A réserver aux amateurs. Avec La veuve enceinte, Martin Amis fait du Martin Amis. Il y a là tout ce pour quoi ceux qui l’aiment, l’aiment. Mais aussi tout ce qui peut aussi les exaspérer. Alors, quant aux autres, qui ne connaissent pas l’auteur ou veulent le découvrir… Mais qu’importent les autres !
Martin Amis pousse cependant cette fois-ci le bouchon un (petit) peu trop loin et tombe ainsi (presque) dans une caricature de lui-même. Pour le meilleur, mais pas seulement. La veuve enceinte tire un peu trop à la ligne, frise parfois la complaisance. Les dialogues abondent et auraient gagné à être raccourcis, tout comme le livre, globalement. Mais pour les fans, il y a toujours cette verve satiriste, cet humour dévastateur qui fait mouche. Des situations décalées, des phrases percutantes, et une lucidité superbement cruelle.
Le personnage principal s’appelle Keith Nearing.
Keith… voilà un prénom qui fait jubiler tout admirateur qui se respecte de l’écrivain anglais. Un prénom qui ne peut qu’évoquer cet autre Keith, ce sublime salopard joueur de fléchettes de Keith Talent, le héros de London Fields, l’un des plus grands (si ce n’est le plus grand ?) roman amisien, l’un des monuments de la littérature contemporaine.