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La Haine de la culture, Pourquoi les démocraties ont besoin de citoyens cultivés, Konrad Paul Liessmann (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 29 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

La Haine de la culture, Pourquoi les démocraties ont besoin de citoyens cultivés, Konrad Paul Liessmann, éd. Armand-Colin, septembre 2020, trad. allemand, Suzanne Kruse, Hervé Soulaire, 222 pages, 20,90 €

 

 

Dans l’original allemand (publié à Vienne en 2017 et traduit avec une célérité exemplaire), le recueil de Konrad Paul Liessmann s’intitule Bildung als Provokation. Si le second substantif (un vocable français habillé à l’allemande) ne présente pas de difficultés de traduction, il n’en va pas de même pour le mot Bildung, qui recouvre plusieurs concepts : l’éducation dans ce qu’elle peut avoir de plus général ou la formation dans ce qu’elle a de plus utilitaire, mais également la culture ou l’expérience des hommes et des choses acquise au long des années (comme dans le « roman d’apprentissage », Bildungsroman, dont les modèles viennent du monde germanique). On comprend que ce mot aux acceptions fort étendues regroupe tout ce qui est de l’ordre de l’acquis culturel, par opposition à l’inné génétique.

Retour au royaume, Françoise Lefevre (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 26 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Jacques Flament Editions

Retour au royaume, Françoise Lefevre, février 2021, 160 pages, 15 € Edition: Jacques Flament Editions

 

Le dernier livre de Françoise Lefèvre en hommage à Pauvert et à l’écriture. Celui qui a enjoint Françoise à écrire, en 1972, celui qui la publia à cinq reprises, est au centre du livre, lui qui, quelque temps avant son grand départ, prit connaissance de sept des feuillets qui constituent Retour au royaume. « L’enchantement, c’est peut-être ce qui reste quand on a tout perdu… » (p.58).

« La joie retrouvée… Mais aussi le droit de dériver en toute conscience dans les méandres d’une rivière sans nom, maîtrisant ma barque pour l’amener là, où je veux, et non pas là, où ils voudraient » (pp.119-120). De Pauvert à Jacques Flament, de 1974 (année de parution du premier livre, La Première habitude) à 2021 (année de parution de Retour au royaume), Françoise aura livré dix-sept autres livres. Les lecteurs retiendront peut-être davantage Le Petit prince cannibale, en 1990, ou encore Un Album de silence, en 2008.

La Messe allemande, François Eulry (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 26 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Le Cherche-Midi

La Messe allemande, François Eulry, mars 2021, 268 pages, 19 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Voilà un roman bien curieux, atypique, et complètement hors des clous d’un monde, le nôtre, peu habité par des préoccupations d’ordre spirituel ou théologique. Nous sommes en 1940, dans un camp de prisonniers, un Offizier-Lager selon la terminologie allemande, un camp réservé aux officiers et sous-officiers. Joseph, un officier français, se trouve amené à dire la messe à ses compatriotes qui ne sont pas tous, tant s’en faut, des croyants convaincus. Joseph a pris la décision de remplacer Paul, un curé breton incapable d’exercer son sacerdoce en raison d’une grave maladie. Ses compagnons de captivité comprennent également Henri, un instituteur, et Abel, militaire de carrière.

Sans nous dévoiler d’emblée les véritables raisons qui ont conduit joseph à accepter cette tâche, à laquelle il n’est nullement préparé, mentalement et intellectuellement, François Eulry nous décrit un homme marqué par la peur de ne pas être à la hauteur, par le doute, par des interrogations lancinantes sur l’efficacité du secours qu’il est censé apporter à ses compagnons de captivité. Joseph trouve les voies et moyens pour porter ce message du christianisme ; il s’adapte à ce décor cruel et dramatique de la détention :

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, Thomas Morales (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Pierre Guillaume de Roux éditeur, Côté écrans

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, Thomas Morales, janvier 2021, 126 pages, 15 € Edition: Pierre Guillaume de Roux éditeur

 

« Lui qui jouait les chambellans flamboyants, n’était que timidité, colère rentrée et échappées solitaires. Sa manière de suspendre le temps, de le charger de mille reflets, de nimber la phrase d’une incertitude, il était le seul à pratiquer le funambulisme sur grand écran, entre introspection et ridicule, entre grandiloquence et détachement » (L’ami de la famille, Un moment d’égarement avec vous, Jean-Pierre).

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, est l’un des derniers livres publiés par Pierre Guillaume de Roux (1) avant sa disparition, le 11 février dernier. Un livre comme il les aimait : curieux, audacieux, drôle, piquant, un rien nostalgique d’un temps précieux où le cinématographe aimait ses comédiens, ses scénaristes et surtout ses spectateurs, un cinéma qui n’avait pas honte qu’on le qualifie de distrayant, de léger, parfois loufoque, maniant avec humour des réflexions au vitriol sur la société de son temps, toujours réjouissant et fantaisiste.

Nuit close, Philippe Leuckx (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 25 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Nuit close, Editions Bleu d’Encre, février 2021 (sizains poèmes), 30 pages, 10 € . Ecrivain(s): Philippe Leuckx

 

D’emblée, avec son titre court, Philippe concise la nuit en une sorte d’évanescence très présente à l’état brut, tel un ciseleur ou un tailleur de pierre :

« On se rempare/ comme on peut/ on taille dans le noir/ la limite du cri/ l’offrande à peine sûre/ de ses poumons blessés ».

Là où la respiration se fait prise sur la matière à vouloir restituer les choses, les rendre prenantes, l’auteur saisit « à plein sang » la tourmente à l’affût d’un cœur qu’il écoute « en recel de visages ».

Philippe a cette intention de clore la nuit pour protéger le jour malgré qu’il ne sache « presque rien/ des promesses de l’aube ».