Identification

La Une Livres

Knulp, Hermann Hesse

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 17 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Langue allemande, Roman, Le Livre de Poche

Knulp, Hermann Hesse, traduit de l’allemand par Hervé du Cheyron de Beaumont, Calmann-Lévy, 1972, Le Livre de poche . Ecrivain(s): Hermann Hesse Edition: Le Livre de Poche

 

« La route s’enfonçait, toute droite, dans le bleu tendre du ciel, où le monde semblait prendre fin ». Knulp est un vagabond. Il n’a « aucune disposition pour le travail ». Il mène une existence de chômeur qui le voue à l’illégalité et au mépris. Toléré par les gendarmes qui respectent « sa supériorité intellectuelle, et à l’occasion, le sérieux », Knulp erre de par le monde. « On le laissait aller » ainsi qu’un chat qui partage la maison et la vie de ses maîtres. Chaque soir avant de s’endormir il tire « quelques feuillets de sa bibliothèque de route » qui se compose de « poésies et de maximes qu’il avait recopiées et d’une liasse de coupures de journaux ». Le sud de l’Allemagne est le territoire d’attache de ce nomade (si l’on peut dire…) Il y revient toujours. « Amour de la terre natale » ? ou « inquiétude singulière » de mourir éloigné de cette terre ?

Le roman commence alors que Knulp sort de l’hôpital et revient dans le village de son enfance. Il est malade et fatigué. Comme épuisé par des années d’errance. Mais on se presse pour l’accueillir.

Les greniers de Babel, Jean-Marie Blas de Roblès

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 17 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Récits, Invenit

Les greniers de Babel, Invenit, collection Ekphrasis, 70 p.12 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Blas de Roblès Edition: Invenit

Qui préside aux destinées qui se croisent dans cette Tour, dans cette représentation de la Tour par Bruegel dans laquelle Jean-Marie Blas de Roblès pénètre, apparemment sans effraction ? Quelle instance suprême préside à sa construction ? Est-elle même bien en construction ou en destruction, ruine de ce qu’elle a été, dont les ouvriers tels des Sisyphes sont condamnés à monter les pierres, puis à mourir sur elles, épuisés par la lourdeur de leur tâche ? Au dernier étage, encore inconçu, on meurt d’épuisement. Ce cimetière débouche sur des greniers à ciel ouvert, sorte de paradis après les ténèbres, la famine et l’incommunicabilité régnant aux étages inférieurs. Plus on monte, moins vastes sont les étages, plus la vie et la nourriture se raréfient. De loin en loin, une secousse plus ou moins violente abat une partie de la construction qui s’effondre debout, de l’intérieur. A quoi sert-il de noter sur les parois de la Tour, dans une obscurité trouée seule par la lueur des torches, des inscriptions pour la plupart dans des langues indéchiffrables ? Si ce n’est pour se prouver à soi-même qu’on est bien passé par là ? Qu’on a laissé une trace, sa trace, même si elle ne fait ni signe, ni sens. Cette Tour, symbole moins du temps qui passe, d’une impossible communauté, que d’une perpétuelle tentative d’évasion, que symbole de la réversibilité du temps : « Mon chamelier m’assure que la Tour existe de toute éternité, que ses ancêtres et les ancêtres de ses ancêtres la connaissent, et qu’elle fut non point bâtie, mais exhumée au cours des siècles précédents » (p. 19).

Tom Gates, tome 2, excuses béton, Liz Pichon

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 17 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Tom Gates, excuses béton (et autres bons plan), 2012, traduit de l’anglais (GB) Natalie Zimmermann, mise en page par Anne-Cécile Ferron, 350 p. 12,50 € . Ecrivain(s): Liz Pichon Edition: Seuil Jeunesse

 

C’est qu’il était attendu ce tome 2 des aventures de Tom Gates, et c’est avec délectation que l’on se jette sur ce nouvel opus nommé Excuses béton (et autres bons plans). On y retrouve un Tom Gates fidèle à lui-même, ainsi que ses amis (Derek Fingle, Amy Porter) et ses ennemis (Marcus Meldrou, sa sœur Délia), et bien sûr ses parents et les fossiles (ses grands-parents) et Oncle Kévin, Tante Alice et les deux cousins jumeaux qui adorent, hélas, d’horribles films d’horreur, et puis le papa de Derek qui est très sympa mais avec qui il ne faut JAMAIS entamer une discussion au sujet de la musique (à moins d’avoir plusieurs journées à y consacrer), et bien d’autres personnages que nous avions déjà rencontrés dans le Tome 1, dont le professeur Fullerman et l’hyperactif Norman Watson, dont l’extrême agitation va devenir un atout de choix pour le groupe de Tom et Derek, les Clebszombies, car Norman, à la surprise de tous, va faire un excellent batteur ! Et c’est comme ça que nous assisterons au premier VRAI concert des CLEBSZOMBIES devant une foule en délire (ou presque) à la Maison de Retraite de la Verdure.

Le poète russe préfère les grands nègres, Edouard Limonov

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 14 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Russie, Récits, Flammarion

Le poète russe préfère les grands nègres, traduit du russe Emmanuelle Davidov, 2012, 329 p. 20 € . Ecrivain(s): Edouard Limonov Edition: Flammarion

 

La grande illusion…

Ce pourrait être un sous-titre pour ce roman âpre, violent, acide.

Mais c’est plutôt une immense désillusion que vit le poète russe Limonov, personnage éponyme de l’auteur.

Ecrivain contestataire dans la glorieuse Union des Républiques Socialistes Soviétiques, Limonov est « autorisé » à émigrer avec sa femme Elena aux Etats-Unis d’Amérique, la non moins glorieuse patrie des libertés, le pays porte-étendard du « Monde Libre ».

Il ne lui faut pas longtemps pour déchanter. Elena le quitte pour un homme au présent plus argenté et au futur matériellement plus confortable.

Le voilà, littéralement, anéanti :

Grand Maître, Jim Harrison

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Flammarion

Grand Maître. Trad. USA Brice Matthieussent. septembre 2012. 350 p. 21 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Jim Harrison a pris la peine d’un sous-titre en 5ème page, en forme d’avertissement : « faux roman policier ». Précaution superflue, en quelques pages on a compris. On tient entre les mains un évident faux polar, mais un encore plus évident vrai Jim Harrison ! Et comme tous les vrais Jim Harrison, c’est un grand livre.

On va faire comme Big Jimmy : expédier la pseudo intrigue policière, la pseudo enquête. Le vieux Sunderson, flic du Michigan qui part juste à la retraite, se met sur les traces de Dwight, Le Grand Maître d’une secte sulfureuse et nauséabonde, prônant le sexe (y compris la pédophilie), les plaisirs terrestres et captant le fric de ses adeptes, nombreux en ces régions des USA. Il met ses derniers élans de flic dans sa volonté de faire tomber cet ignoble personnage.

Bon. Voilà. Il faut dire tout de suite que ce « prétexte » narratif n’occupe que peu de place dans ce livre et nul ne s’en plaindra car le propos, la matière, la grandeur de ce roman sont ailleurs, dans la présence énorme et fascinante de … Jim Harrison.