Un des grands livres, sinon « le » livre sur la grande Guerre, écrit, dans le même temps que les faits, à la manière d’un reportage heure par heure, « Journal d’une escouade » en étant le sobre sous-titre. Le titre lui-même – trois lettres tirées à bout portant, lumière d’un autre monde de cauchemars – vise dès l’ouverture du livre son lecteur au cœur.
Le feu, Goncourt 1916 – en un temps où les Goncourt pesaient vraiment en termes de talent et d’importance. Cent ans et pas une ride. Chef d’œuvre absolu. On lit le Barbusse, et après, on voit.
Mieux que toutes les images des archives – même recolorisées – plus fort que les banques de sons rameutant les bruits éraillés des obus et fusées des plaines du Nord, ces 400 pages incontournables donnent – pour ceux qui en douteraient – à la littérature, à la force des mots seuls, la place tout en haut du podium, face à l’Histoire. « Voyage au bout de l’enfer », a dit, en un autre temps, un film sur une autre guerre. On y est.