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Place Colette, Nathalie Rheims

Ecrit par Stéphane Bret 23.11.15 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Léo Scheer

Place Colette, Août 2015, 311 p. 20 €

Ecrivain(s): Nathalie Rheims Edition: Léo Scheer

Place Colette, Nathalie Rheims

 

La narratrice de Place Colette est une très jeune fille, d’extraction bourgeoise, qui s’ennuie ferme dans son foyer familial, d’où ses parents, volages et conformistes tout à la fois, sont souvent absents … Les vacances passées en Corse chaque année la contraignent à subir le rituel familial : les anecdotes cent fois répétées, la malveillance de la voisine de la résidence, la présence de personnages issus du milieu littéraire, parmi lesquels Michel Mohrt, Paul Morand, Félicien Marceau. Le père de la narratrice est en effet candidat à l’Académie française et exerce pour préparer au mieux sa candidature un peu de lobbying …

Pourtant, ce qui va sauver cette très jeune fille, qui a longtemps été immobilisée et hospitalisée par suite d’une erreur de diagnostic, c’est la littérature, la connaissance des classiques dont elle a tout loisir de s’imprégner durant ses loisirs forcés. A l’issue de trois années, un professeur découvre sa véritable maladie. Il l’opère, elle guérit. De nouveau en pleine possession de ses moyens physiques, la narratrice n’a de cesse de revoir à Paris un homme nommé Pierre, beaucoup plus âgé qu’elle. Il est Sociétaire de cette vénérable institution et joue régulièrement salle Richelieu, Place Colette, siège de la Comédie-Française.

Elle l’a aperçu dans un théâtre d’Ajaccio, au cours de ses vacances en Corse. Avec l’aide de sa camarade, Isabelle, elle fait le mur, va le voir à la Comédie-Française en cachette de ses parents, tombe amoureuse de cet homme. Elle tente de le contacter timidement, de lui parler, de se présenter, mais les premiers contacts se limitent à des fellations intimes suivies par un renvoi amical : « Rentre chez toi, petite fille. »

Pourtant, la poursuite de cet idéal amoureux n’est pas chimérique, elle n’est pas non plus scabreuse car la narratrice (la romancière ?) a le mérite immense de bien mettre en évidence le parallélisme des deux désirs : celui éprouvé pour cet  homme, et celui de l’amour du théâtre, qui se révèle chez elle une véritable passion .Elle constate ainsi une symétrie entre la situation de Phèdre et la sienne : « Plus j'écoutais le texte, plus nos situations se croisaient, s’inversaient, devenaient symétriques. Phèdre se sentait coupable d’avoir été foudroyée d’amour par le jeune fils de son mari. Pierre était aussi un fruit défendu. Ma passion était la plus forte ; pour lui, j’aurais tout envoyé promener sans réfléchir une seconde. »

Dans la logique de cette emprise de la passion pour le théâtre, la narratrice prend des cours, d’abord chez Abricot, surnom charmant donné à sa professeure de théâtre qui l'initie aux techniques de respiration, à interpréter avec la justesse de ton dans la déclamation .Puis elle entre dans le cours d'un autre professeur, un  certain Jean Perimony, sorte de Jouvet à son échelle, exigeant, brutal, mais sachant reconnaître le talent .La narratrice est reçue ultérieurement par Jorge Lavelli, Jean Le Poulain avec propositions à l’appui qu’elle accepte .Sa carrière est lancée, elle est reconnue par ses parents, enfin attentifs à ses performances, et par Pierre …

Place Colette est un beau roman d’initiation, non pas à une aventure sexuelle graveleuse mais à l’illustration des possibilités de réalisation simultanée d’espérances de natures diverses, ce qui est tout différent. Il séduira en cela les lecteurs.

 

Stéphane Bret

 


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A propos de l'écrivain

Nathalie Rheims

 

Fille de l'académicien Maurice Rheims, Nathalie Rheims rêve d'abord de devenir actrice. A 17 ans, elle entre au Conservatoire de la rue Blanche, et joue jusqu'en 1983 au théâtre et dans des téléfilms. L'année suivante on la retrouve dans le magazine Elle où elle mène de grands entretiens. En 1986, elle devient productrice de télévision : 'Haute curiosité' sur TV6, présenté par Maurice Rheims, avant de créer une société de communication avec son époux. C'est en 1999 qu'elle saute le pas et devient romancière. Son premier livre L'un pour l'autre (1999) confirme sa vocation puisqu'il obtient le prix du Gai Savoir. Les romans qui suivent, Lettre d'une amoureuse morteLes Fleurs du silence et L'Ange de la dernière heure, reçoivent un bel accueil du public. S'en suivent plusieurs romans publiés aux éditions Léo Scheer, L'ombre des autres, Journal intimeClaude ou Le Fantôme du Fauteuil, inspiré du Fauteuil hanté de Gaston Leroux. En 2012, elle publie Laisser les cendres s'envoler, roman autobiographique dans lequel elle revient sur l'abandon de sa mère.

 

A propos du rédacteur

Stéphane Bret

 

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63 ans, réside actuellement à Boulogne-Billancourt, et s’intéresse de longue date à beaucoup  de domaines de la vie culturelle, dont bien sûr la littérature.

Auteurs favoris : Virginia Woolf, Thomas Mann, Joseph Conrad, William Faulkner, Aragon, Drieu La Rochelle, et bien d’autres impossibles à mentionner intégralement.

Centres d’intérêt : Littérature, cinéma, théâtre, expositions (peintures, photographies), voyages.

Orientations : la réhabilitation du rôle du savoir comme vecteur d’émancipation, de la culture vraiment générale pour l’exercice du libre arbitre, la perpétuation de l’esprit critique comme source de liberté authentique."

 

REFERENCES EDITORIALES :

Quatre livres publiés :

POUR DES MILLIONS DE VOIX -EDITIONS MON PETIT EDITEUR 
LE VIADUC DE LA VIOLENCE -EDITIONS EDILIVRE A PARIS
AMERE MATURITE -EDITIONS DEDICACES 
L'EMBELLIE - EDITIONS EDILIVRE A PARIS