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Roman

El Dorado, Robert Juan-Cantavella

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 17 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Le Cherche-Midi

El Dorado, novembre 2014, traduit de l’espagnol par Isabelle Gugnon (El dorado, 2008), 446 pages, 24,15 € . Ecrivain(s): Robert Juan-Cantavella Edition: Le Cherche-Midi

 

Ce que je veux dire, c’est que ce que je fais, ça, c’est difficile. Décrire la réalité, la vérité, ce qui se déroule sous mes yeux.

(…) Parce que, dites… ne nous y trompons pas, on a tous eu un jour envie de s’éclater, de gober ce mensonge, comme quoi il ne se passe rien et tout est contrôlable avec de la volonté, n’est-ce pas ?

(…) Une absurdité n’est pas toujours une connerie. Bien souvent, c’est même le contraire. Parfois les vérités sont modelées à partir du mensonge (…)

(…) Quand les montagnes russes et les piscines d’eau chaude seront fermées, il ne restera plus qu’eux, des centaines de ces énormes immeubles composées comme un sinistre Rubik’s cube de milliers d’appartements conçus sur le même modèle, dans six couleurs différentes au choix. Et à l’intérieur il y aura des milliers de gens.

(…) Comment redresser une bonne fois pour toutes ce monde qui ne devrait pas exister tel qu’il est. Diantre ! L’œuf ou la poule, qui est apparu en premier ?

Les coqs cubains chantent à minuit, Tierno Monénembo

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 14 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Seuil

Les coqs cubains chantent à minuit, janvier 2015, 188 pages, 17 € . Ecrivain(s): Tierno Monénembo Edition: Seuil

Comment dire cela d’une manière simple et claire ? Il y a comme une double nature à ce onzième roman de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo. C’est une lettre – pas un roman sous la forme imitée d’une lettre, non, c’est un récit romanesque pour ainsi dire classique, une longue narration qu’un Cubain nommé Ignacio Rodríguez Aponte, paumé et enfermé dans son île, adresse à un « ami » guinéen installé à Paris, du nom de Tierno Alfredo Diallovogui. Le récit est donc à la deuxième personne du singulier.

« Dans quel état seras-tu quand tu auras fini de lire cette lettre ? Prostré, hébété, hystérique ? Non, non… Plutôt muet, plutôt absent, perdu dans des pensées profondes et graves ; hiératique, marmoréen (une vraie statue maya) alors qu’un feu intérieur et vorace te dévore, viscères et âme. Granit angoissé, va ! »

De bout en bout, nous entendons la voix d’Ignacio et le silence de Tierno, et imaginons celui-ci tête penchée sur ce qu’il lit. A coup sûr, une lecture attentive, prenante, pensive car c’est rien de moins que l’élucidation du mystère qui recouvre les toutes premières années (décisives, comme on sait)  de sa vie et du sort de sa mère évaporée alors qu’il n’avait que cinq ans qui lui est livrée dans ces près de deux cents pages.

Big daddy, Chahdortt Djavann

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 13 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Big daddy, février 2015, 288 pages, 18 € . Ecrivain(s): Chahdortt Djavann Edition: Grasset

 

« Lorsque Big daddy m’a demandé ce que je voulais faire dans la vie, avec mon air le plus déterminé, je lui ai répondu : “Je veux entrer dans l’histoire”. Il a éclaté de rire et a posé la main sur ma tête : “C’est bien mon petit, c’est bien. Tu es digne d’être mon fils”. Je n’en croyais pas mes oreilles. “Ça te dit d’être mon fils, hein, ça te dit ?” – Oui, monsieur ai-je osé articuler ».

Ainsi débute Big daddy, le dernier roman de l’écrivain d’origine iranienne Chahdortt Djavann qui alterne romans, par exemple La Muette (Flammarion, 2008), pamphlets comme Bas les voiles ! (Gallimard, 2003), et essais, Ne négociez pas avec le régime iranien (Flammarion, 2009).

L’action se déroule aux États-Unis, dans l’Amérique profonde. Rody, un gamin latino-américain de treize ans, est condamné à perpétuité sans possibilité de liberté conditionnelle pour un triple assassinat. Son avocate commise d’office, Nikki Hamilton, va nouer avec lui une relation privilégiée qui va durer une dizaine d’années.

Les Variations Sebastian, Emily St. John Mandell

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 12 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Canada anglophone, Rivages/Thriller

Les Variations Sebastian (The Lola Quartet), Traduit de l’anglais (Canada) par Gérard de Chergé, février 2015. 309 p. 20 € . Ecrivain(s): Emily St. John Mandell Edition: Rivages/Thriller

 

La Floride, son soleil, ses plages, ses résidences pour retraités milliardaires ? Les publicités d’agences de voyages ou immobilières en prennent un coup mortel dans cet opus de Emily Saint John  Mandell. Air suffocant, quartiers pauvres et sales, bicoques immondes, canaux infestés d’une faune inquiétante, dans et hors de l’eau. En effet, que dire des humains ? Venimeux, rancuniers, impitoyables. Ce roman est une plongée au fond d’une Floride létale et de pensées humaines qui ne le sont pas moins.

« Le quartier avait été conçu, à la fin des années 50, pour être la Venise de la Floride, un paradis tropical où on pourrait se rendre en bateau chez son voisin pour un barbecue, mais les canaux qui passaient derrière les maisons avaient fini par rejoindre les marécages, en conséquence de quoi ils abritaient aujourd’hui une population de serpents et de lézards géants aux yeux scintillants. Les résidents voyaient parfois des pythons nager dans les canaux, ondoyants rubans dotés de crocs. A la lisière des jardins, lézards et varans observaient le monde des humains. Une habitante du coin jurait avoir vu un anaconda (…) »

Bleu éperdument, Kate Braverman

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 11 Mars 2015. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Quidam Editeur

Bleu éperdument, janvier 2015, traduit de l’anglais (USA) par Morgane Saysana, 245 pages, 20 € . Ecrivain(s): Kate Braverman Edition: Quidam Editeur

 

 

Elles sont plusieurs, et parfois elles semblent n’être qu’une, quelle que soit leur condition sociale, toutes ces femmes que l’on découvre au fil des pages de Bleu éperdument. Ces fragments de vie rassemblés comme autant de nouvelles nous plongent dans un état fiévreux, à grand renfort d’alcool, de drogues dures ou douces et d’échappées plus tropicales : Hawaï comme un appel, refuge autant que lieu de perdition au sens premier du terme. Des femmes, célibataires, divorcées, mariées, mères ou pas, et des hommes, absents, ombres fantômes ou tortionnaires, qui les retiennent, les plombent, les manipulent, les tyrannisent, souvent des ratés, des épaves qui les tirent vers le bas, ces mères souvent seules avec leur fille… D’ailleurs l’amour, s’il y en a, est principalement maternel. De cet amour béton qui fait tenir debout envers et contre tout.