Feuergesicht, le titre allemand de la pièce de Marius von Mayenburg plus encore que sa traduction en français, Visage de feu, dit dans son mot unique la puissance de ce qui brûle Kurt, le jeune adolescent en pleine puberté, personnage central de l’œuvre : frère incestueux, fils pyromane, lecteur incendiaire du grec Héraclite.
Pourtant la pièce semble nous installer dans une logique de peinture sociale. La middle class allemande constitue la liste des personnages. Le père, Hans est ingénieur, sa femme sans nom reste au foyer pour s’occuper de leurs deux enfants : Kurt donc et sa sœur Olga. Cette dernière a un petit-ami, Paul, amateur de moto, en conflit avec son propre père pour de sombres histoires d’argent. Les voici attablés prenant leur repas comme l’indique la première didascalie du texte (p.9) de même p.39. Ils devisent tous les quatre sur un quotidien dérisoire. Nous retrouvons les parents dans leur chambre à coucher, Hans lisant les faits divers dans son journal. Mais assez vite, la respectabilité bourgeoise vole en éclats. Dans la salle de bain, la mère fait sa toilette intime sous les yeux de son fils indigné de cette impudeur. Peu à peu, d’ailleurs, les parents et les enfants vont s’éloigner les uns des autres. Tout n’est qu’apparence au fond. Le texte de la pièce est une ouverture au sens musical du terme. Il s’agit du cri organique de la naissance poussé par Olga et Kurt :