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Métailié

 

Les Éditions Métailié ont été fondées en 1979, avec un capital permettant de financer la fabrication de trois livres. Les dix premières années ont été pour Anne Marie Métailié, sa fondatrice, des années de formation sur le tas et de construction des structures d'un catalogue qui, d'abord orienté vers les sciences sociales avec les collections Traversées, dirigée par Pascal Dibie, et Leçons de Choses, dirigée par Michael Pollak et Luc Boltanski, s'est tourné progressivement vers la littérature étrangère avec pour commencer le Brésil, Machado de Assis et Carlos Drummond de Andrade, et le Portugal avec Antonio Lobo Antunes, José Saramago et Lídia Jorge.

Au terme de ces années d'apprentissage, l'entrée de la maison dans le système de diffusion du Seuil et la publication d'un inconnu dont le bouche à oreille fera un best-seller - Luis Sepúlveda, Le Vieux qui lisait des romans d'amour - créent les conditions d'une meilleure présence en librairie et une stabilisation de la maison qui lui permet de s'ouvrir à de nouvelles découvertes et de nouveaux paris.

 

Le charme des sirènes, Gianni Biondillo

Ecrit par Zoe Tisset , le Mercredi, 29 Novembre 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Italie

Le charme des sirènes, octobre 2017, trad. de l'italien par Serge Quadruppani, 341 pages, 21 € . Ecrivain(s): Gianni Biondillo Edition: Métailié

 

Nous sommes à Milan, l’intrigue tourne autour du meurtre d’un top-modèle à un grand défilé de mode. L’inspecteur Ferraro chargé de l’enquête est lui plutôt issu du milieu populaire et a gardé des amis « peu recommandables » comme Mimmo. « Du calme mon cul, gronda Mimmo à l’adresse du costaud. Déjà, qu’il fait une putain de chaleur et vous avec tout c’te bordel, vous m’avez réveillé ! Même les gamins dans la cour de l’immeuble savaient qu’à certaines heures, il valait mieux éviter de réveiller l’Animal ». Leur relation repose sur un mutuel respect et sur beaucoup de faux-semblants. « Depuis des années, Ferraro faisait semblant de ne pas savoir comment Mimmo gagnait sa vie, lequel Mimmo de son côté, faisait semblant d’être un informateur de Ferraro. Ils étaient clou et L’Animal ».

En  même temps, dans le sud de l’Italie nous assistons à une rencontre improbable entre Moustache, un clochard, et Aïcha, une enfant immigrée esseulée, à la recherche d’un frère disparu soudainement. Aïcha qui découvre le monde moderne, technique et opulent de l’occident : « Si elle n’avait pas été inquiète pour son frère, il lui aurait semblé se trouver dans une fable où se passent des choses très curieuses : sèche-main d’air, vieux sages immortels, escaliers qui bougent, trains dans le ventre de la terre ».

La Femme de l’ombre, Arnaldur Indridason

, le Mercredi, 22 Novembre 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

La Femme de l’ombre, octobre 2017, trad. Eric Boury, 340 pages, 21 € . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

 

Un double mystère et deux enquêtes parallèles constituent la trame de ce roman policier d’une rare intensité. Un horrible meurtre a été commis près d’un bar à soldats tandis que le corps d’un noyé vient d’être repêché près des côtes islandaises. Au cours des investigations croisées menées par deux jeunes policiers, Flovent et Thorson, les personnages interrogés se dévoilent et se fracturent simultanément : chacun d’eux charrie sa propre histoire, porte le poids de son secret, agit selon ses motivations personnelles, hormis qu’aucune histoire n’est banale, aucun secret n’est anodin, ni aucune motivation superficielle. C’est que nous sommes en 1943 et que la situation historique renvoie chacun des protagonistes à ses propres démons, or ceux-ci sont d’autant plus monstrueux qu’ils représentent les maillons infimes de la cruauté collective d’une époque tristement célèbre pour ses atrocités. Dans une Islande occupée par les Américains, le lecteur se retrouve dès lors immergé dans une atmosphère infestée par la guerre, qui interroge, éclaire, motive les actes les plus effroyables, sans pour autant les légitimer. Aux lecteurs donc de s’attendrir ou de se révolter et de s’interroger sur la notion de culpabilité.

Les ombres de l’Araguaia, Guiomar de Grammont

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman, La rentrée littéraire

Les ombres de l’Araguaia, septembre 2017, trad. brésilien Danielle Schramm, 232 pages, 18 € . Ecrivain(s): Guiomar de Grammont Edition: Métailié

 

Ce roman dédié « aux familles de tous les disparus politiques du Brésil, surtout à leur mères et leurs sœurs », aborde un passage obscur de la lutte contre la dictature dans les années 70, quand des jeunes étudiants épris de justice sociale avaient dans l’idée de libérer leur pays. Quelques-uns d’entre eux sont même allés se former à Cuba aux techniques de guérillas, et les chefs de la guérilla jusqu’en Chine maoïste.

Dehors les bate-paus et les grileiros !

Morts aux généraux fascistes !

A bas la dictature militaire !

Vive la terre libérée pour que le peuple vive et travaille !

Vive les Forces guérilleras de l’Araguaia !

Vive le Brésil libre et indépendant !

Le neveu d’Amérique, Luis Sepúlveda

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 09 Octobre 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Le neveu d’Amérique, traduit de l’espagnol (Chili) par François Gaudry, 174 pages, 9 € . Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Métailié

 

Des notes disséminées, prises au cours d’un voyage, un très long voyage étalé sur des années, voyage intérieur autant que de kms parcourus, qui mena l’auteur d’une des plus infâmes prisons de la dictature chilienne, celle de Temuco, où il passera deux années et demi de sa jeunesse, jusqu’à Martos en Andalousie, village natal de son grand-père anarchiste, exilé lui aussi, afin de tenir une promesse faite à ce dernier. Pour cela, il lui faudra errer à travers une bonne partie de l’Amérique du sud pendant très longtemps. Errance épique avec le poids de cette interdiction de quitter le continent, le poids d’une seule stupide et incompréhensible lettre qui marque son passeport.

Une vieille chanson chilienne dit : « Le chemin a deux bouts et aux deux quelqu’un m’attend ». L’ennui c’est que ces deux bouts ne limitent pas un chemin rectiligne, mais tout en courbes, lacets, ornières et détours, qui ne conduisent nulle part.

L’été des noyés, John Burnside

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 25 Septembre 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

L’été des noyés, trad. anglais (Écosse) Catherine Richard, 326 pages, 12 € . Ecrivain(s): John Burnside Edition: Métailié

 

L’été des noyés démarre comme un thriller, dans une atmosphère déjà très particulière, puisque se déroulant à Kvaløya, une île tout au nord de la Norvège, dans le cercle arctique dont l’été est propice aux insomnies et aux hallucinations, avec son jour quasi permanent – le fameux soleil de minuit. Très vite cependant, l’auteur nous fait basculer nous-mêmes dans un sorte de torpeur, entre rêve et cauchemar. Nous tombons dans la tête de Liv, la narratrice, un peu comme Alice tombe dans le trou en suivant le lapin blanc. Ici le lapin blanc, c’est le lieu lui-même. Cette île coupée du monde, ce nulle part. C’est là que Liv, jeune fille de 18 ans, vit en permanence avec sa mère, Angelika Rossdal, peintre célèbre qui a choisi, pour travailler, une vie de recluse dans cette grande maison de bois peinte en gris, au cœur de laquelle son atelier fait figure de sanctuaire. Ce qui ne l’empêche pas de recevoir des journalistes ou un groupe d’admirateurs locaux, les prétendants, comme les appelle Liv, pour un thé chaque samedi. Liv qui vient de terminer sa scolarité ne semble pas souffrir de cette vie isolée et n’a pas de projets. Elle ne connaît pas son père et elle a un seul ami, un vieil homme qui ne vit pas très loin et qui la nourrit d’histoires et de légendes liées à ces lieux, eux-mêmes déjà assez irréels.