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Les feux, Raymond Carver

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 31 Janvier 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Nouvelles, L'Olivier (Seuil)

Les feux, (Fires 1983) trad. (USA) François Lasquin, 2012. 213 p. 14 € . Ecrivain(s): Raymond Carver Edition: L'Olivier (Seuil)

 

 

« Les feux » constitue le 7ème opus des œuvres complètes de Raymond Carver dans leur nouvelle traduction aux éditions de l’Olivier.

C’est un volume éblouissant. Non seulement le grand Carver nous offre quatre nouvelles sublimes mais il nous livre, et c’est bien plus rare, des poèmes magistraux et des textes de réflexion sur l’art du nouvelliste, sur son rapport à l’acte même de création de la nouvelle.

Quand Raymond Carver écrit, l’écriture n’a même plus d’existence tant elle laisse place à l’évidence de la vie. L’art de la nouvelle, qu’il a élevé au plus haut niveau de la littérature américaine, au plus haut niveau de la littérature tout court, ne peut s’accommoder de la moindre défaillance. La brièveté, la densité l’interdisent. Et l’écriture est pour lui un outil au service du réel, qui traque la réalité dans ses moindres recoins, les plus secrets comme les plus exposés.

La sagesse dans le sang, Flannery O'Connor

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 22 Janvier 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Gallimard

La sagesse dans le sang (Wise blood 1949). Trad. USA Maurice-Edouard Coindreau. Edition présente septembre 2012. 245 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Flannery O'Connor Edition: Gallimard

 

 

Ce livre est une bourrasque, une tornade littéraire !

A commencer par la préface de 1959 – à ne surtout pas manquer – signée par la plume acerbe et saignante de Maurice-Edgar Coindreau, également brillant traducteur de cette œuvre. Il s’en donne à cœur-joie à propos des évangélistes qui ont toujours pullulé aux Etats-Unis :

« Il est à remarquer que, chez les femmes évangélistes tout spécialement, le démon de la chair s’éveille de bonne heure, non sans parfois troubler leur système nerveux. Mary Baker Eddy était hystérique dès son âge le plus tendre. Elle le resta jusqu’à sa mort. Crises de nerfs, convulsions, épilepsie ; catalepsie. Il fallait la calmer à grand renfort de morphine, à moins que quelque personne obligeante ne la prît dans ses bras et ne la berçât. Les bras d’homme étaient particulièrement efficaces. »

Les forêts du Maine, Henry David Thoreau

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 17 Janvier 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Rivages poche

Les forêts du Maine, Henry David Thoreau. Trad. de l'anglais (USA) et présenté par Thierry Gillyboeuf. septembre 2012. 216 p. 8,65 € . Ecrivain(s): Henry David Thoreau Edition: Rivages poche

 

Si écologistes, panthéistes et autres adorateurs de la nature se réclament depuis toujours de Henry David Thoreau, il en est qui pourraient le faire de toute évidence mais qui n’en ont pas eu l’occasion, ce sont les romantiques européens. Remarquez l’inverse est tout aussi vrai. Thoreau partage assurément des sources d’inspiration littéraire avec le vaste courant romantique, de Rousseau à Goethe, à Hugo – avec un arrêt important du côté de chez Chateaubriand. Des pages entières du Génie du christianisme – toutes celles qui concernent les forêts du Nouveau-Monde – évoquent Thoreau à s’y méprendre. Qu’on en juge :

« La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparaissait toute brillante des constellations de la nuit, qu'elle répétait dans son sein. Dans une vaste prairie, de l'autre côté de cette rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement, sur les gazons. Des bouleaux agités par les brises, et dispersés çà et là dans la savane, formaient des îles d'ombres flottantes, sur une mer immobile de lumière. Auprès, tout était silence et repos, hors la chute de quelques feuilles, le passage brusque d'un vent subit, les gémissements rares et interrompus de la hulotte ; »

La tunique de glace, William T. Volmann

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 12 Janvier 2013. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi, La rentrée littéraire

La Tunique de glace (The Ice-Shirt), traduit de l’anglais (USA) par Pierre Demarty janvier 2013, 680 p. 22 € . Ecrivain(s): William T. Volmann Edition: Le Cherche-Midi

 

La Tunique de Glace est l’un des « Sept rêves » de William T. Vollmann, une saga monumentale dont, à ce jour, quatre volumes ont été publiés : les volumes 1 (La Tunique de glace), 2 (Fathers and Crows, 1992, inédit en français), 3 (Argall : The True Story of Pocahontas and Captain John smith, 2001, inédit en français) et 6 (Les Fusils, 1994, Le Cherche-Midi, repris en Babel).

Dans ses Sept rêves, William T. Vollmann cherche à créer une « Histoire symbolique » de l’Amérique, c’est-à-dire un récit de ses origines et de ses métamorphoses. Et Vollmann n’est, bien heureusement pour nous, pas un historien ! Avec lui, la vérité n’est pas toujours littérale. Il prend ses aises avec elle. Il mélange les récits, triche sur les emplacements et les descriptions, détourne ses sources (l’auteur nous l’avoue, mais le profane n’y verra sans doute que du feu…).

Pour Vollmann, cette infidélité permet « une appréhension plus profonde de la vérité ». Il dit qu’il fait dans ce Rêve plusieurs choses qui n’ont, à strictement parler, aucune justification, mais à ses yeux, cela signifie qu’elles sont « parfaitement valables ».

Une heure de jour en moins, Jim Harrison

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Samedi, 22 Décembre 2012. , dans USA, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Flammarion

Une heure de jour en moins, septembre 2012, Trad USA Brice Matthieussent, 220 p. 19 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Si Jim Harrison est probablement l’un des plus célèbres romanciers américains, son œuvre poétique, énorme (des dizaines de recueils) et éblouissante reste fort méconnue en France. Les maisons d’édition, plus promptes à traduire les romans, rechignent à la poésie – de Jim Harrison soit-elle – signe des temps où la poésie, cœur battant de la littérature, est fort mal lotie. C’est donc à Flammarion qu’il faut adresser ici le premier compliment, car la maison nous offre avec « Une heure de jour en moins », non seulement un recueil étincelant de l’art de Jimmy mais, qui plus est, dans une traduction impeccable de Brice Matthieussent. Et il y a déjà bien longtemps que le dernier recueil de poèmes du maître du Michigan nous a été proposé en français (1998 à « la table ronde » : « l’éclipse de lune de Davenport »)

C’est par la poésie que Jim Harrison a commencé son œuvre. Il y a fondé les grands thèmes qui traverseront ses romans. « Elle m’habite tout entier et pour toujours » (interview à « L’Express » en 2004)