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Price, Steve Tesich

Ecrit par Victoire NGuyen 09.04.15 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Monsieur Toussaint Louverture

Price, août 2014, trad. de l’Américain par Jeanine Hérisson, 537 pages, 21,90 €

Ecrivain(s): Steve Tesich Edition: Monsieur Toussaint Louverture

Price, Steve Tesich

 

« Et soudain, l’été »

Daniel Price vient d’avoir dix-huit ans. Il va terminer ses études secondaires et avoir son diplôme. Cependant, il a perdu son combat de lutte. De ce fait, il n’aura pas la bourse universitaire qui lui aurait permis de quitter East Chicago. L’été est là et Daniel ainsi que ses deux amis de lycée déambulent dans les rues de cette ville ouvrière sans savoir encore ce que l’avenir leur réserve. Mais ceci n’est que de courte durée : l’agonie puis la mort de son père, sa rencontre avec la mystérieuse et indécise Rachel vont définitivement faire basculer Daniel dans la vie adulte…

Price est un roman fait de bruits et de fureurs. C’est la fureur de vivre et d’aimer avant que le destin ne s’en mêle pour tout détruire. C’est le temps des serments inutiles, des amitiés fragiles. Le lecteur suit les déconfitures de Daniel et voit dans sa souffrance l’amorce d’une destinée hors du commun : le roman s’achève sur une note d’espoir, un changement d’identité permettant peut-être au jeune homme dépouillé de ses rêves de devenir écrivain. Mais pas avant l’événement cathartique.

En effet, l’été des dix-huit ans de Daniel s’achève sur un incendie provoqué par Larry, un des amis inséparables de notre protagoniste. Larry part, sort du champ narratif comme si son rôle était de purifier l’atmosphère poisseuse de cette ville industrielle. Il allume le feu et tout brûle, tout flambe. Il allume le feu, un feu salvateur permettant à Daniel de brûler les vaisseaux qui le relient à son passé. Daniel, débarrassé de son amour sans lendemain et de sa ville, peut alors goûter à la liberté…

Dans une prose rythmique tantôt poétique tantôt empreinte de violence, Steve Tesich traduit ici l’émotion, le sentiment intense de la vie et de la mort qui percutent de plein fouet les fougues de la jeunesse. Price, de ce fait, peut s’apparenter à un roman d’apprentissage. C’est l’éveil, non au principe de réalité ou à la médiocrité de la vie adulte mais à la liberté. Daniel va suivre sa voie. Il a testé l’écriture et semble l’aimer car elle apaise et calme ses tourments. Alors que ses amis successivement se marient, Daniel devient caméléon, change d’identité et s’éveille à l’appel de l’écriture. Price est un roman porteur de promesse et d’espoir. Daniel Price est à l’opposé de Karoo, un autre protagoniste de la prose de Steve Tesich. Si Karoo devient cynique le soir de sa vie, Daniel n’est qu’à l’aube de son existence. Tout pour lui est appelé à être et à se concrétiser. Daniel se métamorphose et devient James Donovan :

« Aujourd’hui, j’ai quitté l’endroit où j’ai grandi, convaincu que le destin n’est qu’un mirage. Pour autant que je sache, il n’y a que la vie, et je me réjouis à l’idée de la vivre.

Ainsi commençait le journal de James Donovan.

Et je m’en allai par le monde ».

 

Victoire Nguyen

 


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A propos de l'écrivain

Steve Tesich

Steve Tesich (1942-1996), écrivain, dramaturge et scénariste américain né en Yougoslavie. Il a notamment adapté pour le cinéma le roman Le Monde selon Garp de John Irving. Il a reçu en 1979 l’Oscar du meilleur scénario pour La Bande des quatre (film réalisé par Peter Yates).


A propos du rédacteur

Victoire NGuyen

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Un peu de moi…

Je suis née au Viêtnam en 1972 (le 08 Mars). Je suis arrivée en France en 1982.

Ma formation

J’ai obtenu un Doctorat es Lettres et Sciences Humaines en 2004. J’ai participé à des séminaires, colloques et conférences. J’ai déjà produit des articles et ai été de 1998 – 2002 responsable de recherche  en littérature vietnamienne dans mon université.

Mon parcours professionnel

Depuis 2001 : Je suis formatrice consultante en communication dans le secteur privé. Je suis aussi enseignante à l’IUT de Limoges. J’enseigne aussi à l’étranger.

J'ai une passion pour la littérature asiatique, celle de mon pays mais particulièrement celle du Japon d’avant guerre. Je suis très admirative du travail de Kawabata. J’ai eu l’occasion de le lire dans la traduction vietnamienne. Aujourd’hui je suis assez familière avec ses œuvres. J’ai déjà publié des chroniques sur une de ses œuvres Le maître ou le tournoi de go. J’ai aussi écrit une critique à l’endroit de sa correspondance (Correspondance 1945-1970) avec Mishima, auteur pour lequel j’ai aussi de la sympathie.