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Les Livres

L'air de rin, Bruno Fern

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 03 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Editions Louise Bottu

L’Air de rin, février 2015, préface de Jean-Pierre Verheggen, 58 pages, 7 € . Ecrivain(s): Bruno Fern Edition: Editions Louise Bottu

 

« Aboli bibelot d’inanité sonore », Mallarmé

« Ferai un vers de pur néant », Guillaume d’Aquitaine

L’air de rin est né de deux vers, l’un pour 132 variations et l’autre en offrant 66, pour de courts aphorismes, des vers chantants, surprenants et plaisants, des vers inspirés, des variations chaotiques et réjouissantes, et le tout en musique, les deux vers n’en manquent pas, et Bruno Fern se les approprie pour les faire chanter à son tour.

« Le temps – Aplanit les lolos, racornit les pectors ».

« Pragmatique – A poli son topo, formaté tout confort ».

« Angélique – Fouirai l’éther en voletant ».

« Comédien – Feindrai de faire tout en faisant ».

Traversières, dialogue avec Leïla Sebbar, Dominique Le Boucher

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 03 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Traversières, dialogue avec Leïla Sebbar, Dominique Le Boucher, éditions Marsa, janvier 2015, 258 pages, 15 €

 

Traversières, livre paru en 2015 aux éditions Marsa, est un dialogue de Dominique Le Boucher avec Leïla Sebbar. Au milieu du volume, on trouve cette affirmation forte faite par Dominique Le Boucher s’appuyant sur le roman de Leïla Sebbar, Marguerite (Folies d’encre, Eden, 2002) : « Il faut toujours quelqu’un pour raconter sinon rien n’existerait. L’histoire existe quand elle passe de l’un à l’autre dans un souffle de mots ». C’est ce que cherche à atteindre l’échange entre ces deux écrivains dans cet ouvrage.

Ces deux femmes ont certes des points communs mais n’ont pas la même trajectoire. C’est ce qui fait toute la richesse de ce face à face. La première est née en France, dans une cité de la banlieue parisienne, elle est de quinze ans la cadette de la seconde qui est née et a vécu toute son enfance en Algérie. La première vient d’un milieu ouvrier, l’autre d’un milieu lettré. Ce qui les relie et qui a fondé l’amitié de ces deux femmes, l’une d’origine africaine, l’autre d’origine métissée, ce sont leurs interrogations et leurs explorations de terrains d’investigation proches, malgré l’écart d’une génération qui aurait pu les séparer. Ce qui prouve que leur propos sont toujours d’actualité.

Michel Foucault, Œuvres I et II en la Pléiade

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 02 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Michel Foucault, Œuvres octobre 2015. 2 tomes : 65 € chacun. . Ecrivain(s): Michel Foucault Edition: La Pléiade Gallimard

 

Michel Foucault en la Pléiade, on peut d’abord se demander ce qu’il en aurait pensé lui-même. Le penseur rétif aux honneurs, encore plus à la béatification, aurait peut-être eu quelques réserves. Pour nous, ses lecteurs (et auditeurs) de toujours, c’est une reconnaissance qui vient à point, l’année où il aurait eu 90 ans si la mort imbécile ne l’avait pas fauché trop tôt, en plein travail sur sa grande histoire de la sexualité. Ironie morbide de la Grande Faucheuse.

Philosophe ? Historien ? Sociologue ? Ecrivain ? Qui était Michel Foucault ? Tout cela sûrement, rien de cela, sûrement aussi. Foucault a inventé une niche unique dans l’histoire de la pensée française, qui inclut toutes les disciplines traditionnelles et les dépasse. Son dernier enseignement au Collège de France avait pour intitulé « Histoire des systèmes de pensée ». On s’approcherait plus alors de l’épistémologie.

La jeune fille et Gainsbourg, Constance Meyer

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 02 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

La jeune fille et Gainsbourg, Archipoche, janvier 2016, 165 p. 6,80 € . Ecrivain(s): Constance Meyer

C’est l’histoire (vraie) d’une jeune fille qui, « la tête remplie de rêves » en 1985, eut l’audace de laisser une longue lettre sous la porte de l’hôtel particulier du 5 rue de Verneuil. Serge Gainsbourg fut alors immédiatement séduit par l’authenticité et la puissance de ses mots, de ces « petits riens » qui embellissent la vie, même les plus exceptionnelles, y compris celle d’un albatros aux ailes de géant. C’est ce petit bout de jeune fille qui lui inspira le mot « constance » dans ses chansons à partir de 1986. « Constant dans l’inconstance, tu ne sais pas où tu vas », lui susurre Charlotte dans la chanson Plus doux avec moi. La vie est souvent à la croisée d’heureux hasards. Encore faut-il savoir saisir ces instants. Constance sut tout de suite que Serge était une âme amie : « Je me sens déphasée avec un je-ne-sais-quoi de proximité. Cet inconnu m’est bizarrement très familier ».

Constance Meyer a attendu 25 ans avant d’oser raconter son histoire extraordinaire avec cet être hors norme qu’était Serge Gainsbourg. Suite à la parution de ce témoignage en 2010, elle a pu rencontrer et échanger avec des proches de l’icône française, ses biographes, le patron du Galant Verre ainsi que son ancien voisin Jean-Jacques Debout (auteur compositeur marié avec Chantal Goya) qui a très bien connu Serge mais qui ignorait que la mystérieuse « étudiante » était en fait sa gentille voisine, Constance.

Principes d’une pensée critique, Didier Eribon

Ecrit par Christophe Gueppe , le Mercredi, 01 Juin 2016. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Fayard

Principes d’une pensée critique, mai 2016, 222 pages, 18 € . Ecrivain(s): Didier Eribon Edition: Fayard

 

Dans cet ouvrage, Didier Eribon nous offre une prise de recul sur son œuvre, à l’état actuel, un peu à l’image de Michel Foucault avec L’archéologie du savoir. Il nous propose une présentation de sa méthode, selon la définition qu’en donne Marcel Granet : « La méthode, c’est le chemin après qu’on l’a parcouru », formule qu’aimait à citer Georges Dumézil, et que D. Eribon reprend ici à son compte. Car il faut dire que cette formule est particulièrement appropriée à son œuvre, et à son parcours. En effet, les principes d’une pensée critique telle qu’il l’envisage sont au nombre de deux : le premier principe est déterministe, en ce sens que les existences individuelles et collectives ne peuvent se comprendre que par la force des déterminismes historiques et sociaux qui les constituent, le second est le principe d’immanence, ce qui signifie que nulle pensée ne peut prétendre échapper à la transformation sociale, c’est-à-dire à l’action politique. Elle est un produit de l’histoire, produite dans et par l’histoire. Dire cela, c’est se détourner d’une pensée qui se prétendrait intemporelle, et issue d’une nécessité naturelle. Or, c’est ce principe d’immanence qui donne son originalité à toute son œuvre.