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Les Livres

Que ton règne vienne, Xavier de Moulins

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 04 Mars 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jean-Claude Lattès

Que ton règne vienne, février 2014, 220 pages, 18 € . Ecrivain(s): Xavier de Moulins Edition: Jean-Claude Lattès

 

 

Saint-Exupéry disait qu’un livre est achevé quand il n’y a plus rien à retirer. Xavier de Moulins a parfaitement réussi cet exercice et nous propose un roman sobre sans être dépouillé. Ses phrases courtes donnent le rythme qui convient à l’histoire qu’il nous raconte et dans laquelle il nous entraîne. Il y a de très belles pages comme la 155. C’est l’histoire de gens ordinaires, sans pathos, sans fioritures inutiles, sans surcharge. Ce qui leur arrive pourrait nous arriver et pourtant on n’a pas envie de lâcher, on s’y attache. L’alternance des chapitres datés font passer du présent, date de la reconstruction de Paul, à son passé et aux évènements qui l’ont conduit à sa dégringolade. Jusqu’à la page 150 on attend, on espère un basculement, une tragédie, enfin un de ces rebondissements qui relance. Il viendra. On le pressent, puis on se dit que non, puis finalement, que si, c’était bien ça. La construction est donc réussie.

Pucelles à vendre, Londres 1885, William Thomas Stead

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 04 Mars 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Récits, Alma Editeur

Pucelles à vendre, Londres 1885, 294 pages, octobre 2013, 22 € . Ecrivain(s): William Thomas Stead Edition: Alma Editeur

 

Pucelles à vendre est un livre singulier. Le titre tout d’abord, un titre accrocheur qui laisserait supposer que le texte est consacré à des scènes plus ou moins érotiques pour des lecteurs en mal de sensations ou en déficit amoureux… Il n’en est rien et les contempteurs d’une sexualité débridée ou les adeptes de la « moraline » seront déçus. Ce livre voulait justement aller contre une immoralité qui, à Londres, fit des ravages chez les jeunes filles, ou pire, chez les adolescentes. Qu’on en juge…

Si la prostitution a toujours existé, certains ont semble-t-il affiné leurs désirs en matière sexuelle, la prostitution « classique » ne parvenant plus à les satisfaire. On se tourne donc vers les femmes les plus jeunes, autrement dit les adolescentes, qu’on exige vierges. Et c’est là tout le scandale, puisqu’à une demande il faut répondre, on allait donc fournir des vierges à ces hommes exigeants et dotés d’un réel « pouvoir d’achat ».

Cluny, D. Iognat-Prat, M. Lauwers, F. Mazel et I. Rosé

Ecrit par Vincent Robin , le Samedi, 22 Février 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Cluny. Les moines et la société au premier âge féodal, Presses Univers. de Rennes, 2013, 595 pages, 35 € . Ecrivain(s): D. Iognat-Prat, M. Lauwers, F. Mazel et I. Rosé

 

Réexamens des apparences, rectification historiographique et explorations inédites apparaîtront ici comme autant de cartes et plans déroulés pour l’offensive. Ardents, convaincus, mais surtout armés de ces croquis indicateurs, les chevaliers-défricheurs de la jachère médiévale s’en retournent aujourd’hui à l’assaut des espaces encore insuffisamment débroussaillés de l’Histoire.

Qu’advint-il après Charlemagne et Louis le Pieux ? « La nature a horreur du vide ! », suggérait bien avant eux Aristote. Mais au temps postcarolingien, celui d’une faille supposément ouverte après l’effondrement du grand centralisme étatique, qu’est-ce qui présida véritablement aux agencements de la société de l’occident européen ? Inspiré par cet interrogatif état des lieux dans son Essor de l’Europe (1932), Louis Halphen observait au siècle dernier avec un sens aigu : « Si la féodalité n’avait été qu’un principe générateur de désordres, elle n’eût mené, de toute évidence, qu’à des ruines nouvelles ! ».

Deux garçons, Philippe Mezescaze

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 21 Février 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Mercure de France

Deux garçons, février 2014, 128 pages, 13,80 € . Ecrivain(s): Philippe Mezescaze Edition: Mercure de France

 

Philippe, pour fuir la folie de sa mère, arrive à La Rochelle et s’installe chez sa grand-mère. Il a 17 ans. Il doit obtenir son bac, mais ce qu’il désire plus fort que tout, c’est devenir acteur. Il s’inscrit alors à la maison de la culture et intègre la troupe de la Croco. Pour ses cours, il choisit de jouer la scène 14 de l’acte II de Caligula. Il interprètera le rôle du personnage éponyme. Scipion, ce sera un jeune comédien qui vient de rejoindre le groupe. Il s’appelle Hervé. Il va avoir 14 ans.

Un jour, ils présentent leur travail, mais ce qu’ils montrent « excède les leçons de théâtre » : « quand nous avons terminé, les spectateurs restent silencieux, interdits, jusqu’à ce que Marie-Claire esquisse un geste agacé et libérateur qui rompt la tension ». Comme le notera, dans Mes parents (1986), Hervé Guibert devenu écrivain, « Un amour véritable s’est conspiré et s’est amplifié dans la scène dont nous ne pouvons plus redire les mots ».

L’été des lucioles, Gilles Paris

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 21 Février 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Héloïse D'Ormesson

L’été des lucioles, janvier 2014, 220 p. 17 € . Ecrivain(s): Gilles Paris Edition: Héloïse D'Ormesson

 

Voilà encore un livre où c’est l’enfant qui dit « je ». Ah ! Une petite « Guerre des boutons » bis ? un livre carrément gnian-gnian, sucré – faussement dégoulinant de choses sacrées de l’enfance ? Cela semble si facile d’écrire-enfant ; un jeu de môme… et au bout, souvent, n’intéresser personne, ni gamin, ni adulte…

Sauf quand on est Gilles Paris. Lui, il connaît parfaitement (ses livres, les prix qui vont avec, sont là pour le dire) ce code, cette musique-là ; pas une seule fausse note dans sa partition ! Au point qu’on a parfois des doutes : serait-il, ce Gilles Paris, un magicien, qui a les tours qu’il faut dans sa besace étrange ? Ou, mieux, serait-il lui-même encore un enfant ? malgré les apparences – sérieuses, de l’éditeur, de l’auteur. A-t-il gardé des secrets de savoirs, d’écriture, de langage, pour – quasi parfaitement – nous embarquer chez les 10/14, aussi sûrement qu’Alice (il doit bien, du reste, la connaître un peu) traverse le miroir.