Identification

La Une Livres

Dis-moi de vivre (Bid Me to Live), Hilda Doolittle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 14 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Récits, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Dis-moi de vivre (Bid Me to Live), Hilda Doolittle, éd. des femmes-Antoinette Fouque, janvier 2024, trad. anglais (États-Unis) Claire Malroux, 228 pages, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Dislocation

IV

Hilda Doolittle (H.D.) emprunte pour le titre du 4ème tome de son cycle autobiographique et féministe, écrit en 1947 : Portrait d’aujourd’hui – après Dis-moi de vivre, Le Don, Hermione – les premiers mots des vers du célèbre poète anglais Robert Herrick (1591-1674, vicaire dans le comté de Devon) : « Dis-moi de vivre, et je vivrai / pour être ton Champion : / Ou dis-moi d’aimer, et je me ferai / Pour toi un cœur aimant… ». Ce nouvel ouvrage campe la génération « de moins ou d’à peine plus de trente ans [qui plongeait] encore des racines dans un passé lointain ». Cette génération ayant survécu à deux guerres mondiales, intellectuels, suffragettes et artistes, élevés entre deux siècles, entre des courants artistiques divers, de l’art nouveau, du symbolisme, de l’orientalisme au dadaïsme et au cubisme, jusqu’à l’expressionnisme abstrait.

Stupeur, Zeruya Shalev (par Mona) 1ère partie

Ecrit par Mona , le Mercredi, 13 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard, Israël

Stupeur, Zeruya Shalev, Gallimard, juin 2023, trad. hébreu, Laurence Sendrowicz, 364 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Zeruya Shalev Edition: Gallimard

 

Stupeur, le titre du dernier roman de l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev, publié quelques mois avant les attaques du 7 octobre, résonne involontairement avec l’actualité tragique. Son sixième livre traduit en français, l’un de ses plus denses, fruit d’un travail de six années, met en scène deux femmes de deux générations différentes, à l’idéologie et au caractère opposés, victimes de non-dits familiaux. Dans un précédent roman, Douleur, inspiré d’un attentat-suicide dont elle avait été victime à Jérusalem, l’auteure traitait déjà d’un passé douloureux venant hanter les protagonistes.

Atara, jeune femme moderne et sans tabous, se trouve frappée de stupeur quand sur son lit de mort, son père, Menahem dit Mano, l’appelle d’un prénom inconnu, Rachel, et lui fait une déclaration d’amour inspirée du Cantique des Cantiques.

Philippe Sollers entre les lignes, Pascal Louvrier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 13 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Le Passeur

Philippe Sollers entre les lignes, Pascal Louvrier, Le Passeur Éditeur, février 2024, 260 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pascal Louvrier Edition: Le Passeur

 

« On est à la Closerie des Lilas, dans cette partie tranquille de la brasserie qu’on appelle « Le Daumier ». Sollers y a sa petite table réservée en permanence. Endroit un peu sombre. Pas d’oreilles indiscrètes. À l’écart de l’agitation stérile. Deux bloody mary chacun. Ses traditionnels œufs- mayonnaise. Eau minérale. Pas de vin. La tête fraîche, les idées nettes. Pour pouvoir écrire deux ou trois pages durant l’après-midi ».

« L’existence se présente sous la forme de petits romans métaphysiques, où chaque instant compte. Jean a bien vu ce qu’il a vu, le tombeau est vide (Philippe Sollers, Graal, Gallimard, 2022).

Cet essai de Pascal Louvrier possède deux vies, la première en 1996 (Editions du Rocher), la seconde aujourd’hui (Le Passeur Éditeur), entre-temps, Philippe Sollers n’a cessé d’écrire des petits romans métaphysiques avant de se retirer dans son île, loin des propos et des regards malveillants, et si proche du « carré des aviateurs Anglais » du cimetière d’Ars-en-Ré.

Inventaire du vide comme neige et fleurs non répertoriées, Dominique Sampiero (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 13 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Inventaire du vide comme neige et fleurs non répertoriées, Dominique Sampiero, éditions de Corlevour, 2023, 144 pages, 18 €

 

Le poète « nordiste », né en 1954, dans ce livre copieux, tutoie l’inconnu, élargit « l’immense tente », et « mes yeux touchent le sommeil ».

Structuré en trois parties (dont les titres jouent de l’espace et du corps), le livre révèle nombre d’apprentissages sinon de victoires sur le vide, le rien, le non-être, l’identité trompeuse.

La langue, le plus souvent en morceaux de prose, est prise sur l’attente, le silence, la surface du monde ; la mort, certes, est à l’avant-poste : que de trous à combler, que d’enterrements de mots et de morts.

Dans « l’inventaire » à établir, la présence de ce qui peut se perdre, s’oublier, être négligé, est prégnante :

Professeur Unrat (L’Ange bleu), Heinrich Mann (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 12 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Roman, Grasset, En Vitrine, Cette semaine

Professeur Unrat (L’Ange bleu), Heinrich Mann, Grasset, Coll. Les Cahiers Rouges, trad. allemand, Charles Wolff, trad. revue, corrigée, Olivier Mannoni, 283 pages, 9,60 € Edition: Grasset

 

Quarante ans après avoir pris place dans la Collection Les Cahiers Rouges de chez Grasset, le roman d’Heinrich Mann, paru initialement en 1905 (oui !) sous le titre Professor Unrat oder Das Ende eines Tyrannen, qu’on peut (qu’on doit) (re)découvrir en cette version sortie en novembre 2023 dans la même collection, n’a rien perdu de sa puissance expressionniste.

Les portraits du professeur Unrat, de ses trois étudiants, et de la chanteuse Lola Frölich sont toujours de ceux qui restent indécrochables dans la galerie mémorielle du lecteur parmi ceux des personnages littéraires qu’il a fréquentés.

« Comme son nom était Raat, tout l’établissement l’appelait Unrat, ‘le fumier’. Rien de plus simple ni de plus naturel ».