« L’homme n’est pas étanche, il est d’une porosité inévitable, sournoise mais inévitable »
Sinzo Aanza
« Le véritable salaire de la désobéissance civique arrive. Ne fermez pas votre radio, ne changez pas de chaîne, car l’histoire va s’écrire sous vos oreilles ce soir… »
La clef de Généalogie d’une banalité de Sinzo Aanza est dans cette phrase. Mais avant, il faut faire preuve de patience. Car la lecture de ce livre au style riche, truculent, impétueux, inventif, pantagruélique, veiné de mots que la langue française a rayés de son vocabulaire depuis belle lurette, est en elle-même une ode à la lenteur de par la complexité du récit, à la fois épopée, chronique sociale et subtile autant que prudente critique politique d’un pays, le Congo, quasiment quatre fois plus grand que la France. Et il faut bien l’admettre : notre ignorance de lecteurs occidentaux formatés par Tintin au Congo est inversement proportionnelle à l’insignifiante connaissance que nous avons de ce pays. Oh bien sûr, nous avons vaguement en mémoire le fait que le Congo fut la danseuse belge maltraitée du roi génocidaire Léopold II.