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Les Livres

Le Retour d’Arsène Lupin ; Le Noël d’Arsène Lupin ; Frédéric Lenormand (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 19 Mai 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Masque (Lattès)

Le Retour d’Arsène Lupin ; Le Noël d’Arsène Lupin ; Frédéric Lenormand, novembre 2019, 272 et 256 pages, 8,50 € Edition: Le Masque (Lattès)

Le personnage du gentleman cambrioleur a toujours eu beaucoup de succès en France où l’on peut trouver de nombreux lupiniens, lupinologues et autres lupinophiles. Pourtant Maurice Leblanc, l’inventeur du héros fantastique, publié en ses débuts dans le mensuel Je sais tout, a toujours souffert d’être relégué à la place de Conan Doyle français et de ne pas être reconnu par ses confrères à celle qu’il prétendait d’écrivain « à part entière » tels les Flaubert, Maupassant, Daudet, Renard.

L’œuvre de Maurice Leblanc est tombée dans le domaine public en janvier 2012 laissant la possibilité à de nouveaux auteurs de reprendre le fameux personnage de Lupin. C’est ainsi qu’est né sous la plume de Frédérique Lenormand ce Retour d’Arsène Lupin. À noter, pour les lupinophiles qu’un Retour d’Arsène Lupin, sous la forme d’une pièce de théâtre d’une cinquantaine de pages a été écrite par Leblanc lui-même et Francis de Croisset en 1920 et qu’elle fût publiée dans les numéros 177 et 178 de Je sais tout. Qu’a été porté au cinéma en 1938 par George Fitzmaurice, avec Melvyn Douglas en Lupin, un film, et que la télévision avec Jacques Nahum derrière la caméra en a tourné un autre en 1989, François Dunoyer jouant le rôle du gentleman cambrioleur.

J’ai rendez-vous avec toi, Mon père de l’intérieur, Lorraine Fouchet (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 19 Mai 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

J’ai rendez-vous avec toi, Mon père de l’intérieur, Lorraine Fouchet, Héloïse d’Ormesson, mars 2014, 272 pages, 19 €

 

L’ouvrage porte comme titre premier J’ai rendez-vous avec toi. Si Lorraine Fouchet a choisi comme sous-titre à son récit : Mon père de l’intérieur, c’est en effet à un rendez-vous post-mortem auquel l’auteur nous invite. Ce père célèbre, qui lui a faussé compagnie lorsqu’elle avait dix-sept ans, pour partir définitivement dans un pays où elle ne peut plus le rejoindre, elle va entreprendre un sacré périple pour s’offrir et offrir au lecteur une autre face, plus intime, plus secrète, plus cachée.

« T’écrire me fissure, mais bizarrement ça me répare. Je pivote sur mes axes en retombant sur mes pieds, façon Rubik’s Cube… J’ai commencé ton livre bleu, c’est très troublant, j’entends à nouveau ta voix comme si tu lisais tout haut par-dessus mon épaule ».

« Mon histoire/ c’est l’histoire d’un amour/ Ma complainte/ C’est la plainte de deux cœurs/ Un roman comme tant d’autres/ Qui pourrait être le vôtre… ».

La Bête, son corps de forêt, Perrine Le Querrec (par Jean-Paul Gavard-Perret))

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 18 Mai 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

La Bête, son corps de forêt, Editions Les Inaperçus, juin 2020, 48 pages, 7 € . Ecrivain(s): Perrine Le Querrec

 

 

Les mots de Perrine Le Querrec lorsqu’ils parlent des femmes sont souvent chargés d’ombre. Solidaire de celles qui furent des victimes à diverses époques (femmes tondues à la libération par exemple), elle écrit dans la faille du temps comme dans les espaces d’enfermements en renversant les données de l’asile – il est fait chez elle non pour protéger le dehors de leur dedans, mais leur dedans du dehors.

Pour autant, dans un second volet de son travail, l’auteure quitte les moments de désolation et de dégradation pour oser une écriture de l’éros. Les corps sont là sans fard. Et si Beckett a écrit « Il faut dire des mots », Perrine Le Querrec ramène à la surface de la page non les vestiges mais les vertiges d’un corps qui écrit, et tout tremble.

La Garde de Nuit (Réparer les soignants), Laurent Thinès (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 18 Mai 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La Garde de Nuit (Réparer les soignants), Laurent Thinès, Z4 Editions, avril 2020, 85 pages, 14 €

 

La Garde de Nuit du neurochirurgien-poète Laurent Thinès déroule, dans une construction narrative aussi structurée et fonctionnelle que celle d’un château fort, le récit épique d’un monde hospitalier où les soignants dévident « leurs fuseaux de vie sur les métiers à retisser celle des autres ». Les traits descriptifs empruntés à la littérature médiévale et la construction orchestrée du récit (Prologue, 5 Actes, Épilogue mettant en scène topoï, action et personnages) font non seulement écho à des éléments et un traitement de la réalité analogues déjà rencontrés au fil des siècles (cf. la peste noire au 14e siècle, avec le recours à l’interprétation mythologique, l’oracle des interrogations convoqué quand l’Histoire ouvre une période dramatique comme celle de la propagation d’une épidémie…), mais aussi portent l’enjeu éthique : vital engagé dans une telle situation tragique et traumatisante : combattre jusqu’au sacerdoce, jusqu’au sacrifice, pour sauver des vies, ou baisser quelques peu les armes au profit d’une course à la rentabilité ?

Dans les veines ce fleuve d’argent, Dario Franceschini (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 15 Mai 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard, Italie

Dans les veines ce fleuve d’argent, Dario Franceschini, Gallimard, Folio, 2008, trad. italien Chantal Moiroud, 160 pages, 5,70 € Edition: Gallimard

 

Paru en Italie en 2006, ce premier roman de l’écrivain, né à Ferrare en 1958, rend hommage à une région, à un fleuve, le Pô, à ses pêcheurs d’esturgeon, et avant tout à la force de l’amitié, qui n’a que faire du temps et des longues années pour poursuivre son fil, son courant.

Initiatique, ce roman l’est à plus d’un titre ; le personnage principal, Primo Bottardi, le grand âge venu, veut répondre enfin à la question qu’un ami d’enfance lui a posée, il y a plus de quarante ans.

Coûte que coûte, il faut retrouver cet ami et l’aventure, le long du fleuve peut commencer, et les rencontres, pittoresques, réalistes existentielles vont ouvrir les portes d’une Aventure, essentielle. Longer le fleuve à la recherche de l’ami perdu, Civolani, figure d’une photo de classe, devenu lui-même pêcheur du Pô. Il a un sobriquet, Capoccia. Les villages défilent, au rythme de la charrette d’Artioli, qui connaît la région et le fleuve comme ses poches : Cantarana, village de Primo ; Lenticchia, Paletto…