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Les Livres

Le Pas de la Demi-Lune, David Bosc (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 24 Août 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Verdier

Le Pas de la Demi-Lune, août 2022, 192 pages, 17 € . Ecrivain(s): David Bosc Edition: Verdier

 

« Alentour, ce sont surtout des garrigues, la densité nue, lente, d’un tapis de garrigue où l’herbe haute à peine plus qu’un doigt, quand elle tremble au vent, pince le cœur ».

« Nos années heureuses dans une ville heureuse n’ont pas fait pâlir les heures ni les lumières de l’enfance, elles leur ont au contraire donné un éclat plus vif ».

Voici peut-être le roman le plus profondément original, peut-être le plus romanesque, le plus troublant, le plus éclairant, le plus saisissant, de cette rentrée littéraire. Cela tient à la richesse de son imaginaire, à sa forme, son style, à la matière qu’il travaille, qu’il polit, qu’il fait émerger, sous les frondaisons de l’enfance passée aux portes de la Méditerranée. Car nous sommes à Marseille et dans ses environs dans Le Pas de la Demi-Lune, ou plutôt à Mahashima, capitale désertée d’un Royaume ancestral, nous sommes en Provence et au Japon et parfois en Chine, comme si ce pays que connaît bien l’auteur avait été colonisé par un Royaume guerrier, ou comme s’il se réveillait dans un temps ancien où l’Histoire ne serait qu’un improbable souvenir.

La disparition de Perek, Hervé Le Tellier (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 24 Août 2022. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Folio (Gallimard)

La disparition de Perek, Hervé Le Tellier, mai 2022, 153 pages, 6,50 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Ce livre d’Hervé Le Tellier a la particularité d’être un Poulpe. On pourrait chercher longtemps les origines du mot « Poulpe ». Imaginer qu’il a été emprunté aux Pulp magazines, type de revues très populaires dans la première moitié du XXème aux Etats-Unis et connues pour leur violence graphique et leurs dialogues incisifs. Mais, Pulp est aussi le nom du dernier roman de Charles Bukowski, publié en 1994, juste avant sa mort. Il appartient à la littérature de gare. Ne tranchons pas, contentons-nous de dire que Le Poulpe est une collection de romans policiers publiée aux éditions Baleine, inaugurée en 1995 avec La petite écuyère a cafté de Jean-Bernard Pouy, également directeur de collection originel. Bien que chacun des épisodes soit écrit par un auteur différent, on y suit les aventures d’un même personnage, Gabriel Lecouvreur, un jeune détective libertaire surnommé « Le Poulpe » à cause de ses longs bras semblables aux tentacules d’un poulpe et qui s’attendrit lorsqu’on lui tape dessus.

Vache enragée (Chokers en Survivors), Nathan Trantraal (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 24 Août 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Vache enragée (Chokers en Survivors), Nathan Trantraal, éditions Lanskine, juin 2020, trad. afrikaans, Pierre-Marie Finkelstein, 132 pages, 16 €

 

« Ce poème je l’ai écrit deux fois

parce que ma mère la première fois qu’elle l’a lu

elle m’a dit : “Tu peux pas écrire ces choses-là,

j’vais me retrouver en taule”.

C’est elle qui m’a appris

à m’débrouiller.

Pas à m’débrouiller façon gangster,

mais à m’débrouiller façon femme-seule-avec-six enfants

à m’débrouiller dans le bon sens du terme.

Les Nuages, Juan José Saer (Par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 23 Août 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, En Vitrine, Le Tripode

Les Nuages (Las Nubes, 1997), Juan José Saer, éditions Le Tripode, octobre 2020, trad. espagnol (Argentine) Philippe Bataillon, 220 pages, 19 € . Ecrivain(s): Juan José Saer Edition: Le Tripode

 

Nos bien connus Pigeon et Tomatis * ouvrent cet ouvrage – écho à une autre grande œuvre de Juan José Saer, l’enquête, dont nous avons parlé ici-même. Les deux amis, éloignés comme toujours par l’Océan Atlantique – l’un est à Paris et l’autre en Argentine – correspondent toujours et, dans une lettre, Tomatis annonce à Pigeon l’arrivée prochaine d’un envoi mystérieux, de la part de Marcelo Soldi que Pigeon avait déjà rencontré, et qui va prodigieusement l’intéresser. Et « À peu près un mois plus tard, l’envoi était arrivé ! c’était une enveloppe de taille moyenne protégée par une garniture intérieure de plastique à bulles, autocollante mais que Soldi, par précaution, avait fermée avec du ruban adhésif transparent, et qui contenait une lettre assez longue et une disquette d’ordinateur ».

Comme dans L’enquête, le roman va tourner autour d’un manuscrit ancien retrouvé qui va en fait constituer le roman entier, Soldi, l’expéditeur, allant jusqu’à en suggérer le titre en nommant le manuscrit.

Un peigne pour Rembrandt et autres fables pour l’œil, Daniel Kay (Par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 23 Août 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Gallimard

Un peigne pour Rembrandt et autres fables pour l’œil, Daniel Kay Gallimard, mai 2022, 112 pages, 12,50 €

 

Image peinte/image écrite

Le dernier recueil de poésie de Daniel Kay permet de disserter sur la relation de l’écrit et du peint. Peut-être est-ce stricto sensu une illustration du ut pictura poesis tiré de l’art poétique d’Horace, ici appliqué à la lettre si je puis dire. Et puis, à la fin de la lecture de ce recueil, j’ai trouvé à quoi correspondait le mieux cette tentative de faire de la poésie conçue comme image. J’ai pensé aux premières statues du Trocadéro à Paris, emballées par Christo. Là était le secret pour moi d’une langue qui enveloppe la chose, qui rend l’œil actif. Le poème est une espèce de pellicule qui se saisit de son objet par les voies de la clarté du rendu, du modelé. Et cela sans hésiter à aller chercher dans la philosophie ou la linguistique. Donc des tableaux écrits.