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Les Livres

L’homme qui peignait les âmes, Metin Arditi (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Lundi, 29 Août 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

L’homme qui peignait les âmes, juin 2021, 292 pages, 20 € . Ecrivain(s): Metin Arditi Edition: Grasset

 

Qui a réellement peint le Christ guerrier attribué à tort, par la tradition, à Théophraste le grec, et exposé aujourd’hui dans une église au sud de Bethléem ? Indiscutablement « un iconographe de génie » dont Metin Arditi nous raconte, en sept dates décisives, l’existence vécue entre Acre, Mar Saba et Capharnaüm.

En 1079, Avner, adolescent juif, livre au monastère orthodoxe le poisson que pêche son père. Il goûte dans ce Petit Paradis la joie de l’accueil toujours chaleureux et gourmand que lui réserve frère Thomas et découvre l’art des icônes. Seule sa cousine Myriam avec laquelle il a grandi connaît son rêve, devenir à son tour peintre. Mais il lui faudrait alors se convertir au christianisme, rompre avec ses parents qui ne lui pardonneraient pas cette trahison et surtout renoncer à épouser Myriam.

L’art vaut pourtant tous ces sacrifices. Avner va même lui sacrifier la sincérité. Ainsi, le jour de son baptême, devenu Petit Anastase il « savait qu’il trichait » car il « avait lu et relu les Textes. Il les avait étudiés, commentés. Il avait été ébloui par leur intelligence, leur finesse, leur concision. Mais il n’avait pas réussi à croire à la Révélation ».

Zone franche, Jacques Ancet (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 29 Août 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Zone franche, Jacques Ancet, éditions Tarabuste, avril 2022, 216 pages, 14 €

 

Dénuder

Ici la cendre du poème – sa combustion tardive, son altération intérieure – se manifeste par des effets graphiques, des décrochés, des blancs au milieu du vers, avec pas ou peu de ponctuation, sans aucune majuscule et parfois des occurrences en langue étrangère. Le poème va comme en une zone non atteinte, indépassable, voire hors d’atteinte. La poésie ne vaut que pour ce qu’elle a d’essentiel. Le rêve du poète est-il peut-être celui de récréer la langue entièrement, sans poids, toujours nouvelle, profonde et ductile ? Tel est là le projet de ce recueil, à mon sens. J’y distingue la cendre de la cendre (comme le signifie Jacques Derrida).

J’ai dressé dans mes notes une petite liste d’épithètes qui pourraient correspondre à mon impression première de lecteur : effacer, retirer, ôter, enlever et enfin, dénuder. Cette prosodie, où la quantité de vide se calcule grâce à la quantité de tentatives pour créer un langage personnel, se réduit à des cercles de vocabulaire stricts, voire pauvres.

Petit Maître, Natsumé Sôseki (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 25 Août 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Points, En Vitrine, Japon

Petit Maître, Natsumé Sôseki, Points, février 2022, trad. japonais, René de Ceccatty, 288 pages, 8,60 € . Ecrivain(s): Natsume Sôseki Edition: Points

 

Ce roman a paru en 1906. Le romancier Sôseki avait alors 39 ans. « Botchan » est le titre original.

Un jeune professeur quitte Tokyo et sa vieille servante et amie Kiyo pour un collège de province, dans une ville reculée. Il y donnera des cours de maths, au milieu d’un corps professoral haut en couleurs, où les inimitiés et les jalousies font la part belle : on y trouve de vieux professeurs comme Koga, un censeur, Tricot rouge, des collègues plus sympathiques comme Porc-épic et des imbuvables comme Cabot ou le Blaireau, directeur de l’établissement.

La province, c’est aussi des logeurs et logeuses qui vivent en louant des gourbis à ceux qui viennent de la capitale.

La province est un monde, tout à fait étranger au nouvel arrivant qui y voit des usages inconnus de lui.

Les élèves sont difficiles, toujours prêts à faire des mauvais coups, toujours prêts à chahuter le nouveau professeur ou à faire le chambard le soir dans les dortoirs.

Miffy au parc ; Miffy à la mer ; Dick Bruna (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 25 Août 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

Miffy au parc ; Miffy à la mer ; Dick Bruna, La Martinière Jeunesse, juin 2022, trad. néerlandais, Elsa Whyte, juin 2022, 6,50 € chaque album Edition: La Martinière Jeunesse

 

À l’échelle des enfants


Miffy au parc

Hendrik Magdalenus Bruna, dit Dick Bruna, est un dessinateur néerlandais, né en 1927 à Utrecht et mort en 2017 dans la même ville, créateur du personnage Miffy le lapin blanc. Miffy (en néerlandais, Nijntje : lapin) est une petite lapine de fiction. La série s’est vendue à plus de 85 millions d’exemplaires, traduite dans plus de cinquante langues. Les personnages de Dick Bruna se retrouvent sur de nombreux produits dérivés à destination des bébés et des jeunes enfants – jouets, peluches –, et ont fait l’objet de deux séries télévisées. Son travail est fortement influencé par Picasso, Léger, Matisse et Braque.

Les Prénoms épicènes (2018, 154 pages), Pétronille (2014, 168 pages), Amélie Nothomb (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 25 Août 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les Prénoms épicènes (2018, 154 pages), Pétronille (2014, 168 pages), Amélie Nothomb, Albin Michel

 

Deux titres en perspective pour une expérience de lecture. Durée moyenne, deux jours. Commencez par Les Prénoms épicènes. Premier jour. Lisez en position allongée comme Amélie aime le faire. Ne plus avoir à porter le corps pour ne porter que le livre (il va de soi que nous parlons ici du format livre, papier, couverture, composition, impression française, Albin Michel imprime en France). Éclairage, musique ou champagne, à votre discrétion.

Il s’agit, ni de comparer, ni de confronter mais de créer un contraste, une lumière particulière entre deux surfaces. Une expérience, une narration. Deux œuvres pour les discerner autrement en modifiant le contexte. Acmé du décalage que chérit Amélie.

Une façon donc bien particulière de raconter l’horrible de façon anodine. Amélie adore distordre la réalité et les morales humaines. Elle énonce les faits avec la plus pure simplicité, ingénue et candide. Elle est glaçante. Aussi glaciale que la température requise pour le champagne. Boire vite de peur que le breuvage ne s’échauffe. Il en va de même de ses livres.