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Le sillage de l'oubli, Bruce Machart

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 11 Septembre 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Gallmeister

Le sillage de l’oubli (The Wake of Forgiveness), traduit de l’américain par Marc Amfreville, juin 2013, 395 pages, 10,50 € . Ecrivain(s): Bruce Machart Edition: Gallmeister

 

Entre 1895 et 1924, quelque part sur des terres du Texas, s’installe et prospère une colonie d’émigrés tchèques au détriment des pionniers irlando-écossais, agriculteurs et éleveurs qui en ont été les premiers propriétaires.

Roman rude, violent, tout de glèbe, de sueur, de labeur, de crottin, de sexe, de feu et de sang.

Western sans Indiens : de ceux-ci, spoliés de leur territoire et chassés de là quelques décennies plus tôt, nulle mention n’est faite. Ils n’existent pas. Tout juste peut-on émettre l’hypothèse que c’est d’eux que vient cette passion débridée des courses à cheval partagée par les derniers ranchers rouquins d’origine irlandaise avec les récents immigrés tchèques.

Roman retentissant du galop effréné des chevaux que lancent en la brume les fils des fermiers dans une lice où tous les coups sont permis, la course se jouant sur un pari dont l’enjeu est l’appropriation par les uns d’une partie des terres des autres.

Dimanche chez les Minton et autres nouvelles, Sylvia Plath

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 30 Août 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Nouvelles, Folio (Gallimard)

Dimanche chez les Minton et autres nouvelles, mai 2013, 97 pages, 2 € . Ecrivain(s): Sylvia PLATH Edition: Folio (Gallimard)

 

 

La nouvelle est un exercice difficile en littérature ; son caractère succinct incite à la concision, à une brièveté efficace. Le tout doit créer un univers, une ambiance.

Sylvia Plath, nouvelliste et poétesse américaine du XXe siècle, excelle dans le genre. Elle décrit ainsi des individus aux rêves brisés par le conformisme d’une vie trop bien rangée, ordonnée par de lancinantes habitudes comme dans La boîte à souhait, description de la vie d’un couple dans lequel l’époux tue les rêves de sa compagne par la pure routine. On citera également, dans le domaine de la satire sociale et de la mise à jour de l’hypocrisie sociale, Le jour où Mr Prescott est mort, fine description de la fausseté des sentiments et de l’absence de chagrin réel ressenti lors d’un deuil dans une famille… La dernière nouvelle, Un dimanche chez les Minton, met en scène un frère, au demeurant très âgé, qui a choisi de partager sa retraite avec sa sœur ; il est conformiste, aime les recettes de cuisine bien faites, elle est rêveuse, hardie en pensée, et cède devant ce conformisme vainqueur et cette quiétude émolliente :

Journal. Vol. II 1964-1980, Susan Sontag

Ecrit par Frédéric Aribit , le Mardi, 27 Août 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Biographie, Christian Bourgois

Journal. Volume II 1964-1980, préface de David Rieff, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Rabinovitch, mai 2013, 574 pages, 24 € . Ecrivain(s): Susan Sontag Edition: Christian Bourgois

 

« Je veux que la rencontre avec une personne ou une œuvre d’art change tout », disait-elle.

Sous-titré Renaître, le volume I de l’immense Journal de Susan Sontag, publié en 2010 par Christian Bourgois, couvrait les années 1947-1963. Désormais disponible chez le même éditeur, le deuxième volet du triptyque attendu, La Conscience attelée à la chair (1964-1980), entre de plain-pied dans la période de maturité intellectuelle, qui voit écrire celle qui se définit elle-même comme une « cagienne-franco-juive » parmi ses essais majeurs (Sur la photographie, 1977).

On y suit donc, sur un mode intime, le filigrane d’une œuvre et d’une pensée inquiète et en questionnement permanent à la fois sur les déchirements du monde comme sur la difficulté d’être, d’aimer, d’écrire, de vivre, c’est-à-dire de penser. Les notes sont très hétérogènes, parfois d’une brièveté laconique, parfois se développant au contraire sur des pages et des pages, parfois quotidiennes, parfois espacées de plusieurs semaines, plusieurs mois. Mais c’est, à travers cet « esprit d’escalier chronique » qu’elle avoue au hasard d’une brève, toujours une même exigence d’honnêteté qui s’y lit, un même désir de lucidité auquel l’exercice du journal offre le recours d’une écriture confidente.

Freedom, Jonathan Franzen

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 21 Juillet 2013. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Freedom, trad anglais (USA) par Anne Wicke, 718 p. 24€ . Ecrivain(s): Jonathan Franzen Edition: L'Olivier (Seuil)


Quel est l’objet (« objet petit a » dirait Lacan, désignant ainsi l’objet illusoire du désir) de la littérature ? Ou de la lecture pour être plus précis dans le moment de l’acte littéraire. Sempiternelle question de la quête. Mille réponses on le sait, parmi lesquelles, fréquentes, celles de la force des caractères, de la trépidation d’une histoire, de la magie d’une langue, de l’émotion nichée dans les recoins des phrases, en bas de la page 99 (toujours la page 99) et qui vous prend à la gorge parce que tout à coup, vous savez que l’auteur parle de vous, par exemple.

Etrange début pour un papier critique sur un livre. Nécessaire cependant pour expliquer ce qui constitue la collision entre « Freedom » et le déferlement médiatique qui l’a précédé avant son arrivée en France ! Rarement livre ne fut encensé avec tant d’élan outre-Atlantique, avec même couverture du Time ! « Freedom » est LE roman américain d’aujourd’hui peut-on y lire.


Et après la page 199 (pour rire), on se demande pourquoi.

Great Jones Street, Don DeLillo

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 19 Juillet 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Great Jones Street, 304 pages, 22 € . Ecrivain(s): Don DeLillo Edition: Actes Sud

Plus de 30 ans après sa publication, Actes Sud réédite le livre de Don DeLillo, Great Jones Street.

Bucky Wunderlick est une rock-star au sommet de sa gloire. Subitement, il décide d’abandonner son groupe en pleine tournée et de disparaître. Homme public, il aspire à une vie privée et se réfugie dans un petit appartement miteux sur la Great Jones Street du titre, dans l’East Village new-yorkais.

« Tu es sorti de ta légende pour te mettre en quête d’une liberté personnelle ».

Mais personne n’entend le laisser tranquille.

Le « pouvoir » de Bucky augmente. Plus il passe de temps dans l’isolement, moins il fait parler de lui, et plus il existe dans les médias et dans l’esprit du public. Sa présence devient encore plus intense que lorsqu’il arborait son costume de rock-star et écumait les scènes.

Les rumeurs vont bon train. Alors qu’il reste enfermé dans sa chambre à New York, il est aperçu dans différents endroits du monde. Certains l’auraient également vu donner des concerts.

Bucky en vient à changer de statut. Plus qu’une rock-star, Bucky apparaît comme un messie en herbe, un porte-parole, quelqu’un qui pourra donner aux gens du sens à leur vie. On attend de lui qu’il parle, qu’il délivre son message.