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Métailié

 

Les Éditions Métailié ont été fondées en 1979, avec un capital permettant de financer la fabrication de trois livres. Les dix premières années ont été pour Anne Marie Métailié, sa fondatrice, des années de formation sur le tas et de construction des structures d'un catalogue qui, d'abord orienté vers les sciences sociales avec les collections Traversées, dirigée par Pascal Dibie, et Leçons de Choses, dirigée par Michael Pollak et Luc Boltanski, s'est tourné progressivement vers la littérature étrangère avec pour commencer le Brésil, Machado de Assis et Carlos Drummond de Andrade, et le Portugal avec Antonio Lobo Antunes, José Saramago et Lídia Jorge.

Au terme de ces années d'apprentissage, l'entrée de la maison dans le système de diffusion du Seuil et la publication d'un inconnu dont le bouche à oreille fera un best-seller - Luis Sepúlveda, Le Vieux qui lisait des romans d'amour - créent les conditions d'une meilleure présence en librairie et une stabilisation de la maison qui lui permet de s'ouvrir à de nouvelles découvertes et de nouveaux paris.

 

Ni vivants ni morts, Federico Mastrogiovanni (2ème critique)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 03 Mars 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Ni vivants ni morts, février 2017, trad. espagnol François Gaudry, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Federico Mastrogiovanni Edition: Métailié

 

Un époustouflant travail de journaliste sur un sujet qui fait frémir, donne des frissons dans le dos : la disparition forcée au Mexique.

Fruit d’une longue enquête d’investigation, semée d’aléas – on est dans un pays qui occupe militairement le territoire, sans oublier les nervis et autres surveillances –, le livre relate, par entretiens interposés, l’histoire réelle de nombreuses disparitions dans un pays troublé, victime d’actions violentes de groupes paramilitaires et d’autorités policières qui n’ont rien du travail de protection des populations civiles.

L’essai montre à suffisance le rôle négatif des gouvernements mexicains et leurs liens avec les groupes les plus violents (les Zetas, par ex.).

Rencontrant les victimes, familles des victimes – qui luttent pour une reconnaissance des disparitions forcées –, l’auteur a parcouru le Mexique de long en large pour attester de la terreur imposée à la population et s’interroger sur les causes du phénomène.

Ni vivants, ni morts, Federico Mastrogiovanni

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 28 Février 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Ni vivants ni morts, février 2017, trad. espagnol (Mexique) François Gaudry, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Federico Mastrogiovanni Edition: Métailié

 

Ce livre est terrifiant, il donne la nausée et ici le macabre n’est pas juste un folklore. Le Mexique a déjà une très longue histoire de violence et de luttes, mais on aimerait croire aujourd’hui que le pire est derrière. On se souvient notamment de la date du 2 octobre 1968, où plus de 200 étudiants sont assassinés lors d’une manifestation.

Le Mexique est donc une république démocratique et la population doit pouvoir faire confiance aux institutions, et au gouvernement qu’elle a élu. Confiance dans les efforts du gouvernement actuel pour lutter contre le crime organisé et réduire les inégalités, protéger ses citoyens. Nombreux d’ailleurs sans doute sont ceux qui ont confiance ou qui en tout cas n’ont pas envie de creuser au-delà du message officiel. Seulement voilà, il y a des faits et il y a des chiffres, et même si on s’en tient aux officiels, ces chiffres sont déjà effarants et ils ne cessent de grimper de façon exponentielle depuis 2006. Ces chiffres sont ceux des disparus, les ni vivants ni morts, celles et ceux dont les familles ne peuvent faire le deuil, trouver un peu de paix dans la certitude de savoir au moins la vérité, de pouvoir récupérer un corps, un morceau de corps, des ossements, « des lambeaux de vêtements en putréfaction », quelque chose à quoi se raccrocher, quelque chose à quoi donner une sépulture et une mémoire.

Le fils de mille hommes, Valter Hugo Māe

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 31 Octobre 2016. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman, La rentrée littéraire

Le fils de mille hommes, septembre 2016, trad. portugais Danielle Schramm, 192 p. 18 € . Ecrivain(s): Valter Hugo Mãe Edition: Métailié

Déjà remarqué pour L’Apocalypse des travailleurs, son premier roman pour lequel il avait reçu le prix Saramago, Valter Hugo Māe revient ici avec un roman prenant, qui nous plonge sans ménagement dans les noirceurs de l’âme humaine ; mais pas les spectaculaires, non, plutôt les noirceurs banales, quotidiennes, les petites et grandes lâchetés, la bêtise commune, qui peuvent provoquer tout autant de malheur et de désespoir autour d’elles. Ce qui surprend, c’est que s’il nous conduit là où meurt tout espoir, c’est pour nous hisser jusqu’à la lumière, nous montrant ce que l’humain peut aussi avoir de plus beau et qui est d’une telle simplicité qu’on se demande vraiment pourquoi cela reste tellement hors de notre portée.

C’est vraiment un grand écart qui est réalisé ici, et Le fils de mille hommes devient une sorte de roman-médecine. Après avoir posé les bases, Valter Hugo Māe nous raconte plusieurs histoires où on découvre les origines, le vécu douloureux, difficile et même sordide des différents protagonistes, puis un fil va venir ensuite coudre ensemble toutes ces histoires. Ce fil passe par Crisóstomo, un petit pêcheur de 40 ans, un homme bon mais désespérément seul. Or, c’est cet immense désir de l’autre, soutenu par la générosité qu’il a en lui, qui va permettre de réunir en une grande famille hétéroclite une bonne partie des personnages malmenés et estropiés de ce roman. Il serait dommage de trop en dire, mais l’essentiel tient en un mot : l’amour. L’amour qui surpasse tout, transforme tout, panse les plaies, rend beau ce qui était laid, dissout les préjugés.

Lagos Lady, Leye Adenle

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 26 Octobre 2016. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman

Lagos Lady, mars 2016, trad. anglais (Nigeria) David Fauquemberg, 333 pages, 20 € . Ecrivain(s): Leye Adenle Edition: Métailié

 

Guy Collins, jeune journaliste britannique au service d’une start-up londonienne qui peine à démarrer, se porte volontaire pour un reportage au Nigéria.

Qu’allait-il faire dans cette galère ?

Le soir même de son arrivée à Lagos, allé boire un verre dans un bar où il est immédiatement abordé par des racoleuses, il se retrouve sur les lieux d’un crime horrible perpétré en face de la taverne sur la personne d’une jeune prostituée à qui les meurtriers ont sectionné les seins.

Embarqué par la police, il fait bien malgré soi la connaissance de l’inspecteur Ibrahim et découvre avec épouvante les méthodes expéditives et définitives du sergent Hot-Temper qui envoie devant lui directement en enfer d’une balle dans la tempe deux personnes qui viennent d’être arrêtées.

Voilà pour donner une petite idée de l’ambiance qui happe le lecteur dès les premiers chapitres de ce roman galopant.

Paula T. une femme allemande, Christoph Hein

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 20 Septembre 2016. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman

Paula T. une femme allemande, trad. allemand Nicole Bary, 487 pages, 12 € . Ecrivain(s): Christoph Hein Edition: Métailié

 

 

Le titre du roman de Christoph Hein est éponyme de celui du film de Fassbinder, Lola une femme allemande. Paula Trousseau, c’est son nom, est une femme qui tombe très tôt victime de l’autoritarisme familial, en proie à un père épouvantable, violent qui ne laisse guère la voix au chapitre dans le cadre étouffant du giron familial. Elle perçoit, très vite, les pires inconvénients du mariage et entrevoit ses conséquences comme un abandon, comme l’entrée dans une prison dont les clés ne se rouvriront pas de sitôt :

« Avec le mariage, j’allais être à nouveau enfermée dans une maison et la seule chose que je serais en droit d’espérer serait le quotidien de la vie conjugale, les enfants, et pour finir la vieillesse et la mort ».