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Afrique

Critique de la raison nègre, Achille Mbembe

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Samedi, 12 Avril 2014. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La Découverte

. Ecrivain(s): Achille Mbembe Edition: La Découverte

 

L’objectif du livre d’Achille Mbembe, Critique de la raison nègre, est de prouver que la figure du « nègre » est indispensable pour penser le monde contemporain. Aujourd’hui ne serions-nous pas en train de devenir tous des nègres au service du capitalisme financier ?

Cet essai se veut politique et poétique. Achille Mbembe connaît parfaitement la vibration des concepts dans l’inconscient collectif et la puissance des idées sur les mécanismes de la domination sociale.

Le titre de son ouvrage est inspiré du celui d’Emmanuel Kant, paru en 1781, Critique de la Raison Pure. Le philosophe allemand avait pour projet d’examiner les conditions dans lesquelles le sujet humain assume sa vie d’adulte au cœur de l’espace public, devient un sujet capable de se dire en liberté et en dialogue avec les autres, dans un geste dialectique d’affirmation d’une certaine singularité et en même temps de participation à quelque chose qui relève de la similarité, de « l’en-commun ». Pour cela, il s’appuyait sur la raison.

Les noces de Zeyn et autres récits, Tayeb Salih

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 12 Avril 2014. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Babel (Actes Sud)

Les noces de Zeyn et autres récits, traduit de l’Arabe (Soudan) par Anne Wade Minkowski, février 2014, 150 pages, 7 € . Ecrivain(s): Tayeb Salih Edition: Babel (Actes Sud)

 

Tayeb Salih : l’art de conter


Les noces de Zeyn et autres récits est un recueil de trois nouvelles. Il est composé d’un long récit d’environ 110 pages et de deux autres nouvelles, Le doum de Wad Hamid, et Une poignée de dattes d’une longueur extrêmement courte par rapport à la première histoire.

Dans la première nouvelle, Zeyn, un simplet du village, surprend tout le monde car il va se marier avec la plus belle fille de la région. Il s’agit de la fille du maire, sa cousine, Ni’ma. Elle est réputée pour sa beauté mais aussi pour sa moralité et son caractère bien trempé. De ce fait, comment un homme aussi laid, aussi difforme et aussi peu clairvoyant que Zeyn a pu obtenir l’amour de la jeune femme ? La nouvelle suscite jalousie et envie.

Tout s’effondre, Chinua Achebe (2ème critique)

Ecrit par Victoire NGuyen , le Lundi, 07 Avril 2014. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Tout s’effondre, nouvelle traduction de l’Anglais (Nigeria) par Pierre Girard, octobre 2013, 225 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Chinua Achebe Edition: Actes Sud

De son immense œuvre, Tout s’effondre occupe une place à part. Publié en 1958, c’est le roman qui a fait connaître Chinua Achebe et l’a propulsé sur la scène littéraire internationale puisque l’œuvre a été traduite en une cinquantaine de langues et vendue à des dizaines de millions d’exemplaires.

De plus, son intrigue présente l’histoire de la colonisation de l’Afrique par les Européens en adoptant le point de vue africain. Chinua Achebe met en scène un personnage littéraire de première importance, Okonkwo,  car il porte l’histoire de l’Afrique de son apogée à sa chute au travers les vicissitudes de sa propre destinée.

En effet, dès l’ouverture du roman, Okonkwo dont le nom signifie « feu qui dévore tout » jouit d’une position sociale de prestige dans le village ibo d’Umuofia. Il est un riche fermier. Chef de son clan, il surveille ses trois épouses et règle les conduites de ses enfants selon les attentes du clan. Façonné par une société traditionnelle agraire, il respecte les rites des saisons, pratique les sacrifices pour honorer la mémoire de ses ancêtres et attirer la protection des dieux tutélaires du clan. Enfant du clan, il est aussi l’un des sages qui officient à l’établissement des règles pour maintenir le village dans l’observance des traditions.

Vivre à présent, Nadine Gordimer

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 07 Mars 2014. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

Vivre à présent, traduit de l’Anglais (Af. Sud) par David Fauquemberg, octobre 2013, 478 p. 22 € . Ecrivain(s): Nadine Gordimer Edition: Grasset

 

Être sud-africain post apartheid


Steve et Jabulie forment un couple mixte dans l’Afrique du Sud post Apartheid. Anciens activistes anti-Apartheid, ils mènent à présent une vie heureuse dans une banlieue sans histoire. Grâce au Black Empowerment, Jabulie accède à des postes à responsabilités tandis que Steve revêt la toge des professeurs d’université. Tous deux jouissent d’une vie de la classe moyenne plus dans un pays en mutation.

« Jabu, dans ses relations avec les camarades ex-combattants et sa carrière professionnelle, à la fois prestigieuse et selon toutes probabilités, prospère, dans un avenir plus ou moins proche, sans cesser d’être consacrée à la justice contre le passé et à celle du présent, a été la première à incarner quelque chose comme une réalisation de la politique du Black Empowerment, la promotion économique des noirs, même si cela ne touche que la classe vivant dans la Banlieue ».

Tout s'effondre, Chinua Achebe

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 06 Février 2014. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Tout s’effondre (Things fall apart), octobre 2013, trad. de l’anglais (Nigeria) Pierre Girard, 230 p. 21,80 € . Ecrivain(s): Chinua Achebe Edition: Actes Sud

 

Avant même de s’introduire en ce roman, il est recommandé au lecteur de se défaire de ses œillères ethnocentriques d’Européen, d’oublier la vision déformée qu’il se fait de l’Afrique et des Africains au travers du prisme de ses repères usuels, de s’extraire de ses propres critères culturels, de ne pas se conduire, surtout, en touriste textuel.

Il faut épouser le point de vue du narrateur, qui est lui-même profondément inscrit, ancré, enraciné dans le contexte « civilisationnel » du récit, et entrer dans l’univers du personnage principal, Okonkwo, membre de l’importante ethnie ibo, répartie, à l’époque de l’histoire qu’on peut situer aux XVIe/XVIIe siècles, au moment où commencent les rafles massives organisées par, ou pour, les marchands d’esclaves, et où arrivent les premiers missionnaires chrétiens, en une multitude de petites communautés villageoises autonomes sur un vaste territoire correspondant à la province orientale du Nigeria actuel.

C’est dans l’une de ces communautés constituées de neuf villages indépendants que naît Okonkwo, qui, dès qu’il est en âge de raisonner, jure de se démarquer de son père, connu pour ne pas être des plus courageux.