Fuir là-bas, fuir écrivait Mallarmé dans sa célèbre Brise marine. C’est en effet souvent le désir de fuir qui provoque nos départs pour d’autres coins du monde, d’autres cieux et d’autres odeurs. C’est cette fuite de soi et de son histoire qui poussa l’auteur à faire le voyage pour ce pays de volcans et de vestiges mayas qu’est le Guatemala. Même lorsque l’on peut prétendre ne pas aimer les voyages et les explorateurs (1), il y a souvent un espoir imaginaire, ou un espoir d’imaginaire qui nous pousse en avant, toujours plus loin, toujours ailleurs.
Ici c’est une rupture amoureuse qui sera le déclencheur du grand voyage, de l’espoir du grand voyage au-delà des mers. Il y aura aussi un guide, grand voyageur de mots et découvreur de mondes, intérieurs autant que réels, en la personne du poète Henri Michaux et de son Ecuador (1929). Nous voilà bien loin du « routard » qui, fort du guide du même nom (ou de son Lonely Planet s’il est anglophone), entreprend de « se faire le Guatemala », de dérober quelques images à épingler sur un quelconque mur, virtuel ou réel. Sans emballements ou enthousiasme convenus, voire avec une certaine désillusion, Jacky Essirard contemple ce monde d’ailleurs qui vit sa vie, ordinaire, sans mises-en-scènes photogéniques, sans faire le spectacle, sans misérabilisme déplacé. Plutôt indifférent à ce voyageur semblable à beaucoup d’autres.