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Récits

L’écume des voyages, Vincent Jacq

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 16 Mars 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Voyages

L’écume des voyages, La Nouvelle Escampette, octobre 2016, 224 pages, 16 € . Ecrivain(s): Vincent Jacq

 

L’écume des voyages est une publication originale qui regroupe trois récits : Lisbonne, nuits intranquilles (poèmes) ; Vingt-trois moments de l’embouchure, des « clichés » écrits à Rabat dans les années 1980 et publiés en 1993 après « remuement de la langue », et surtout : Odeur d’encre, odeurs d’îles, un recueil de textes publié en 1991, peu connu du grand public ni des amateurs de littérature de voyage, et pourtant très littéraire et très voyageur.

« Plus on découvre de villes, de paysages, plus le mystère s’affine, et on parvient parfois à démêler quelques-unes de ses propres obsessions à mesure que chacune revêt le visage d’un lieu ».

Au fil d’une trentaine de chapitres, Vincent Jacq nous entraîne dans ses lieux, dans ses lectures, dans ses voyages, dans ses obsessions peut-être, en tous les cas dans une sorte d’abécédaire (mais sans ordre) de l’histoire des voyages, avec des thèmes variés.

Trois saisons à Venise, Matthias Zschokke

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 20 Février 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Zoe

Trois saisons à Venise, novembre 2016, trad. allemand Isabelle Rüf, 384 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Matthias Zschokke Edition: Zoe

 

Matthias Zschokke est invité en 2012 à Venise par une fondation qui met à sa disposition un appartement en plein cœur de Venise. Ce sont trois saisons qu’il va mettre à profit pour « travailler », c’est en tout cas son désir, et l’idée de se retrouver en plein cœur de la Sérénissime ne peut, pense-t-il, que faciliter ce travail, sauf que, une fois sur place, il va partager son bonheur en écrivant des courriels à son frère, à sa tante, à son éditeur et à certains de ses amis et à des relations professionnelles.

Dans les réponses qu’il adresse à « l’ami de Cologne », il décrit un quotidien ordinaire à Venise : « Sous mes fenêtres glissent des gondoles, des bateaux-cargos avec des pianos, de temps en temps des pompiers, des ambulances, des bateaux-taxis, avec au fond un Dottore ou un Onorevole, qui rentre chez lui ou va au théâtre… ». On imagine sans peine ce que le lecteur à Cologne peut ressentir à la lecture de ce courriel.

Complot à Paris, Christian Lestavel

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 09 Février 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Complot à Paris, Editions les indés, décembre 2016, 242 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Christian Lestavel

 

« Sommes-nous tout juste bons à reproduire incessamment les mêmes erreurs, comme le font à chaque saison ces milliards de bestioles ? (l’auteur évoque les milliers de fourmis volantes qui viennent s’immoler sur l’ampoule brûlante d’un réverbère) Ou sommes-nous la seule erreur de cette même nature qui finira par regretter de nous avoir engendrés ? Monstres ? Démons ? Ne sommes-nous pas nous-mêmes cette lumière, cette chaleur qui fait de chacun de nous un prédateur dénué de conscience ? A moins que nous ne soyons aussi nos propres proies ? » pose Christian Lestavel en préambule de son livre Complot à Paris, avant de nous précipiter magistralement dans la violence du massacre de septembre 2009, perpétré à Conakry par Dadis Camara et ses sbires.

Moussa Dadis Camara… La plupart d’entre nous ne sauraient mettre un visage sur ce nom. Un capitaine de l’armée guinéenne, président auto-proclamé et dictateur dézingué comme il y en a tant en Afrique et dans bien d’autres pays. Les uns, la grande majorité dite civilisée, déambulent tous frais payés, de leurs bureaux douillets en G7, 8 ou 20, et d’un trait de plume mettent sous paraphe le destin des peuples et des individus. Les autres, une minorité, s’encombrent moins de tergiversations diplomatiques et d’effets de manche. Shootés à leur propre folie, ils y vont carrément à la machette et à la mitraillette.

Bribes d’une décennie à l’ombre, Mohamed El Khotbi

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 06 Février 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Maghreb

Bribes d’une décennie à l’ombre, Kalimate Edition (Rabat, Maroc, 2012), 141 pages, 10 € (au Maroc 50 DH) . Ecrivain(s): Mohamed El Khotbi

 

Mohamed El Khotbi, enlevé en pleine nuit en 1972 par la police, a passé en prison dix des années de plomb qu’a connues le Maroc sous le règne de Hassan II. C’est cette expérience douloureuse qui constitue l’objet de cet ouvrage. Si l’époque et les circonstances évoquent immédiatement les œuvres d’Abdellatif Laâbi, la tonalité et le mode d’expression de ces « bribes » en sont totalement différents.

Notre auteur brosse, simplement, en une douzaine de chapitres, sans linéarité artificielle, sans montage romanesque, une série de tableaux montrant des choses vécues. On n’est pas dans le roman. Le dessein est clair : il s’agit à la fois d’exprimer la monotonie, la banalité, la médiocrité des jours et des jours d’enfermement, et d’en faire émerger les pauvres faits divers qui parviennent à rompre par ci par là la déprimante régularité des rythmes carcéraux et des rituels collectifs et individuels. Certes la souffrance personnelle est perceptible, mais elle reste, pudiquement, non-dite. Pour prendre de la distance, l’auteur se dédouble. Dans la préface, son propre personnage est présenté par Jamal Bellakhdar, un de ses compagnons du militantisme étudiant des années soixante au Maroc.

Attachement féroce, Vivian Gornick

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 31 Janvier 2017. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Rivages

Attachement féroce (Fierce Attachments), traduit de l’américain par Laetitia Devaux, Février 2017, 222 p. 20 € . Ecrivain(s): Vivian Gornick Edition: Rivages

Quelques clichés dans les premières pages, inévitables dans la période où le livre a été écrit (1985) : la mère juive, les rues juives de New York. Mais qu’on se rassure pleinement, l’intelligence et la justesse du trait de Vivian Gornick emportent très vite l’adhésion, et s’éloignent de tout pathos pour bâtir le superbe récit d’une terrible histoire de femmes.

Une mère juive prototypique (et communiste au demeurant, dans les années 50 ça se faisait beaucoup). Une fille juive qui ne l’est pas moins mais que la modernité aspire vers l’émancipation sociale, sexuelle. Toutes les deux sont soudées par un lien monstrueux, fait de passion. Passion filiale et maternelle, tissée par un authentique amour et une haine farouche non moins authentique.

Le cadre de cette liaison – on peut parler de liaison au sens amoureux du terme – c’est New York. Pas le New-York gigantesque et flamboyant dont on a l’habitude en littérature. Un New York-Village, provincial, presque rural, dans lequel les deux femmes habitent le quartier juif, entre le Bronx, Brooklyn et Manhattan. Un village que mère et fille arpentent avec conviction, rue après rue, à pied le plus souvent, parfois en bus et qui, peu à peu, se constitue en décor topographique au roman.