Dimanche chez les Minton et autres nouvelles, Sylvia Plath
Dimanche chez les Minton et autres nouvelles, mai 2013, 97 pages, 2 €
Ecrivain(s): Sylvia PLATH Edition: Folio (Gallimard)
La nouvelle est un exercice difficile en littérature ; son caractère succinct incite à la concision, à une brièveté efficace. Le tout doit créer un univers, une ambiance.
Sylvia Plath, nouvelliste et poétesse américaine du XXe siècle, excelle dans le genre. Elle décrit ainsi des individus aux rêves brisés par le conformisme d’une vie trop bien rangée, ordonnée par de lancinantes habitudes comme dans La boîte à souhait, description de la vie d’un couple dans lequel l’époux tue les rêves de sa compagne par la pure routine. On citera également, dans le domaine de la satire sociale et de la mise à jour de l’hypocrisie sociale, Le jour où Mr Prescott est mort, fine description de la fausseté des sentiments et de l’absence de chagrin réel ressenti lors d’un deuil dans une famille… La dernière nouvelle, Un dimanche chez les Minton, met en scène un frère, au demeurant très âgé, qui a choisi de partager sa retraite avec sa sœur ; il est conformiste, aime les recettes de cuisine bien faites, elle est rêveuse, hardie en pensée, et cède devant ce conformisme vainqueur et cette quiétude émolliente :
« Son innocence, sa confiance, lui conféraient le halo d’un dieu protecteur. Il l’embrassait l’enserrait. Il ne voyait pas, ou ne prenait pas la peine de voir, combien sa docilité même l’émouvait et l’attirait, ni comment, à travers les bains de brouillard fumants, suffocants, c’était elle qui maintenant le conduisait ».
Ces textes sont denses, l’écriture est fine, tout dans le sens du détail, elle évoque bien cette atmosphère de la Nouvelle-Angleterre du siècle dernier, de ces demeures bourgeoises de bord de mer dans le Massachusetts, état dont Sylvia Plath est originaire.
Stéphane Bret
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