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Les Livres

Ganaha, Un conte futur dans une langue passée, Florent Toniello (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 25 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Jacques Flament Editions

Ganaha, Un conte futur dans une langue passée, Florent Toniello, janvier 2020, 215 pages, 15 € Edition: Jacques Flament Editions

je pénètre les trous noirs de ma chair, suis l’ange des temps

nouveaux, prêtresse des plans astraux, bouton d’arrêt,

simulation off, moi, toute-puissante, démembrée dans l’éther

 

Ganaha, de Florent Toniello, ouvre la nouvelle collection d’anticipation aux éditions Jacques Flament, dont il va s’occuper. Ganaha, étonnant roman d’anticipation, quantique, placé sous le signe du ruban de Möbius, écologique : il y est question d’intelligence artificielle d’une part poussée au summum de sa logique dans un futur lointain et qui n’a plus vraiment l’utilité des êtres humains, ses créateurs, et d’une société post-atomique qui elle semble aux antipodes : celle des « êtres vertes », très écologique, dépouillée de toute technologie non artisanale et très axée sur les valeurs féminines d’autre part et dans laquelle la poésie tient une grande place. Une société toute organisée autour de la culture et la consommation d’une plante vertueuse, la karé, qui évoque un peu le soma de l’Inde ancienne et qu’Huxley entre autres avait repris de façon plus négative dans Le Meilleur des mondes.

De la poésie, Entretien avec Reynald André Chalard, Philippe Jaccottet (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 25 Août 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

De la poésie, Entretien avec Reynald André Chalard, Philippe Jaccottet, éditions Arléa, juin 2020, 94 pages, 8 €

Le poète empathique

Comment rédiger quelques propos au sujet de l’entretien accordé par Philippe Jaccottet à Reynald André Chalard, sans trahir la pensée du poète sur la poésie ? J’ai très vite songé à cette question en y répondant en moi-même. J’ai pensé que pour un poète comme lui, qui ne tolère pas la trahison qu’exige sa propre empathie avec le poème, soit avec ses émotions, soit avec la réalité, et sans opter pour un langage poétique de fantaisie, d’artifice, cette vision était par elle-même impossible à dénaturer.

Il est vrai que mon destin est lié lui aussi au difficile travail du poème, sachant que j’aime lire la poésie d’aujourd’hui – et celle d’hier évidemment – et que je le fais toujours avec toute ma personne, risquant de parler de moi-même sous le couvert de faire parler l’auteur. Toujours est-il que je cherche en grande partie où se joue le pouvoir secret de créer. Et puisque je parle longuement de moi (trop ?) je finirai ici en précisant que j’ai aimé l’attention que porte Philippe Jaccottet à la vérité, vérité de la vie, pour lui qui fut traducteur et critique, et donc en quête à travers les textes, de la vie et de la véracité du langage qui l’accompagne.

Sale espèce de…, Jean-Louis Mohand Paul (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 24 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Sale espèce de…, Jean-Louis Mohand Paul, éd. Ressouvenances, 2019, 124 pages, 16 €

 

De l’apostrophe à l’injure

Une mappemonde de 1888, appelée Planisphère pour l’étude des races humaines, illustre la couverture du livre de Jean-Louis Mohand Paul : « Petit lexique des injures et notions racistes des langues françaises. Sale espèce de… ». À ce sujet, la thèse de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, d’Arthur de Gobineau, développe le concept de « race » en accumulant les stéréotypes et criminalisant les populations selon leur couleur de peau. L’exégèse historique de Gobineau le place comme l’un des pères de la pensée racialiste, pour avoir développé une sorte de « matérialisme biologico-historique ». En effet, dans la hiérarchie de la société esclavagiste coloniale, les « Blancs » se trouvaient au sommet, souvent de grands propriétaires fonciers ou des commerçants aisés, ce qui confirme en un sens la théorie eugéniste de Gobineau sur les « propriétés du sang ». Rappelons qu’environ quatre millions d’esclaves ont vécu dans les territoires sous domination française.

Ce qu’on appelle aimer, Laure Samama (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 24 Août 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Ce qu’on appelle aimer, Laure Samama, Arnaud Bizalion éditeur, 2017, 64 pages, 17 €

 

En brefs chapitres – parfois réduits à quelques mots – jaillissent les amours, leurs troubles, leurs déceptions, et toujours une façon de tenir face aux amants qui jouent les don-juan et les comètes.

Laure Samama double ses textes de photographies-métaphores pour évoquer ce que les mots ne peuvent pas montrer. Le désir féminin trouve droit de citer de manière simple, juste, crue et sans emphase : « Souvent je portais des robes pour que ses mains ne rencontrent aucun obstacle. Je déplorais que les hommes n’en portent pas ». Mais à l’amour et ses fantasmes suivent des désillusions dues aux petits arrangements avec le réel de l’amant qui, à l’éternité (certes provisoire), préfère un passage qui, à force, lui pèse comme s’il obligeait…

C’est vieux comme le monde : surtout lorsque la relation est adultérine. L’homme est beau, expert mais une épouse l’attend. Au sein de la luxure et de la volupté il y a donc des « défilés », des déchirures, des explications et justifications plus ou moins douteuses.

Sélection du Prix littéraire de la vocation, 2020, Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la vocation @FdtVocation (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Dimanche, 23 Août 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Tout va me manquer, Juliette Adam, Fayard, juin 2020, 270 pages, 18 €

Qu’est-ce que l’amour à vingt ou vingt-cinq ans ? Telle pourrait être la problématique de ce roman de jeunesse.

Etienne est séduit et tombe amoureux. Chloé le repousse puis s’attache à lui, avec des hauts et des bas. Voilà, en gros, pour l’intrigue. A la plénitude de l’amour : « Plus besoin de regretter une destinée gâchée puisque son idéal était là, à ses côtés, à se trémousser en robe cache-cœur, à balancer sa tête de gauche à droite, agitant ses bras au-dessus de sa tête, Chloé était là, elle était sa solution », succède la désillusion : « Etienne rentra chez lui à toute vitesse, voulant agrandir la distance entre eux, se tenir loin d’elle, de cette fille, cette psychopathe qui le suivait dès le début ».