Identification

Afrique

Meyer et la Catastrophe, Steven Boykey Sidley

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 30 Mai 2016. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Meyer et la Catastrophe, octobre 2015, trad. anglais (Af Sud) Valérie Bourgeois, 350 pages, 21 € . Ecrivain(s): Steven Boykey Sidley Edition: Belfond

La quatrième de couverture est engageante : « Révélation des lettres sud-africaines, grand provocateur devant l’éternel, dans la lignée d’un Philip Roth ou d’un Joseph Heller, Steven Boykey Sidley livre un roman explosif, oscillant entre humour dévastateur et réelle émotion, sens de l’absurde et réflexions métaphysiques ». Le moins que l’on puisse dire est que ce bref texte de présentation donne envie de lire le troisième roman de Boykey Sidley, le premier traduit en français, Meyer et la Catastrophe (Imperfect Solo en version originale, ce qui correspond un rien plus au sens global du roman – on y reviendra). On s’attelle donc à sa lecture, plein d’espoir – et patatras, la déception est au rendez-vous !

Le premier motif de déception peut sembler risible mais est bien réel : lorsqu’on annonce qu’un auteur est la « révélation des lettres sud-africaines », on s’attend à ce que le roman ainsi promu évoque l’Afrique du Sud d’une façon ou d’une autre, à la Philip Roth, puisque ce dernier est mentionné en guise de référence, ou, pourquoi pas, à la Tom Sharpe – d’autant qu’on annonce un auteur « grand provocateur devant l’éternel ». On se dit qu’on va déguster une satire de l’Afrique du Sud contemporaine, portée par un style enlevé ; un roman qui dirait tout de ce pays dans un grand éclat de rire salvateur. Las ! Rien de toute cela : Joshua Meyer, le personnage principal de ce roman, vit et travaille sur la Côte Ouest des Etats-Unis, et si satire il y a, elle est aussi involontaire que légère et a pour cible le mode de vie de Meyer – encore que…

Cœur Tambour, Scholastique Mukasonga

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 26 Mai 2016. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Cœur Tambour, janvier 2016, 176 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Scholastique Mukasonga Edition: Gallimard

 

[Quatrième de couverture :

« Personne ne savait plus trop qui était cette présumée princesse africaine appelée Nyabinghi. Son nom était venu s’échouer sur les plages de la Jamaïque en d’étranges circonstances… Le 12 décembre 1935, peu de temps avant l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie fasciste, paraissait dans le journal Jamaïca Times un article intitulé « Une société secrète pour détruire les Blancs » : vingt millions de nègres, au nom d’une mystérieuse reine appelée Nya-Binghi, allaient déferler sur l’Europe et l’Amérique, Nya-Binghi signifiant « mort aux Blancs ». Les rastas, qui adoptèrent le nom de nyabinghi, n’avaient rien de sanguinaire et, dans la torpeur bienheureuse de l’herbe sacrée, ne songeaient nullement à massacrer quiconque. Les tambours suffisaient à leur rébellion ». Du Rwanda à la Caraïbe, à l’Amérique : mystères, initiations, naissance de la musique rasta, et, dans les bouleversements du monde, quand bat le tambour et le cœur de l’Afrique, un crime fondateur… Qui a tué l’inoubliable diva Kitami, surnommée aux quatre points de l’horizon « l’Amazone noire » ?…]

Rivière fantôme, Dominique Botha

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 16 Mai 2016. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Rivière fantôme, traduit de l'Afrikaans par Georges Lory avril 2016, 292 pages, 22 € . Ecrivain(s): Dominique Botha Edition: Actes Sud

 

Le roman de Dominique Botha, écrit à la première personne, comporte deux personnages principaux : elle-même, et son frère Paul Botha, un jeune homme désireux d’échapper aux contraintes familiales, qui se sent très tôt rebelle et rétif à toute forme de discipline. Dominique, pour sa part, est plongée dans les affres de la condition féminine et tente de devenir une jeune fille bien éduquée, et à plus long terme une bonne épouse, si l’occasion se présente.

Nous sommes en Afrique du Sud, dans l’Etat libre d’Orange, à la veille de changements importants pour ce pays que le récit de Dominique Botha nous laisse entrevoir. Tout serait d’une présentation on ne peut plus classique et attendue, à cette différence près que leurs parents, Andries Botha et son épouse, militent pour l’égalité entre les Noirs et les Blancs. Ils tentent, à leur échelle, d’instiller de nouveaux rapports entre les diverses ethnies, se rendent dans les magasins tenus par des Noirs ou des Indiens. Dans sa ferme, qu’il dirige d’une main de Maître, Andries Botha respecte ses employés, qu’il se garde de nommer par les termes en vigueur ; il pratique par avance une abolition de l’Apartheid. Pourtant, l’éducation qu’il dispense à ses enfants reste conservatrice, très traditionnelle. Et cela Paul Botha ne le supporte plus, au point de se faire renvoyer de l’université où il a été admis, et de déserter de l’armée, rejointe récemment suite à son renvoi universitaire.

Dis que tu es des leurs, Uwem Akpan

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 13 Mai 2016. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles

Dis que tu es des leurs, Books Editions, 2013, trad. de l’anglais par Patrick Honnoré, 382 pages, 21 € . Ecrivain(s): Uwem Akpan

Le magazine Books est bien connu des amateurs de littérature et d’articles pointus, fouillés, d’une pertinence rarement prise en faute, sur l’actualité mondiale vue au travers des livres ; il faudrait préciser, concernant la littérature, qu’il s’agit de littérature mondiale : dans les pages de Books, en effet, on peut lire des recensions de livres non encore publiés en français, dont certains ne le seront peut-être jamais – au grand désarroi de qui ne pratique pas l’allemand, l’espagnol voire le tchèque ou le japonais, à qui ces recensions ont donné envie de lire les livres en question. Il était donc naturel que Books se lance dans l’aventure éditoriale, en proposant au public francophone quelques-uns des livres allophones recensés dans ses pages. Dont acte avec Dis que tu es des leurs, recueil de nouvelles du Nigérian Uwem Akpan (1971), prêtre de son état. Ce recueil a rencontré un beau succès critique, en Amérique du Nord en tout cas, en témoignent les extraits des recensions du New York Times (Un premier recueil éblouissant) et du Washington Post (Son empathie et son génie littéraire m’ont transformée) reproduits en quatrième de couverture, et en témoigne aussi son palmarès : le Prix des Commonwealth Writers, celui du PEN Open Book et une sélection dans le Oprah Winfrey Book Club, cette dernière étant garante d’un beau succès de librairie en sus.

Le tambour des larmes, Beyrouk

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 26 Mars 2016. , dans Afrique, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Elyzad

Le tambour des larmes, septembre 2015, 240 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Beyrouk Edition: Elyzad

 

Rayhana court. Sans s’arrêter ou presque. Par les dunes, de jour, de nuit, sous l’orage, s’abritant dans une grotte ou sous une tente de bergers charitables, échappant de justesse à un viol… Où va-t-elle ? Non. Que fuit-elle ? Les… siens. Le campement de sa naissance, sa tribu, sa mère, son oncle le Chef, ses amis d’enfance, bref tout ce qui aurait dû être son lieu de vie et de sécurité. Rayhana, belle, à peine sortie de l’adolescence, âme confiante, n’a pas vite compris son sort de femme. Elle a cru aux paroles tendres et furtives d’un jeune citadin. La voici enceinte avant d’avoir été mariée ; pire, d’un amant inconnu, nuitamment disparu comme il est apparu. Horreur ! Scandale ! Elle accouche en cachette, on lui arrache le bébé et la marie de force à un garçon naïf afin de simuler, preuve à l’appui, sa virginité. Les âmes rebelles sont en fait des esprits confiants et purs. Rayhana ne peut consentir à ce destin. Son bébé disparu la hante, ce qu’on a fait de lui la torture nuit et jour. Elle ne peut rester là, dans ce campement, dans ce monde. Elle s’en va, s’enfuit, s’évade d’eux, de tout, de tous. En emportant – geste de vengeance ? De rage ? – l’objet sacré parmi les plus sacrés de la tribu : le tambour tribal.