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Conversations avec Rainer Maria Rilke, Maurice Betz (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 14 Avril 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen

Conversations avec Rainer Maria Rilke, Maurice Betz, suivi d’un récit de Camille Schneider, De Paris à Strasbourg et Colmar avec Rainer Maria Rilke, éditions Arfuyen, mars 2022, 264 pages, 18,50 €

 

On a toujours vainement rêvé de disposer de confidences (ou de simples notes de travail) d’un collaborateur, ou d’un simple camarade, de Shakespeare, mais, pour Rilke – le plus grand des poètes – on a ça. Gérard Pfister, qui édite ce livre, dit exactement (p.257) comment :

« Maurice Betz (1898-1946) a été le premier traducteur français de Rainer Maria Rilke. Durant plusieurs mois, en 1925, il a travaillé chez lui, à Paris, rue de Médicis, avec Rilke sur la traduction des Cahiers de Malte Laurids Brigge. Après la mort de Rilke il en a publié de nombreuses autres traductions, comme les Histoires du bon Dieu, le Chant de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke, les Lettres sur Cézanne… C’est en 1936, pour le dixième anniversaire de la disparition de Rilke, mort à 51 ans, que Maurice Betz a publié sous le titre Rilke vivant les souvenirs de ses entretiens ainsi que ses correspondances avec le poète. Cet ouvrage, paru chez Émile-Paul, n’a jamais été réédité. C’est pourtant un document de première importance pour la connaissance de Rilke ».

Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, Dits et maximes de vie choisis et présentés par Jacques Goorma (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Lundi, 04 Avril 2022. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Arfuyen, Poésie

Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, Dits et maximes de vie choisis et présentés par Jacques Goorma, mars 2022, 176 pages, 14 € Edition: Arfuyen

 

« Le jour fameux où la science aura capté l’énergie solaire – ce doit être d’une simplicité scandaleuse – nous maudirons les illustres inventeurs de lumignons et l’on ne manquera pas, je suppose, de pendre au plus haut réverbère quelque grand propriétaire de mine de charbon ou de puits de pétrole » (fr.174, 1929).

Saint-Pol-Roux, né Paul Roux à Marseille en 1861, a vécu quarante ans de XIXème siècle, et quarante de XXème. Il a été estimé de Mallarmé (qui l’appelait son « fils »), de Rodin, de Valéry, de Segalen, de Debussy, de Céline, de Jean Moulin, de Breton, de Max Jacob, de Daumal. Il a pourtant vécu assez vite retiré, dans la solitude et la gêne, en Bretagne, en y fondant famille heureuse, mais tragiquement éprouvée (il perd son fils Coecilian à Verdun, manque de perdre sa fille Divine en juin 40, grièvement blessée par un soldat allemand, qui s’en prend aussi à lui. Pendant leur séjour à l’hôpital, la maison est pillée et en partie brûlée, avec presque tous ses manuscrits ; il meurt quelques semaines plus tard. Sa maison finistérienne sera par ailleurs dévastée par des bombardements alliés en août 44 : ses ruines demeurent sur le promontoire de Camaret).

Un visage habituel, Jean-Claude Leroy (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 31 Mars 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie, Rougerie Editeur

Un visage habituel, Jean-Claude Leroy, éditions Rougerie, mars 2022, 64 pages, 12 €

 

« avec tous ces masques à leur place

j’ai bien vu que les visages sont inutiles

un chiffon fait très bien l’affaire » (p.47)

C’est une poésie, à la fois, de l’atteinte irrémédiable et de l’accès impossible. D’une fascination pour la guerre intérieure (la guerre qui a l’art de « trancher les visions » et « nettoyer les caves » ! (p.9) et d’un mépris horrifié pour l’extérieure (« les soldats se branlaient tristement »). De l’extraordinaire conscience que tout moi qui dure arrive à ses limites, vieillit en juge de moins en moins impartial de lui-même (« une mer traversée en dedans/ et dont nul marin ne témoigne » (p.25), et que pourtant le fou l’est précisément de chercher hors de lui son garde-fou, puisque « se défendre de soi-même/ est un apprentissage » (p.49). Auteur que l’essentiel angoisse mais que, dit-il (p.16) trahir son angoisse tuerait.

Ballade du vent et du roseau, Christian Viguié (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 24 Mars 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie, La Table Ronde

Ballade du vent et du roseau, Christian Viguié, La Table Ronde, mars 2022, 224 pages, 18 €

 

« J’aime bien ma pensée

lorsqu’elle est plus haute qu’une ortie

plus ronde qu’une pierre

Elle devient un objet concret

comme une clé qui ouvre une serrure

Il y a une serrure pour regarder un arbre

une serrure pour le ruisseau

une autre pour un mot

il y a aussi la serrure d’un éclair

pour que la pensée devienne un éclair… » (p.126) ==>

Ainsi parlait Montaigne, Dits et maximes de vie choisis et présentés par Gérard Pfister (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 16 Février 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Arfuyen

Ainsi parlait Montaigne, Dits et maximes de vie, janvier 2022, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Gérard Pfister Edition: Arfuyen

 

Le titre de l’œuvre de Montaigne (Les Essais) a, on le sait, inauguré le sens du genre littéraire essai (réflexion personnelle et libre sur un ou plusieurs thèmes croisés intéressant la vie des hommes). Et ce qu’essaie Montaigne, ce n’est ni « penser pour penser », ni non plus simplement « penser pour voir » (pour un hasard fécond d’enchaînement d’idées), mais bien : penser pour voir ce que ça changerait à vivre. « Et si l’effort de juger autrement pouvait nous aider à être ? », semble-il se demander toujours, nous conviant à nous en assurer. Et le miracle a lieu : en sollicitant constamment l’expérience de la vie (de la sienne et de celles dont il fut partie prenante, témoin, ou lecteur ), l’intelligence même de la vie se fait soudain transmissible.

Mon prof de Terminale disait carrément que Montaigne avait inventé la prose, Descartes la pensée, et Pascal la langue françaises. La prose, telle qu’il la parle en en parlant, c’est sûr :

« Le parler que j’aime, c’est un parler simple et naïf, pareil sur le papier qu’à la bouche ; un parler succulent et nerveux, court et serré, non pas tant délicat et peigné que véhément et brusque » (86).