L'art de Tim Burton, Leah Gallo
L’Art de Tim Burton, illustrations de Tim Burton, texte de Leah Gallo, mise en page de Holly C. Kempf, relecture de Derek Frey, Leah Gallo et Holly C. Kempf, Los Angeles (USA), Steeles Publishing Inc., 2009, 434 p.
Ecrivain(s): Leah Gallo
Le premier intérêt de cet ouvrage pour les amoureux de Tim Burton tient au fait qu’il regroupe des témoignages de personnes le connaissant très bien, alors même qu’il est réputé être très secret (cette connaissance intuitive se faisant souvent par-delà le langage), à savoir Allison Abbate, Colleen Atwood, John August, Rick Baker, Helena Bonham Carter, Felicity (Liccy) Dahl, Johnny Depp, Danny DeVito, Danny Elfman, Carlos Grangel, Ray Harryhausen, Rick Heinrichs, Martin Landau, Christopher Lee, Lindsay Macgowan, Ian MacKinnon, Shane Mahan, Alex McDowell, Victoria Price, Ken Ralston, Paul Reubens, Deep Roy, Winona Ryder et Richard Zanuck.
Ce recueil de témoignages rend ce livre précieux pour toute personne désirant mieux connaître et la personnalité du cinéaste et l’intense féérie de ses créations. Comme s’il était possible de suivre, grâce à L’Art de Tim Burton, peu à peu du regard les contours de cette féérie qui n’a pourtant pas d’autre matière réelle que notre émerveillement et notre stupeur, notre horreur parfois aussi, à mesure qu’elle se déplie sous nos yeux, faisant de notre silence intérieur une anémone. Fleurie en un instant.
Mais si ce livre est véritablement une merveille, ce n’est pas pour la contextualisation (même floue) qu’apporte chacun des témoignages. C’est parce qu’il renferme une multitude de dessins jusqu’alors inconnus. Comme le rappelle Tim Burton himself : « [l]a plupart des dessins publiés dans ce livre n’ont jamais été conçus pour être vus par quiconque : certains étaient destinés à des projets précis, d’autres simplement à moi-même ».
L’on sait que ce regroupement heureux a donné lieu à une mémorable exposition à la Cinémathèque.
Mais L’Art de Tim Burton dépasse de beaucoup l’intérêt de l’exposition, de par précisément la profusion des œuvres que ce livre (d’une très belle facture) donne à embrasser du regard. Profusion des œuvreset des techniques utilisées. Comme le résume Leah Gallo, Tim Burton « a une dizaine de carnets à dessins entamés en même temps, contenant tous des illustrations à divers stades de développement. Il utilise la peinture à l’huile, l’acrylique, l’aquarelle, des marqueurs, des crayons, des stylos, des paillettes, et tout ce qui lui semble approprié sur le moment, y compris des bretzels et des cerises au marasquin. En voyage, il emporte un calepin et dessine souvent les personnes et les lieux qui l’entourent. S’il n’a pas de papier sous la main ou a oublié son calepin, il griffonne sur des serviettes, des sous-verres, des bouts de papier, voire sur les tables et les murs ».
Et si les dessins de Burton nous touchent autant, c’est sans doute parce qu’ils donnent corps à son imaginaire, comme si la main sur le papier était un cordon ombilical animé d’un tressautement dû à l’électricité de la vie, cordon ombilical reliant la vue du cinéaste à son instinct, à cette part d’inconnaissable dans l’être qui trouve pourtant en chaque forme artistique la possibilité d’un déploiement vivant. Leah Gallo résume ainsi : « Burton possède la rare capacité de travailler intuitivement, il laisse les idées se développer dans son inconscient avant de les poser sur le papier. C’est seulement après qu’il a crayonné plusieurs fois la même chose qu’il observe ses dessins et se dit : cela doit vouloir dire quelque chose. Il peut alors leur donner une forme plus concrète, tout en veillant à équilibrer connaissance et instinct ».
Matthieu Gosztola
Tim Burton :
Réalisateur, scénariste et producteur américain né le 25 août 1958 à Burbank en Californie. Maître du fantastique fortement influencé par Edgar Allan Poe, excellent conteur et graphiste d’exception, il a notamment signé la mise en scène de Beetlejuice, Batman, Edward aux mains d’argent, Ed Wood, Sleepy Hollow, Big Fish, Charlie et la Chocolaterie, Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street, Alice au pays des merveilles, ainsi qu’en 2012, Dark Shadows et Frankenweenie.
Ses acteurs fétiches sont Johnny Depp qu’il a dirigé dans huit de ses films, et Helena Bonham Carter, sa compagne à la ville et la mère de ses deux enfants. Tim Burton a également rédigé les scénarios de L’Étrange Noël de monsieur Jack (réalisé par Henry Selick) et des Noces funèbres, deux films d’animation réalisés avec des marionnettes évoluant dans des décors réels.
Son cinéma se caractérise par un mélange d’humour et de macabre et par des histoires mettant en scène des personnages marginaux ou des êtres hors-normes, confrontés à la méchanceté du monde réel.
On y décèle également une grande influence du cinéma fantastique, du cinéma expressionniste allemand ainsi que des films de la Hammer Productions. Il fait partie des cinéastes qui parviennent à concilier succès critique et commercial. Il a été décoré de l’insigne de chevalier et d’officier de l’ordre national des Arts et des Lettres par Frédéric Mitterrand en mars 2010. Il a été le président du jury du Festival de Cannes en mai 2010.
Il a été le sujet de plusieurs biographies illustrées, notamment Tim Burton d’Antoine de Baecque (2006) et Burton par Burton de Mark Salisbury (1999).
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