés,

Amie intime du soleil mûrissant,

Conspirant avec lui pour charger et bénir

De fruits les vignes courant sous les toits de chaume ;

Pour courber sous les pommes les arbres moussus des jardins

Et gorger chaque fruit de maturité jusqu’en son cœur ;

Au-delà du fleuve et sous les arbres, Ernest Hemingway (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 25 Janvier 2022. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard)

Au-delà du fleuve et sous les arbres (Across The River And Into the Trees, 1950), trad. américain, Paule de Beaumont, 347 pages . Ecrivain(s): Ernest Hemingway Edition: Folio (Gallimard)

L’autre mort à Venise

L’infinie mélancolie qui reste au cœur après la lecture de ce roman tient certes au désespoir de son principal personnage mais aussi à une Venise trouble, fantomatique, hantée par ses lieux mythiques traversés et retraversés ici ; le Harry’s, le Florian, le Palais Gritti, la Piazza San Marco, sont le décor et la métaphore de ce dernier chemin du colonel vieillissant, rongé par les souvenirs de la Guerre et son amour pour la jeune et belle Renata.

Hemingway utilise un flux de conscience décalé dont le héros n’est pas le narrateur. Et la structure de ce roman repose largement sur le support narratif de ce flux : le dialogue, époustouflant de maîtrise, véhicule de l’amour, de la détresse, des regrets, des blessures du corps et du cœur du colonel. Renata est son Autre, celle par qui le discours advient à son esprit et sa mémoire. Renata est son inconscient, son discours inversé qui le renvoie à lui-même : à son désespoir elle oppose sa confiance et son optimisme, à sa réserve son enthousiasme, à sa volonté d’oubli la demande de souvenirs précis et détaillés. La jeune fille fait naître du vieux soldat l’histoire de sa douleur, comme une catharsis vivante et tendre.

La Fabrique de la France, 20 ans d’archéologie préventive, Dominique Garcia (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 24 Janvier 2022. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Flammarion

La Fabrique de la France, 20 ans d’archéologie préventive, Dominique Garcia (dir.), Flammarion/Inrap, octobre 2021, 320 pages, 29 € Edition: Flammarion

 

Créé en 2001, l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) a pour objectif de mettre au jour les trésors enfouis dans le sol français (cela se fait aussi à l’échelle européenne) avant que de quelconques travaux d’aménagement (voirie, construction, etc.) les endommagent voire les fassent disparaître tout à fait. Partout où le sol est creusé, la question se pose de savoir ce qu’il contient relatif à l’histoire de l’humanité, et ce que ce contenu peut aussi dire sur notre présent – étudier la façon dont le sol a été exploité à d’autres périodes permet ainsi d’envisager la façon dont il pourrait l’être à l’avenir, dans la perspective d’une meilleure gestion écologique.

Le présent ouvrage, placé sous la direction du président de l’Inrap, Dominique Garcia, est à la fois un bilan de vingt années de fouilles préventives, une histoire épisodique de l’occupation du sol français, de la préhistoire à la Seconde Guerre mondiale, mais aussi une présentation à destination du néophyte des méthodes et enjeux de l’archéologie au XXIe siècle (qui s’est diversifiée au contact de domaines scientifiques tels que la botanique ou la biologie).