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Les Livres

Che Guevara, Alain Foix

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 10 Juillet 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Folio (Gallimard), Histoire

Che Guevara, mai 2015, 368 pages, 9 € . Ecrivain(s): Alain Foix Edition: Folio (Gallimard)

 

Il est toujours malaisé d’évoquer la vie de l’une des nombreuses icônes du XXe siècle. Che Guevara, de son nom complet Ernesto Guevara de la Serna, en est une. Ses portraits figurent parmi les plus célèbres du monde et ce personnage a largement contribué à populariser la légende des guérilleros sud-américains. Dans le cours de sa vie, brève mais riche et remplie d’événements nombreux, des composantes semblent avoir joué un rôle décisif et influencé le cours de sa vie : son voyage en Amérique latine effectué avec son ami Alberto Granados en 1952. Ils découvrent sur une vieille motocyclette usagée la misère de ce continent, ses injustices, les terribles problèmes de santé auxquels le Che, médecin de formation, est très sensible. C’est une révélation, la mise en évidence de l’existence d’une injustice concrète, donnée, dont Ernesto avait pris connaissance, mais d’une manière théorique. C’est un voyage initiatique, mais aussi une réponse à ce qui va occuper sa vie entière : l’établissement d’une justice sociale, d’une espèce d’impératif catégorique révolutionnaire, qui va l’inciter à l’exemplarité, mais aussi parfois à la dureté et à l’exercice d’une impitoyable répression, notamment lorsqu’il doit fusiller, en plein maquis, des traîtres ou des révolutionnaires trop tièdes, ou les faire fusiller par ses compagnons d’armes pour que tout le monde ait les mains sales…

Belgrade, Angelica Liddell

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 10 Juillet 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

Belgrade, chante, ma langue, le mystère du corps glorieux, trad. de l’espagnol Christilla Vasserot, éditions Théâtrales Maison Antoine Vitez, 2010, 103 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Angélica Liddell

 

« Traversée de douleur »

Liddell écrit en 2008 Belgrade, soit deux ans après les évènements qui constituent le tout début de la pièce : l’hommage rendu par ses partisans serbes, à Slobodan Milosevic, mort en prison aux Pays-Bas alors que son procès devant la cour pénale internationale de la Haye n’était pas terminé. Liddell ne parle pas d’elle ici, n’est pas ici son personnage comme dans d’autres textes, mais elle est celle qui, en 13 scènes, fait entendre les voix de la douleur des peuples des Balkans, durant ce que l’on nomma la guerre dans l’ex-Yougoslavie, mais ces voix sont du côté des assassins désignés, les Serbes et des bonnes consciences étrangères, observatrices du conflit. La guerre, sa violence abominable (les viols, les massacres) est matière de théâtre, comme le dit l’espagnol Baltasar, représentant des humanitaires européens (p.36) :

Ce pays est un immense théâtre

Le sang est comme un rideau de théâtre

Si une nuit d’hiver un voyageur, Italo Calvino

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 09 Juillet 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard), Italie

Si une nuit d’hiver un voyageur, avril 2015, trad. de l’italien par Martin Rueff, 400 pages, 8 € . Ecrivain(s): Italo Calvino Edition: Folio (Gallimard)

 

Paru en italien en 1979, Se una Notte d’Inverno un Viaggiatore a été traduit sous le titre Si par une Nuit d’Hiver un Voyageur en 1981 aux éditions du Seuil. Cette traduction n’est plus disponible couramment aujourd’hui, et voici qu’une nouvelle, sous le titre Si une Nuit d’Hiver un Voyageur, paraît aux éditions Gallimard, dans la collection Folio. Dès le titre, on voit le parti pris par Martin Rueff, le nouveau traducteur : là où Danièle Sallenave et François Wahl tendaient à rendre la littérarité du titre, lui, il en rend la littéralité. Même si l’on n’est pas italophone, on sent la nuance.

Dans la nouvelle traduction, ce qui est sensible à la comparaison avec le texte italien, c’est un double mouvement : d’une part coller au texte originel ; d’autre part s’éloigner de la première traduction. Exemple avec la première phrase du deuxième chapitre : « Il romanzo comincia in una stazione ferroviaria, sbuffa una locomotiva, uno sfiatare di stantuffo copre l’apertura del capitolo, una nuvola di fumo nasconde parte del primo capoverso ». Dans la version Sallenave/Wahl, ça donne ceci : « Le roman commence dans une gare de chemin de fer, une locomotive souffle, un sifflement de piston couvre l’ouverture du chapitre, un nuage de fumée cache en partie le premier alinéa ».

Ici et Maintenant, Ann Brashares

Ecrit par Laetitia Steinbach , le Jeudi, 09 Juillet 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Ici et Maintenant, traduit de l’américain par Vanessa Rubio-Barreau, mai 2015, 279 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Ann Brashares Edition: Gallimard Jeunesse

 

Le 23 avril 2010 Prenna naît dans l’État de New-York. Elle a 13 ans, les cheveux noirs et longs, les yeux gris et doux, l’allure élancée et musclée. Elle vient au monde sous le regard sidéré d’Ethan, nue et déboussolée, tatouée d’un étrange numéro, émergeant d’un halo vibrant de lumière, telle une moderne Vénus de Botticelli, avant de se fondre dans les bois avoisinants.

Le 23 avril 2014, Prenna a 17 ans et fête l’anniversaire de son voyage temporel, en compagnie d’un millier de membres de sa communauté :

« Chaque année nous commémorons l’extraordinaire voyage qui nous a amenés ici il y a quatre ans, nous permettant d’échapper à la peur, la faim, la maladie, pour découvrir ce paradis tout sucre, tout miel. Le 23 avril est donc notre Thanksgiving à nous, sans la dinde, ni la tourte à la citrouille. C’est également, quelle coïncidence, le jour où Shakespeare est né. Et mort ».

Dieu est rouge, Liao Yiwu

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 08 Juillet 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Histoire

Dieu est rouge, Books Edition Les Moutons Noirs, février 2015, traduit du chinois par Hervé Denès et Li Ru, 462 pages, 24 € . Ecrivain(s): Liao Yiwu

Un pavé ! Un pavé dans la grande mare de Chine. Liao Yiwu nous livre ici le fruit d’un long travail, difficile aussi, celui de réunir autant de témoignages que possible de cette « histoire vraie de la survie et de l’essor du Christianisme en Chine, de Mao à Xi Ping ». Il a parcouru la Chine pour rencontrer des hommes, des femmes, souvent très âgés, mais d’autres plus jeunes aussi, qui répondent à ses questions dans des entretiens rapportés ici, et entrecoupés de « préludes », qui permettent d’en comprendre les contextes. Beaucoup de noms vont défiler, on s’y perd, des lieux aussi, où morts et vivants se côtoient dans un effort de mémoire, qu’on ne lira probablement pas de la même façon, si l’on est croyant ou pas, mais toujours est-il qu’à travers cette quête assez singulière, Liao Yiwu, en toute humilité, et dans un style qui lui est propre, simple et profond, nous livre un pan très peu connu, car aujourd’hui encore tabou, de l’Histoire contemporaine chinoise, dans toute sa violence, avec ses drames et privations quasi ininterrompus. Avoir des témoignages directs, de personne à personne, des histoires individuelles aux destins souvent incroyables, est un trésor inestimable, car aujourd’hui encore il est extrêmement périlleux de fouiller dans ce récent passé et révéler des vérités. L’Histoire non officielle, non autorisée par le régime. L’auteur – qui a connu lui-même l’incarcération pour ses opinions – a dû souvent prendre de grandes précautions pour recueillir toutes ces confidences.