Nouba, Michèle Bayar
Nouba, Michèle Bayar, mai 2014, 190 pages, 18 €
Ecrivain(s): Michèle Bayar Edition: La Cheminante
Nouba, une ode à la vie, une invitation à la fraternité !
Dans son dernier roman Nouba, Michèle Bayar met en scène une multitude de personnages et une palette humaine d’une grande variété. Entre coutumes traditionnelles, légendes ancestrales et mœurs contemporaines de notre société, les protagonistes de Nouba naviguent dans le milieu de la création artistique et avancent dans la vie avec les difficultés liées aux pressions sociales, notamment pour ces jeunes gens, le désir de leurs mères de les marier.
En 12 épisodes (12 heures) dans un jeu narratif proche de celui d’une sitcom, l’auteur présente l’histoire d’une famille méditerranéenne, de celles pour qui on ne déroge pas avec la tradition, matérialisée par les « chez nous » itératifs. Nous sommes pris entre l’angoisse des mères et l’émancipation des jeunes nés dans une époque libertaire qui tolère jusqu’à la liberté des filles ou la vie de bohème. Michèle Bayar y mêle même habilement les questions du handicap, de l’homosexualité et celles des liaisons sur internet. La vivacité des personnages et leur sincérité nous les rendent tous profondément attachants, grâce à une écriture dynamique, une plume vive et enjouée.
Parmi les protagonistes, Mabrouk par exemple, qui est musicien, présente dans son projet musical l’histoire de leurs origines oranaises, qu’il lie à celle de l’Andalousie de Ibd Rushd, philosophe de l’Espagne musulmane qui deviendra « Averroès pour les Latins ».
Ou Sarah, étudiante juive qui raconte chaque soir dans les bras d’Amine, son amant musulman, l’histoire de cette Andalousie. « Averroès utilisait des références coraniques pour argumenter ses commentaires sur Aristote, Moïse de Narbonne commentant Averroès utilisait des références bibliques et talmudiques ! Tu te rends comptes ? »
C’est bien dans une mise en abyme du récit, que Michèle Bayar fait passer dans un entrecroisement judicieux le désir des jeunes de respecter la tradition de leur famille et le conflit que génère en eux l’écartèlement de leurs différentes cultures.
Cette mise en abyme vient ainsi présenter au lecteur l’intention de son auteur, nous entraîner dans uneNouba (fête) de la vie ! En effet, dans Nouba, Michèle Bayar ne cesse de tresser les fils de nos similitudes, d’un peuple à l’autre, l’humanité est UNE. Elle rappelle cette évidence que ce sont nos différences qui fondent nos richesses partagées.
Ce n’est pas un hasard si c’est d’une rencontre avec Pedro Soler, le musicien et compositeur de flamenco, qu’est né Nouba. Pedro qui dit : « la parenté évidente entre le mode du tiento flamenco et le rag bairavi d’Inde et d’Afghanistan, entre la préparation vocale du chanteur flamenco en prélude et le taqsin du chanteur arabe de même la voix du muezzin appelant à la prière ».
Marie-Josée Desvignes
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