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Les Livres

Trahisons, suivi de Hot-House, Un pour la route, Harold Pinter

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 13 Mars 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Gallimard, Théâtre

Trahisons, suivi de Hot-House, Un pour la route, et autres pièces, adaptation française d’Éric Kahane, 277 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Harold Pinter Edition: Gallimard

 

Dans ce recueil de pièces, l’on retiendra surtout Une sorte d’Alaska (A Kind of Alaska). Cette courte pièce fait partie de la trilogie Other Places (avec Victoria Station et One for the Road) créée au National Theatre de Londres (en 1982) et reprise en 1985 au Duchess Theatre. Ce n’est que deux ans plus tard que la trilogie sera créée en français, et ce au Festival d’Avignon de 1987, par la Comédie-Française.

Pour l’écriture d’Une sorte d’Alaska, Pinter s’est inspiré de Awakenings (Éveils) du docteur Oliver Sacks, ouvrage publié à Londres en 1973. Ce qui a percuté la toile de son attention au point que les remous prononcés sur le tissu soient suffisamment durables pour qu’ils donnent son impulsion et son cours à une pièce, c’est tout ce qui concerne les effets sur l’organisme de l’encephalitis lethargica, variété rare d’encéphalite virale communément désignée sous le nom de « maladie du sommeil européenne » (même si Pinter semble également s’être inspiré de ce mal qui caressa de son manteau d’ombre et de froid la littérature de la fin du dix-neuvième siècle, à savoir la catalepsie).

Le garçon du Rwanda, Bernard Dan

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 12 Mars 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le garçon du Rwanda, Editions de l’Aube, Collection Regards croisés, janvier 2014, 256 p. 17,20 € . Ecrivain(s): Bernard Dan

 

Regards croisés


Depuis toujours Esther Lyon a un problème qui lui ronge l’existence : elle ne peut pas dormir. Son insomnie la pousse à côtoyer le monde médical et, d’errance en errance à la quête d’un diagnostic, elle rencontre des traumatisés de guerre telle la petite fille venue de Bosnie. Cette rencontre l’a profondément marquée mais c’est surtout le face à face fortuit entre Esther et un petit garçon qu’elle nomme d’emblée Sanembe qui va bouleverser son existence.

Des années plus tard, devenue adulte et brisée par la vie, Esther revoit Sanembe qui s’appelle en réalité Camille. Tous deux vont tenter de survivre en puisant chez l’autre la force nécessaire pour continuer à avancer. En effet, si Esther a une personnalité morcelée, Camille, lui, cache un mal plus grand : celui du génocide rwandais dont il semble être témoin. Chacun va aider l’autre à surmonter sa terreur de vivre. Esther, atteinte d’un mal incurable sent la vie lui échapper lentement. Cependant, elle s’apaise en écoutant les histoires de son ami :

Mustang, Frédéric Doré

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 11 Mars 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Table Ronde

Mustang, janvier 2014, 160 pages, 16 € . Ecrivain(s): Frédéric Doré Edition: La Table Ronde

 

L’histoire racontée dans ce roman est finalement très simple et banale. A New York, Manhattan, dans une petite entreprise, un « bureau d’études », une start-up à l’américaine, s’agitent, ici comme ailleurs, quelques hommes, informaticiens et chercheurs, qui préparent les futurs voyages pour tous dans l’espace. La recherche de financements et la communication sur des projets un peu aléatoires sont les principales occupations. Mais les dizaines d’heures passées devant les écrans des ordinateurs ne peuvent pleinement remplir une journée, ni une vie. Alors bien sûr il y a les à-côtés, les rencontres, les amitiés, les liaisons, l’amour, qui vont faire ou défaire le quotidien, l’avenir.

Dans ce roman on croise un petit nombre de personnages. Le narrateur, qui, après une thèse à Paris, est embauché par la start-up, qui va décrire ce petit monde et l’ambiance dans laquelle elle évolue. Sterling, le patron angoissé, qui tente de protéger sa petite troupe des turbulences de la crise, qui a besoin d’un panneau de basket dans son bureau pour calmer ses nerfs. Balandier, l’autre boss, plus taciturne, celui qui donne les orientations, qui valide les projets, qui a la confiance de l’équipe.

Emily L., Marguerite Duras

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 10 Mars 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Les éditions de Minuit

Emily L., (première publication : 1987), collection Double, 153 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Marguerite Duras Edition: Les éditions de Minuit

 

Vous me demandez :

– Pourquoi écrire cette histoire ?

– Je n’ai rien à écrire, autrement. Je crois que c’est notre histoire qui m’empêche d’écrire autre chose. Mais c’est faux. Notre histoire, elle ne sera nulle part, elle ne sera jamais tout à fait écrite.

 

M.D., tu écris, tu viens avec ton souffle et tes mots le fragmentent, et le font être ce silence parlé qui fait le lien sonore entre nous et le vent (c’est le « devenir du vent », tu le dis autre part), tu écris, les histoires viennent de toi, ou plutôt elles viennent avec toi. Tu écris, les mots te fragmentent. Mais tu n’y peux rien. C’est la seule possibilité, écrire. Tu aimerais pouvoir ne pas le faire, écrire. Mais tu ne peux pas. Tu écris.

Petits textes poétiques, Robert Walser

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 08 Mars 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Poésie, Gallimard

Petits textes poétiques, traduit de l’allemand par Nicole Taubes, 2005, 176 pages, 15 € . Ecrivain(s): Robert Walser Edition: Gallimard

 

Kleine Dichtungen, datant de 1914, est du très petit nombre des recueils que Robert Walser a composés lui-même. S’il tenait autant à cet ensemble comme ensemble, c’est sans doute parce que s’y lisent ses préoccupations. Les pensées les plus intimes contenues dans une seule pensée. Celle reliant la vie et la mort.

Et que tentent de reconstituer, par leur babil, les promenades qui tissent, entre le ciel et la terre, meuble, une tapisserie nous recevant en elle, putréfiable tapisserie d’air et de vent.

Robert Walser croit, comme un enfant – comme l’enfant fantasmatique qui est l’archétype de l’innocence –, à la bonté des êtres et des choses. Il croit comme croit l’enfant recroquevillé en chaque adulte qu’un cours est possible, venant du corps, qui permettrait à la main de se tendre, sans que ce soit pour frapper, ou prendre, ou brusquer, ou pousser. « Quand tu te promènes, tu crois te promener dans l’air, c’est comme si tu devenais une part du souffle bleu régnant au-dessus de tout. Ensuite, la pluie revient, et toute chose matérielle est alors si mouillée, si humide, avec partout un doux éclat luisant. Les gens d’ici sentent la douceur et l’amour qu’il y a dans la nature, qu’il y a partout dans le monde vivant. Ils se tiennent agréablement alentour, et dans leurs mouvements, on sent que ce sont des gens libres » (Au frère).