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Petit éloge amoureux de l’Occitanie, Alain Monnier (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 21 Juin 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Petit éloge amoureux de l’Occitanie, Alain Monnier, éditions Privat, mai 2022, 190 pages, 17,90 €

L’Occitanie telle que cet auteur l’aime hors de lui, et la respecte en lui, est un Midi complexe (même géographiquement, de Toulouse à Nîmes, de Figeac à Foix), rude (sans pétanques ni plages) et caché (caché, justement, dans les pudiques âmes du Midi), mais certain. En croyant quitter son pays natal, on emporte bien plutôt avec soi le « fatras des origines » dont on pensait se débarrasser. En y revenant, ce qui nous en a (ou aurait) fait partir nous pardonne. Comme une odeur (ou une voix) oubliée traverse d’un coup toute une vie pour nous atteindre neuve, le passé fondateur d’un écrivain sort de son livre nous rejoindre. Nous sommes alors de son ici.

Alain Monnier (né à Narbonne en juillet 1954) est un homme (ouvert, fin, raisonnable et souriant) qui rend ici justice à une enfance heureuse (« Il est facile de grandir dans un milieu bienveillant », p.22), qui rend raison du ridicule de ses premiers émois (« Les amours de jeunesse sont rudes pour les âmes romantiques. Les tourments pour cette Nicole S. dont je n’avais même pas effleuré un sein furent quelque peu démesurés », p.74), qui rend hommage au courage vivant (sans protection ni ressources) – celui d’un Jankélévitch traqué et banni pendant la guerre –, opposé au courage confortable, purement médiatique et complaisant d’un Sartre en 70 :

Manuel de Réisophie pratique, Laurent Albarracin (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 08 Juin 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen, Poésie

Manuel de Réisophie pratique, Laurent Albarracin, éd. Arfuyen, 252 pages, mai 2022, 18 €

 

Un peu de courage et d’humour pour ne pas aussitôt fuir ce titre égarant et glacé, mais patience et attention récompensées, à loisir, par la lecture, en 224 brefs chapitres, d’un (étonnant, éclatant, complet) chef d’œuvre, comme on va voir, un des plus forts livres de poésie française récemment parus. C’est d’abord un manuel, non un traité : il s’agit de mettre sous la main (plutôt que directement devant les tempes) les notions essentielles d’un art. Quel art ? L’art, ni plus ni moins, de considérer véritablement les choses, ou, plus précisément – dit le néologisme réisophie (res : chose ; sophia : sagesse) – de saisir leur sagesse propre ; l’art de contempler le travail (inaperçu) fourni par les choses pour, chacune pour soi et entre elles, devenir, demeurer, et même disparaître, choses. Réisophie pratique, enfin, pour dire qu’en la matière, l’exercice vaudra seule observance, l’effort sur soi sera seule compréhension réussie de cet effort des choses sur elles-mêmes. Voilà, abstraitement, l’argument.

Comme si c’était hier, Ariane Dreyfus (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 01 Juin 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions Tarabuste

Comme si c’était hier, avril 2022, 292 pages, 15 € . Ecrivain(s): Ariane Dreyfus Edition: Editions Tarabuste

 

« La pelouse épanouie

“Venez courir ! Venez courir !”

La petite, l’éclat-fille,

Bondit hors du repas

Rapide comme une balle intacte

Puis roule dans le sommeil,

Carrosse jusqu’au jour,

Ce portail invisible.

Nous restons dans nos chaises

Où s’appuient nos entrailles.

Je t’écris de Bordeaux, Blessures et refleurissements, Giuseppe Conte (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 04 Mai 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen

Je t’écris de Bordeaux, Blessures et refleurissements, Giuseppe Conte, Arfuyen, Coll. Neige, avril 2022, trad. italien, Christian Travaux, édition bilingue, 240 pages, 18,50 €

Quand l’auteur, depuis Bordeaux, Gênes, Dublin ou Nice, écrit ces textes, il a, à l’entrée de ce siècle, 55 à 57 ans : son corps, purement et simplement, « décline » – et quoi de plus logique, mais aussi de plus absurde, qu’un fleuriste qui se fane ?

 

« Mon corps toi qui déclines comme décline

l’Europe

toi qui perds de la valeur peu à peu

comme la production

d’acier et de charbon

par rapport à l’électronique

Conversations avec Rainer Maria Rilke, Maurice Betz (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 14 Avril 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen

Conversations avec Rainer Maria Rilke, Maurice Betz, suivi d’un récit de Camille Schneider, De Paris à Strasbourg et Colmar avec Rainer Maria Rilke, éditions Arfuyen, mars 2022, 264 pages, 18,50 €

 

On a toujours vainement rêvé de disposer de confidences (ou de simples notes de travail) d’un collaborateur, ou d’un simple camarade, de Shakespeare, mais, pour Rilke – le plus grand des poètes – on a ça. Gérard Pfister, qui édite ce livre, dit exactement (p.257) comment :

« Maurice Betz (1898-1946) a été le premier traducteur français de Rainer Maria Rilke. Durant plusieurs mois, en 1925, il a travaillé chez lui, à Paris, rue de Médicis, avec Rilke sur la traduction des Cahiers de Malte Laurids Brigge. Après la mort de Rilke il en a publié de nombreuses autres traductions, comme les Histoires du bon Dieu, le Chant de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke, les Lettres sur Cézanne… C’est en 1936, pour le dixième anniversaire de la disparition de Rilke, mort à 51 ans, que Maurice Betz a publié sous le titre Rilke vivant les souvenirs de ses entretiens ainsi que ses correspondances avec le poète. Cet ouvrage, paru chez Émile-Paul, n’a jamais été réédité. C’est pourtant un document de première importance pour la connaissance de Rilke ».