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Métailié

 

Les Éditions Métailié ont été fondées en 1979, avec un capital permettant de financer la fabrication de trois livres. Les dix premières années ont été pour Anne Marie Métailié, sa fondatrice, des années de formation sur le tas et de construction des structures d'un catalogue qui, d'abord orienté vers les sciences sociales avec les collections Traversées, dirigée par Pascal Dibie, et Leçons de Choses, dirigée par Michael Pollak et Luc Boltanski, s'est tourné progressivement vers la littérature étrangère avec pour commencer le Brésil, Machado de Assis et Carlos Drummond de Andrade, et le Portugal avec Antonio Lobo Antunes, José Saramago et Lídia Jorge.

Au terme de ces années d'apprentissage, l'entrée de la maison dans le système de diffusion du Seuil et la publication d'un inconnu dont le bouche à oreille fera un best-seller - Luis Sepúlveda, Le Vieux qui lisait des romans d'amour - créent les conditions d'une meilleure présence en librairie et une stabilisation de la maison qui lui permet de s'ouvrir à de nouvelles découvertes et de nouveaux paris.

 

Les buveurs de lumière, Jenni Fagan

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 12 Septembre 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire

Les buveurs de lumière, août 2017, trad. anglais (Écosse) Céline Schwaller, 304 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jenni Fagan Edition: Métailié

 

Si le contexte des buveurs de lumière est une dystopie – nous sommes en 2020 et la planète entière bascule dans une ère glaciaire –, ce qui nous est raconté est très intimiste et contraste nettement avec le chaos dans lequel plonge le monde. Bien que la plupart des personnages soient plus ou moins des marginaux, ils en ressortent surtout splendidement ordinaires, juste humains, avec peut-être un peu plus de courage, d’amour et de douceur que la norme, ce que les difficultés de la situation ne font que mettre en lumière.

Dans la petite communauté de Clachan Fells située au nord de l’Écosse, Stella et Constance, sa mère, vivent en caravane, dans un quartier de caravanes au pied des montagnes, entre des champs, une zone industrielle, une grande décharge et la mer. Quartier qui abrite une faune hétéroclite, star du porno, couple sataniste…, chacun vivant plus ou moins dans sa bulle sans déranger les autres et se débrouillant comme il peut. L’hiver est déjà habituellement rude dans la région, mais cette fois il est plus qu’hors norme. Les températures chutent peu à peu jusqu’à atteindre -56 au mois de mars, un immense iceberg dérive vers le port et la petite vie de l’agglomération est complètement chamboulée.

L’empereur d’Amazonie, Marcio Souza

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 28 Août 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman

L’empereur d’Amazonie, mai 2017, trad. Portugais (Brésil) Béatrice de Chavagnac, 224 pages, 10 € . Ecrivain(s): Marcio Souza Edition: Métailié

 

« Au-delà de l’équateur, tout est permis (Proverbe portugais du XVe siècle)

Pas tout (Luiz Galvez, détrôné) »

 

Ce roman est volontairement un pastiche de roman-feuilleton, un récit construit en une suite de textes extrêmement courts portant chacun un gros titre en majuscule, comme s’il paraissait dans un journal, mais sous ses faux airs populaires, c’est un roman dense et érudit qui tient son lecteur en haleine. Un roman que l’on peut qualifier sans hésiter de picaresque, irrévérencieux et loufoque, mais fidèle d’une certaine façon à la réalité des lieux et de l’époque prise dans une forme de folie. Le récit prend place en Amazonie à la fin du XIXème, en plein boom du caoutchouc, et nous conduit jusque dans la région de l’Acre que se sont disputée à cette période la Bolivie et le Brésil, avec comme toujours les intérêts américains en arrière-plan.

La Reine Ginga, José Eduardo Agualusa

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 01 Juin 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman

La Reine Ginga, avril 2017, trad. Portugais (Angola), Danielle Schramm, 232 pages, 21 € . Ecrivain(s): José Eduardo Agualusa Edition: Métailié

 

Le roman de Jose Eduardo Agualusa est multithématique et confine à des genres très variés : Francisco, le personnage principal, est un jeune prêtre brésilien, métis d’Indien et de Portugais. Il débarque bientôt à Luanda pour devenir secrétaire de la Reine Ginga, reine d’une grande partie du territoire de ce qui va devenir l’Afrique lusophone. C’est l’Afrique des seizième et dix-septième siècle qui sert ici de décor, l’Afrique de la colonisation européenne, mais aussi des confrontations des civilisations. Le récit, parsemé de bout en bout de descriptions de batailles, de portraits de personnages hauts en couleur, est marqué par un constat fait par ce jeune prêtre : il est en proie à des doutes intenses sur l’attitude de l’Eglise face aux « Indigènes », faut-il les respecter, les anéantir, les assimiler ?

Très vite, Francisco entrevoit une déchirure inévitable, un divorce nécessaire : « En rejoignant le service de Ginga, en vérité je fuyais l’Eglise – mais je ne le savais pas encore à ce moment-là, ou peut-être le savais-je, mais je n’osais pas affronter mes doutes les plus profonds ».

Dans l’ombre, Arnaldur Indridason

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Dans l’ombre, février 2017, trad. islandais Éric Boury, 344 pages, 21 € . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

 

Après 12 romans ayant pour héros Erlendur Sveinsson, le plus connu en France des auteurs de romans policiers islandais, Arnaldur Indridason, se lance dans une nouvelle série, Trilogie des ombres, ayant pour cadre la période 1941-1944. C’est dans cette Islande du passé, à l’histoire mouvementée, qui vit sous l’occupation anglo-américaine, alors que l’Europe est envahie par l’Allemagne, que vont désormais se nouer de sombres intrigues.

En 1941, on découvre dans un petit appartement de Reykjavik un représentant de commerce tué d’une balle dans la tête, le front marqué du symbole nazi. Á ses côtés se trouve une valise contenant une capsule de cyanure. Un jeune policier islandais, Fovent, seul inspecteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire de Scotland-Yard à Edimbourg, accompagné d’un membre de la police militaire américaine ayant le même âge, « Islandais de l’ouest » né au Canada, donc parfaitement bilingue, Thorson, sont chargés de l’enquête. Les soupçons se portent d’abord sur les soldats américains occupant l’île ou sur quelqu’un se trouvant « dans la situation », à savoir quelqu’un fréquentant ces militaires, compte tenu de la marque de l’arme trouvée sur place ; un Colt. Puis les recherches s’orientent dans d’autres directions lorsque l’on découvre la véritable identité de la victime.

La position du pion, Rafael Reig

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 16 Mars 2017. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne

La position du pion, traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse février 2017, 286 pages, 20 € . Ecrivain(s): Rafael Reig Edition: Métailié

 

Dans les environs de Madrid, à El Tomillar, un groupe d’amis, composé de couples, attend leur ancien leader Luis Lamana, surnommé Le Gros. Il est de retour des Etats-Unis. Tous, à des degrés divers, appréhendent sa venue car ils sont ex-militants communistes et craignent des révélations sur eux-mêmes ou sur d’autres proches. Leurs parcours, leurs origines, sont des échantillons de l’histoire de l’Espagne contemporaine : Pablo Poveda, romancier, auteur de La Plénitude du mauve, et d’Intermittences, qui lui valu un succès remarquable ; Alicia, son épouse, assimilée à une cariatide, en raison de sa grande taille qui surplombe ses interlocuteurs ; Ricardo Ariza est architecte et cultive un raffinement de bon aloi ; Carlota Casarès est photographe ; Alejandro Urrutia, navigateur ; et Lola Salazar, épouse de ce dernier. Enfin, Johnny, de son vrai prénom Julian, est le fils d’Isabel Azcoaga, mais doute fortement de l’identité de son père, et recherche ses véritables origines.