Il y a entre Claude Ber et René Char une affinité profonde. En ce sens, ce qu’écrit Jean Starobinski de Char vaut aussi pour Ber, – et il convient, bien sûr, de retirer au terme « violence » tout le péjoratif imaginable (qui ne se trouve nullement, du reste, dans la bouche de Starobinski) : « L’on voit d’ordinaire en Char un poète de l’énergie violente […]. Mais on omet trop souvent d’ajouter que c’est là ce qui l’habilite à être un poète de l’amour. Violence et tendresse, loin d’être exclusives l’une de l’autre, doivent s’allier pour répondre à l’inconnu, quand celui-ci vient à nous sous l’aspect miraculeux de la chance et de la faveur. La chance s’annonce dans des personnes, dans des vivants, dans des visages : ce n’est plus un horizon neutre, c’est un être offert dans sa singularité charnelle ». « Le poème est toujours marié à quelqu’un » écrit en effet Char dans « Partage formel » (in Fureur et mystère).
Cela, on le ressent, fortement, à la lecture du dernier livre de Claude Ber : Épître langue louve. Poème pluriel de l’énergie folle, où le corps existe follement par la langue, par le travail effectué sur la langue, c’est également – et d’abord – un poème d’amour.